The Woman
Il est des films comme ça où, juste après la vision, le chroniqueur n'a rien à dire. Pas parce que le film est mauvais, ni même parce qu'il l'a laissé indifférent, mais parce qu'il est tellement dense qu'il y a une foule de choses à décortiquer et que la tâche semble insurmontable.
C'est de cette manière que j'ai vécu The Woman, le nouveau "méfait" du réalisateur maudit Lucky McKee. Mais deux semaines après l'avoir vu, il est maintenant temps de m'atteler à la tâche.
The Woman c'est quoi ? The Woman raconte l'histoire d'une famille, et plus particulièrement du père, qui va tenter de civiliser une jeune femme ayant grandi coupée du monde, dans les bois. Mais si en apparence ces intentions sont louables, les véritables desseins du paternel vont rapidement faire surface...
Un sale type comme on en voit peu...
Techniquement, The Woman est une suite du Offspring d'Andrew Van den Houten. Ceci dit, il n'est pas nécessaire de l'avoir vu pour apprécier le métrage de McKee. En effet, leur unique point commun est le personnage de la femme. Pour le reste, les deux films ne jouent pas dans la même catégorie, aussi bien sur le plan thématique que formel, car là où Offspring présentait une violence "classique" avec son histoire de famille cannibale (un thème déjà vu maintes fois dans les films d'horreur), The Woman s'intéresse quant à lui à une violence de type différent : la violence gratuite chez les êtres dits civilisés.
Il n'est pas question ici de Torture-porn façon Saw ou Hostel, mais de quelque chose de plus pervers, de plus "crédible", puisque le père ne cherche au final qu'à faire de la femme son objet sexuel. Ce scénario n'est, fondamentalement, pas très novateur, mais il a le mérite d'être bien écrit et intelligemment traité. De fait, les thématiques s'avèrent riches en pistes de réflexion et culminent dans un plan final que chacun pourra interpréter à sa façon.
Je ne me lancerai pas ici dans une analyse des thèmes sociologiques développés dans The Woman (faudrait plusieurs pages !), mais sachez que si vous aimez être bousculés dans vos certitudes et voir mis à mal les valeurs de notre société, vous apprécierez ce film.
C'est beau, une famille unie par un but commun...
On reprochera tout de même au scénario quelques faiblesses, comme l'une ou l'autre chute de rythme, ou encore un rebondissement canin pas vraiment utile, mais dans l'ensemble, le script est de très bonne qualité avec une succession de scène ressemblant à des coups de boutoir dans des valeurs familiales à priori inattaquables (entre autres, la mère qui renie son taré de fils).
On notera aussi que le film fait la part belle aux femmes, car si les hommes y sont tous détestables, dominés par leurs pulsions sexuelles et perverses, les dames s'en sortent mieux au travers de leurs différentes représentantes, à l'exception de la mère, laquelle finira de la manière adéquate au regard de sa lâcheté.
En outre, le casting est excellent, rien de moins. Que ce soit le père chtarbé, l'ado aussi cinglé que son paternel, sa soeur terrorisée ou l'épouse soumise (Angela Bettis, toujours impeccable), chaque personnage est parfaitement incarné par un acteur au diapason. Mais la cerise sur le gâteau c'est bien évidemment Pollyanna McIntosh, laquelle propose une interprétation hallucinante et hallucinée de La Femme du titre. Bestiale, mais sans tomber dans l'excès, elle joue en permanence sur le fil du rasoir et évite et évite de faire basculer dans le grotesque ce rôle hyper casse-gueule. Chapeau bas, Madame.
Et dire qu'elle est si jolie au naturel...
En deux mots, The Woman est un film que l'on aimera ou que l'on détestera avec la même vigueur, mais qui ne laissera personne indifférent à cause des thématiques abordées, de l'ambiance malsaine et de la violence générale de l'ensemble. En cela, le réalisateur provocateur aura atteint son but. Jeu, set et match pour Lucky McKee.
Le DVD est disponible chez Emylia.
Un film de Lucky McKee
Avec : Carlee Baker, Shana Barry, Marcia Bennett, Angela Bettis