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The Hunger Games - Critique

Ce Premier volet de la saga Hunger games associe l'agréable à l'utile. Description froide et désespérée d'une société basée sur l'ego et l'individualisme, le film de Gary Ross se veut un habile mélange de divertissement et de réflexions sur le pouvoir des images et l'avenir (en sursis) des générations futures.

Publié le 22 Novembre 2012 par Dante_1984
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Adaptations de romans ou de nouvelles Voyeurisme

Adaptation du roman éponyme qui a fait la renommée de son auteur, Hunger games est aujourd'hui porté sur pellicule. À l'instar de grandes sagas pour adolescents (Harry Potter, Twilight...), cet univers connaîtra plusieurs suites au cours des années à venir. Pour l'instant, nous sommes en présence du premier volet qui résume le premier tome de la trilogie. Avant de voir ce qu'il en retourne, deux craintes nous taraudent. Le film est-il fidèle à son modèle littéraire ? Hunger games a-t-il usurpé son succès sur l'autel de la facilité et du commercial pour contenter un public plus regardant sur la forme que sur le fond ? La réponse après une page de pub et en direct du capitole.


C'est le temps de la moisson.

Si vous êtes toujours là et que vous avez survécu aux programmes décérébrés que régurgitent votre tube cathodique ou votre écran plat, vous aurez la surprise de constater que le film de Gary Ross (Pleasantville, La légende de Seabiscuit) ne se destine pas uniquement à un jeune public en mal de sensations. Et pourtant, on était en droit de s'attendre à un énième phénomène digne des amourettes saignantes de Twilight. En cause, une histoire traitée avec sobriété et sérieux sans faire étalage de mièvreries. Ajoutons à cela un budget confortable, un certain respect vis-à-vis du livre et l'on obtient un blockbuster tout à fait regardable.

Certes, le scénario rappelle étrangement des oeuvres fondatrices et incontournables tels que Running man ou, dans le cas présent, Battle royale. De jeunes enfants (entre 12 et 18 ans) sacrifiés en guise de tribut à un gouvernement dictatorial dans un jeu de télévision qui fleure bon avec la télé-réalité. Un teen-movie qui dénonce les dérives de ces émissions poubelles (en sachant que le principal public visé sera également spectateur dudit film), voilà qui a le mérite d'interpeller. Contrairement à Battle royale qui axait son message sur la violence des images, le clivage intergénérationnel et une jeunesse en perte d'espoir et de valeurs, Hunger games se penche sur la suffisance, l'égocentrisme et un certain narcissisme (le culte du moi) que véhicule la société de consommation.


Toujours prêt à rendre service ce bon vieux Haymitch.

La portée est davantage politique en mettant en avant un état dictatorial et la place très hiérarchisée des différentes classes sociales. Cela évoque les prémices des civilisations comme l'Égypte ancienne. Les districts (pour ne pas dire les ghettos) sont enclavés dans la misère et leurs habitants sont tout bonnement les esclaves impuissants du système. Puis vient les citoyens du capitole à l'accoutrement ridicule et, tout en haut de cette structure pyramidale, l'élite composée du gouvernement, de ses sous-fifres et du président. Les habitués des dystopies n'y trouveront rien de bien surprenant, mais cette recherche est bienvenue là où l'on aurait pu constater une évidente fainéantise de la part des scénaristes.

Le déroulement de l'intrigue s'axe en deux grandes parties. D'une part, la découverte de cet univers qui possède énormément de points communs avec notre époque. Introduction des personnages, des us et coutumes. Les explications données sont succinctes, bien amenées et permettent de s'immerger rapidement au coeur de l'histoire. D'autre part, les Hunger games (la 74e édition pour être précis) où l'on suit nos gladiateurs en culottes courtes dans un environnement hostile (principalement un lieu boisé). Le rythme s'emballe, mais ne se veut pas trop nerveux. Le cinéaste préférant faire ou défaire les alliances au gré des événements.


Le show peut commencer.

À ce titre, la palette des différents intervenants se révèle quelque peu brinquebalante. Les protagonistes disposent d'une personnalité marquée qui évite de sombrer dans le cliché bas de gamme (on se rend compte que certains passages jouent quand même sur le fil du rasoir) des rivalités sentimentales. Si romance il y a, elle n'occupe qu'une place annexe au sein de l'intrigue et possède une justification assez plausible compte tenu des circonstances. Nous ne sommes pas en face d'un travail psychologique poussé, mais un effort a réellement été accompli pour ne pas nous infliger un Twilight post-apocalyptique. Les personnages secondaires sont, quant à eux, un peu trop effacés. Ils servent davantage de chair à canon pour étayer le propos principal.

En ce qui concerne la comparaison avec le livre, Hunger games lui reste fidèle en de nombreux aspects. Rédigé à la première personne, on découvrait le capitole et le district sous les yeux de Katniss qui nous faisait part de ses impressions, ses sentiments. Pour le portage à l'écran, inutile de dire que les peurs et les doutes de la jeune demoiselle sombrent dans les oubliettes. Une voix off aurait été assez maladroite. Les lecteurs sauront ce qu'elle pense à tel instant, mais pour les autres, elle risque de ressembler à une godiche sans cervelle (dixit la présentaiton des tributs lors de l'émission de César). Pour le reste, la trame est respectée et l'on a droit à quelques flash-back pas forcément évidents à mettre en image pour dépeindre rapidement le passé de Katniss. Grâce à un montage adéquat, l'ensemble défile avec fluidité.


Robin(e) des bois.

On notera également un aspect survivaliste en deuxième partie. Outre, les exécutions sommaires, les alliances, on comprend que gagner les Hunger games ne se résume pas à une épreuve de force, mais d'intelligence. Déjouer les pièges, récolter de l'eau, identifier les aliments comestibles ou non, se servir de l'environnement pour parvenir à ses fins, camouflage, embuscade... Là où l'on aurait pu craindre une certaine redondance, on découvre une variété bienvenue pour mener à terme ces jeux du cirque "moderne". Un dernier point concernant la violence. Pour les habitués du cinéma de genre (slashers et autres), rien de choquant à l'horizon. En revanche, pour ceux qui s'attendent à un film tout public, certains passages sont assez radicaux (scène de la corne d'abondance par exemple), même si la plupart du temps, on se contente d'un hors-champ providentiel, d'un cri et d'un coup de canon annonçant la mort du tribut.

Bref, Hunger games est une agréable surprise. Loin des atours commerciaux que certains veulent bien l'affubler, cette adaptation évite (parfois de justesse) les relents mielleux de romance à l'eau de rose pour se concentrer sur la description désespérée d'un monde en déliquescence (un peu comme le nôtre). Plus profond qu'il n'y paraît, il n'en demeure pas moins un divertissement qui interpellera un large public. Rythmée sans tomber dans la surenchère, posée lorsque la situation l'exige, la mise en scène se révèle à la fois soignée et soutenue par l'interprétation d'un casting convaincant (Woody Harrelson, Donald Sutherland...).

Portrait de Dante_1984

A propos de l'auteur : Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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