Voir la fiche complète du film : The Woman (Lucky McKee - 2011)

The Woman

Un film coup de poing, thématiquement intéressant, mais qui souffre de quelques chutes de rythme...

Publié le 30 Avril 2012 par GeoffreyVoir la fiche de The Woman
8
Forêt

Il est des films comme ça où, juste après la vision, le chroniqueur n'a rien à dire. Pas parce que le film est mauvais, ni même parce qu'il l'a laissé indifférent, mais parce qu'il est tellement dense qu'il y a une foule de choses à décortiquer et que la tâche semble insurmontable.
C'est de cette manière que j'ai vécu The Woman, le nouveau "méfait" du réalisateur maudit Lucky McKee. Mais deux semaines après l'avoir vu, il est maintenant temps de m'atteler à la tâche.

The Woman c'est quoi ? The Woman raconte l'histoire d'une famille, et plus particulièrement du père, qui va tenter de civiliser une jeune femme ayant grandi coupée du monde, dans les bois. Mais si en apparence ces intentions sont louables, les véritables desseins du paternel vont rapidement faire surface...


Un sale type comme on en voit peu...

Techniquement, The Woman est une suite du Offspring d'Andrew Van den Houten. Ceci dit, il n'est pas nécessaire de l'avoir vu pour apprécier le métrage de McKee. En effet, leur unique point commun est le personnage de la femme. Pour le reste, les deux films ne jouent pas dans la même catégorie, aussi bien sur le plan thématique que formel, car là où Offspring présentait une violence "classique" avec son histoire de famille cannibale (un thème déjà vu maintes fois dans les films d'horreur), The Woman s'intéresse quant à lui à une violence de type différent : la violence gratuite chez les êtres dits civilisés.

Il n'est pas question ici de Torture-porn façon Saw ou Hostel, mais de quelque chose de plus pervers, de plus "crédible", puisque le père ne cherche au final qu'à faire de la femme son objet sexuel. Ce scénario n'est, fondamentalement, pas très novateur, mais il a le mérite d'être bien écrit et intelligemment traité. De fait, les thématiques s'avèrent riches en pistes de réflexion et culminent dans un plan final que chacun pourra interpréter à sa façon.
Je ne me lancerai pas ici dans une analyse des thèmes sociologiques développés dans The Woman (faudrait plusieurs pages !), mais sachez que si vous aimez être bousculés dans vos certitudes et voir mis à mal les valeurs de notre société, vous apprécierez ce film.


C'est beau, une famille unie par un but commun...

On reprochera tout de même au scénario quelques faiblesses, comme l'une ou l'autre chute de rythme, ou encore un rebondissement canin pas vraiment utile, mais dans l'ensemble, le script est de très bonne qualité avec une succession de scène ressemblant à des coups de boutoir dans des valeurs familiales à priori inattaquables (entre autres, la mère qui renie son taré de fils).
On notera aussi que le film fait la part belle aux femmes, car si les hommes y sont tous détestables, dominés par leurs pulsions sexuelles et perverses, les dames s'en sortent mieux au travers de leurs différentes représentantes, à l'exception de la mère, laquelle finira de la manière adéquate au regard de sa lâcheté.

En outre, le casting est excellent, rien de moins. Que ce soit le père chtarbé, l'ado aussi cinglé que son paternel, sa soeur terrorisée ou l'épouse soumise (Angela Bettis, toujours impeccable), chaque personnage est parfaitement incarné par un acteur au diapason. Mais la cerise sur le gâteau c'est bien évidemment Pollyanna McIntosh, laquelle propose une interprétation hallucinante et hallucinée de La Femme du titre. Bestiale, mais sans tomber dans l'excès, elle joue en permanence sur le fil du rasoir et évite et évite de faire basculer dans le grotesque ce rôle hyper casse-gueule. Chapeau bas, Madame.


Et dire qu'elle est si jolie au naturel...


En deux mots, The Woman est un film que l'on aimera ou que l'on détestera avec la même vigueur, mais qui ne laissera personne indifférent à cause des thématiques abordées, de l'ambiance malsaine et de la violence générale de l'ensemble. En cela, le réalisateur provocateur aura atteint son but. Jeu, set et match pour Lucky McKee.

Le DVD est disponible chez Emylia.

A propos de l'auteur : Geoffrey
Portrait de Geoffrey

Comme d'autres (notamment Max et Dante_1984), je venais régulièrement sur Horreur.net en tant que lecteur, et après avoir envoyé quelques critiques à Laurent, le webmaster, j'ai pu intégrer le staff début 2006. Depuis, mes fonctions ont peu à peu pris de l'ampleur.

Autres critiques

Bangkok Haunted
Dès que l'on me parle de film à sketches, je pense immédiatement à l'excellent Creepshow . Mais d'un autre coté, cela me fait aussi penser à 3 histoires de l'au-delà , film à sketches asiatiques qui m'avait laissé perplexe, suscitant plus mon ennui que mon adhésion. Il faut dire que les films de fantômes essayant d'instaurer une ambiance sont assez difficile à mettre en...
Revolution
Le sous-genre du post-apocalyptique se porte très bien dans le monde du cinéma et de la télévision. Qu’il s’agisse de zombies, d’extraterrestres, de catastrophes plus ou moins naturelles, de guerres, la planète bleue subit toutes sortes d’exactions pour notre simple divertissement. Le résultat ? Une pléthore de produits d’un niveau qualitatif correct (si l’on excepte SyFy et Asylum) qui promet...
Resident Evil Degeneration
Au cinéma, la saga Resident Evil est loin de faire l’unanimité. Hormis un premier opus passable et un troisième volet intéressant dans sa déclinaison post-apocalyptique, la genèse initiée par Paul W.S. Anderson a progressivement sombré. En parallèle, le spectateur a eu droit à des films d’animation coproduits par Capcom. Ce qui laisse sous-entendre une bonne maîtrise de l’...
L'attaque du requin à 6 têtes
Qui aurait pu croire que la saga Headed Shark Attack aurait continué jusqu’à fournir quatre métrages ? Quatre films plus ineptes les uns que les autres où la surenchère est de circonstances pour exploiter malencontreusement un concept d’une rare bêtise. Non, les têtes d’un requin ne repoussent pas comme ses dents. C’est une évidence qu’il serait néanmoins bon de...
Amityville : Darkforce
Depuis le second volet, la saga Amityville n’a plus grand-chose à offrir. Les suites se sont enchaînées et se sont révélées au mieux moyennes, au pire d’une infâme nullité. Le fait de voir arriver une septième itération relève donc plus de la gageure cinématographique que d’une nécessité à fournir une nouvelle pierre au mythe du 112 Ocean Avenue. La qualité déclinante, le manque...
The Woman
Réalisateur:
Durée:
7.63158
Moyenne : 7.6 (19 votes)

Devinez le film par sa tagline :

To the limit...

Thématiques