Urban cannibals - The Ghouls
Une vaste fumisterie qui manque de tout, et surtout de talent et d'idées.
Pour tourner un film, il faut quatre choses très précises : l'envie (l'envie de faire quelque chose de bien, de fort et de narrer une histoire prenante et originale), le talent (Certains réalisateurs se font remarquer dès le premier court-métrage comme Neill Blomkamp), des acteurs (difficile d'être crédible si l'on fait jouer ses potes ou sans un rôle principal charismatique) et enfin, de l'argent. Le budget est le nerf de la guerre dans le septième art et sans argent, on ne fait pas grand-chose et on tombe dans une sorte d'amateurisme voire d'obscurantisme. Urban Cannibals ou The Ghouls en version originale n'a coûté que 9 000 dollars et cela se voit. Peut-on faire quelque chose d'intéressant avec si peu d'argent ? Le film se défend-il ?
Allez Paulette, je mets la caméra à l'épaulette !
Le scénario du film se base sur une histoire déjà existante, celle de Cannibal Holocaust. Néanmoins, ce film s'en éloigne de par sa narration et son lieu, il n'en garde que le côté sulfureux et cette recherche du sensationnel par la télévision. On va donc suivre Eric Hayes, un journaliste qui cherche par tous les moyens un scoop à faire vendre. Il écoute donc la radio des flics pour se rendre dans les lieux de crime ou de viol. Se faisant refouler à chaque fois, il erre sans but dans les quartiers pauvres de la ville, saoul. Soudain, des cris se font entendre et il est persuadé d'être tombé sur un viol. Malheureusement pour lui, il va rencontrer une bande de cannibales à la peau blanchâtre qui vit dans les égouts.
Le premier constat quand on met la galette, c'est la qualité de l'image. C'est dégueulasse et on voit très rapidement le manque de moyens. On dirait un film privé sur son voisin et cela gâche de suite l'immersion dans l'histoire et le film. Ensuite, l'histoire en elle-même est assez pauvre. On va voir la descente aux enfers d'un tocard qui espère gagner de l'argent en filmant de la merde et sans venir en aide aux gens. Alors ça veut dénoncer le côté sensationnel de la télé, la volonté des gens de toujours plus de sang ou de choses qui choquent, mais ça y va sans une once de finesse. Du coup, ça lorgne du côté du film de Deodato mais avec trop peu de moyens et surtout une mise en scène peu inventive et fatigante.
Même les acteurs n'y croient pas trop : Timothy Muskatell joue le personnage central du film, celui qui cherche à tout prix son scoop et il n'est pas très bon. Non pas qu'il soit très mauvais, mais il reste plat et sans grand intérêt ni background. À ses côtés, peu de personnages, hormis une femme brune qu'il essaye vainement de reconquérir et qui demeure de glace, ou encore un ami qui reste aussi plat que lui et un peu débile. Alors on voit peut voir aussi très furtivement James Gunn, le réalisateur des films Horribilis et Super, qui doit apparaître environ deux secondes et qui voit son nom crédité sur la jaquette du DVD. Les cannibales ne sont pas hyper crédibles non plus. Si leurs visages ont l'air émaciés et difformes, mais on ne verra cela qu'en quelques plans tressautant et c'est assez désagréable. De plus, leurs mouvements simiesques sont assez maladroits et peu enclins à susciter la peur.
Alors que nous reste-t-il dans tout ça ? L'aspect un peu gore et craspec du métrage. Quelques passages assez sales égrainent le métrage pour étancher la soif des plus demandeurs en barbaque. On y voit donc des boyaux, un mec coupé en deux ou encore un écorché vif. Sur ce dernier, hormis le visage qui est plutôt bien foutu, le reste demeure vraiment amateur et peu crédible. La fin est assez ridicule et confronte notre personnage face à la horde de cannibales. Le message est clair, il faut se retrouver en situation de danger pour comprendre que le sensationnalisme, c'est de la merde. Si on regardait un peu moins son nombril, le monde tournerait mieux et on n'aurait pas besoin de ce genre de message puéril.
Mec, t'as pas de pot, t'as plus de peau !
Au final, Urban Cannibals est une vaste fumisterie. Un vieux film de série Z, mais qui ne divertit pas et ennuie plus qu'autre chose. Bref, un film à réserver aux amateurs de bizarreries et aux films amateurs tentant de faire quelque chose avec trois francs et six sous.
Un film de Chad Ferrin
Avec : Timothy Muskatell, Tina Burchfield, Trent Haaga, Casey Powell