Triassic Attack
En général, quand on évoque les attaques animalières, on songe d’emblée à des bestioles disparues, imaginaires ou réelles. Toujours dans la majorité des cas, elles sont faites de chair et de sang. Or, Triassic Attack semble emprunter les chemins tortueux d’un nouveau concept: l’offensive de fossiles préhistoriques possédés par des esprits indiens en colère! Tout en programme en perspective qui, malgré la propension de SyFy à fournir des productions plus bêtes les unes que les autres, propose un DTV qui ne lorgne pas forcément vers son public habituel. En cause, une approche très timorée au niveau du ton donné à l’intrigue et peu d’effets gores...
L'instant bronzette, ça se passe aussi sur les lacs !
Contrairement à ce que l’on pourrait penser en voyant un tel film, l’entame n’est pas dénuée d’intérêt si l’on apprécie les petits téléfilms. Malgré quelques prétextes faciles, l’entrée en matière se veut plutôt soignée. Enfin, jusqu’au dérapage de l’indien fier de ses origines qui s’improvise shaman du dimanche. Là, on revient à quelques poncifs et clichés dont le survival animalier a le plus grand mal à se détacher. À commencer par un éventail de portraits caricaturaux (mais pas forcément détestables) qui s’évertuent à endiguer une menace rocambolesque. Le simple fait que des fossiles tentent de se nourrir relève du non-sens.
D’ailleurs, certaines séquences font la part belle à cette stupidité explicite quand le squelette d’un T-Rex essaye de gober un ado décérébré. Le résultat se veut assez cocasse dans les intentions, mais à l’écran, c’est l’aspect pathétique et fauché des effets spéciaux qui prévalent. Les animations sont rigides au possible. Le rendu des os fossilisés se veut trop lisse et trop propre pour convaincre, sans oublier des incrustations inégales; parfois correctes, parfois ignobles. Quant aux œillades qui brillent d’un rouge maléfique, elle ajoute au ridicule de la chose. Autrement dit, on ne parvient jamais à trouver un semblant d’intérêt à cette approche iconoclaste.
Une attention toute symétrique !
Et pourtant, l’ensemble se révèle très sérieux dans sa progression et sa mise en scène. Les traits d’humour tiennent à des éléments involontairement drôles, tandis que les réparties tendent à ramener l’absurde situation vers des considérations plus pragmatiques. Loin d’être mauvais, les acteurs essayent de s’impliquer tant bien que mal et n’hésitent pas à donner de leur personne, en vain. Il en ressort deux tons. L’un qui veut réellement fournir une distraction sympathique, à défaut d’être réussi. L’autre, plus flagrant et plus subjectif, qui tourne en dérision, cette chasse à l’os ambulant en exposant les protagonistes à toutes sortes d’espèces de dinosaures.
Il est vrai que sur ce point, un effort notable a été entrepris pour proposer plusieurs espèces différentes. Raptors, T-Rex, ptéranodon... Des spécimens classiques, mais qui auraient pu se solder par un seul animal préhistorique pour limiter les dégâts et les dépenses budgétaires. Toutefois, les attaques se révèlent trop gentilles et peu sanglantes pour imposer Triassic Attack comme un film pour spectateur averti. À la rigueur, il pourrait faire office d’un métrage transitoire qui, loin de concerner toute la famille, s’adresse à un public relativement large en termes d’âge et d’exigences. Il ne faut donc pas compter sur un spectacle gore et généreusement outrancier pour rattraper une histoire invraisemblable au possible.
Il y a comme un os...
Au final, Triassic Attack se révèle moins mauvais qu’escompté. De par une progression assez fluide (mais non dénuée d’incohérences), d’un casting moins catastrophique qu’à l’accoutumée et une réelle envie de fournir une production modeste, bien que fauchée, le film de Colin Ferguson est un semi-échec. Certes, il ne sort pas du carcan du survival animalier médiocre. L’intrigue n’a rien d’attrayant et le premier degré pourra en rebuter plus d’un. Cependant, quelques idées sympathiques permettent d’y trouver un divertissement moins repoussant que les habituelles ignominies SyFy ou Asylum, si tant est qu’on apprécie le genre. Prévisible et pas crédible pour trois sous, Triassic Attack se révèle néanmoins une distraction mineure.
Un film de Colin Ferguson
Avec : Steven Brand, Kirsty Mitchell, Emilia Clarke, Raoul Trujillo