Sharknado 2
Quand on touche au survival animalier, on découvre davantage d’étrons indigestes plutôt que de véritables pépites. Des producteurs peu scrupuleux tels que SyFy ou Asylum ont tôt fait de dénaturer le genre popularisé par les Dents de la mer pour en faire des «trucs» où l’absurde côtoie des abysses de stupidités insondables. Avec Sharknado, l’on se dit qu’on atteint le summum de la débilité profonde. Un pitch improbable servi par une mise en scène vomitive et des acteurs au rabais. Tous les ingrédients sont réunis pour en faire un nanar pas comme les autres, mais de là à engendrer une suite... Néanmoins, son succès à la télévision américaine ravive les élans mercantilistes de ses géniteurs pour reprendre les mêmes sans rien changer, enfin presque.
Tout est dans le titre.
Le seul mérite d’un tel film est de savoir à quoi s’attendre. En ce sens, la pilule passe plus facilement quand il faut se farcir une intrigue bordélique au possible, et ce, malgré une simplicité désarmante. On apprend que le sharknado n’est pas un phénomène isolé, mais rare. De fait, une tempête de sharknado s’abat sur New York. Logique. Imparable. Les scénaristes transposent l’action dans une autre ville que Los Angeles pour mieux se complaire dans un déluge ininterrompu de débilités et d’imbécilités, comme il en existe peu. C’est bien simple, on peut se dire qu’on touche le fond toutes les dix minutes, mais la suite des réjouissances vient nous contredire aussitôt
Au-delà d’une nullité de façade, l’histoire se divise en plusieurs morceaux dont la cohérence laisse perplexe. Outre des justifications à l’emporte-pièce (quand elles sont présentes), on assiste à une succession d’événements sans queue ni tête (hormis celle des requins, et encore). Au même titre que la mise en scène, le montage est abominable. Constat identique pour des effets spéciaux cheaps avec des requins mal fichus. Leur taille n’est pas du tout respectée (cf. le requin-baleine) et leurs éventuelles animations font pitié. A la limite, ils sont relégués à de simples projectiles sur nageoires qui croquent un bras par-ci, une jambe par-là. Pour les plus chanceux, c’est la tête qui y passe!
Pourvu qu'il ait raison !
Il n’y a même plus de référence au survival animalier étant donné que les prédateurs concernés sont désincarnés en un phénomène météorologique rare. Nul besoin de parler de réalisme en de telles circonstances et malgré des bulletins de météo truculents, l’aspect catastrophiste n’en est que plus risible. On court à travers les rues de New York, on s’abrite, on échappe aux requins dans les lieux les plus saugrenus (métro, cage d’escalier, toit d’immeubles...) et ainsi de suite. Pire que cela, Sharknado2 aligne des références qui n’ont aucun rapport avec l’objet sans nom concerné. De Evil Dead au Jour d’après en passant par le jeu vidéo Frogger ou la saga Airport. Trouvez l’erreur sans chercher à comprendre...
On a beau se dire que le délire est parfaitement assumé, il n’est pas pour autant drôle ou fun. Certes, l’on ne s’ennuie guère avec une progression épileptique où s’enchaîne tout et n’importe quoi. Toutefois, l’effarante débilité qui émane des dialogues ou des situations a tôt fait de taper sur les nerfs. Tout comme la distribution de seconds couteaux dont la seule présence démontre l’étendue de leur manque de talent devant la caméra. Entre un surjeu constant (et consternant) et un charisme digne d’une crevette, pas étonnant que les requins aient envie de les croquer. Toujours est-il que des proies ou des prédateurs, aucun des deux camps ne parvient à voler la vedette à l’autre, tant ils sont dénués d’intérêts.
WTF ???
Au final, il est difficile de faire pire que le premier volet, mais Sharknado 2 tient la dragée haute à son aîné. Entre le scénario, l’interprétation, la mise en scène ou le montage, tout est bon à jeter sans autres considérations qu’une profonde indifférence. Nanti de situations absurdes et d’échanges pathétiques, le film d’Anthony Ferrante ne se départit à aucun moment de sa connerie inhérente au nanar signé Asylum. Qu’importe puisque la recette aux apparences de bouillies informes et visqueuses fonctionne. Cela donne un objet cinématographiquement inqualifiable à l’aspect «fun» lassant. À découvrir uniquement pour les amateurs de nullités mal dégrossies ou les fans d’un Ian Ziering qui mouille le maillot en faisant du rodéo sur un requin dans une tornade au-dessus de New York. Ça ne s’invente pas, du moins dans un esprit normalement conçu.
Un film de Anthony C. Ferrante
Avec : Ian Ziering, Tara Reid, Vivvica A. Fox, Mark McGrath