The Day
**Attention, cette critique contient quelques spoilers.**
Suite à une catastrophe qui a décimé la population, un groupe de cinq survivants sillonne le pays, en quête de nourriture et d'un abri. Ils restent toutefois sur leurs gardes, n'étant pas les seuls humains affamés.
Réalisateur jusqu'ici réputé pour des oeuvres mineures (un tristounet Highlander : Endgame et Animals, énième variation sur le mythe du loup-garou), Douglas Aarniokoski est à la tête de ce film qui se veut plus ambitieux, tentant d'appréhender les réactions de quelques survivants à la suite de la fin du monde.
Disposant d'un budget modeste, ce film voguant entre horreur et S-F, bénéficie toutefois d'un casting de qualité. Entre la belle Shannyn Sossamon (Chevalier), Shawn Ashmore (entrevu dans les X-Men) et Dominic Monaghan (Lost), tous deux convaincants en guerriers rongés par la peur et les remords, le métrage bénéficie d'une base solide.
La présence des deux acteurs en tant que co-producteurs démontre aussi un réel investissement de leur part dans ce projet.
Après un démarrage assez lent, la découverte de la maison abandonnée permet de faire plus ample connaissance avec l'ensemble des troupes, même si la menace extérieure est encore abstraite.
La photographie, magnifiquement travaillée par Boris Mojsovski, propose surtout des images noir et blanc qui apportent un certain caractère au film, un repère lui permettant de se démarquer des autres films du même genre.
Le piège de la cave mis en place, le film change de rythme et bascule alors dans un assaut digne d'un western, même si l'on ne peut s'empêcher de penser encore à La Nuit des Morts-Vivants, référence ultime en matière de film d'horreur.
On y découvre l'horrible vérité concernant les ennemis extérieurs : ceux-ci sont également humains, mais cannibales, d'où un duel qui va prendre des allures de lutte pour la sauvegarde de notre humanité.
La question que ne soulève guère The Day est de savoir qui des deux clans a raison. L'absence d'animaux (le scénario ne nous offrira aucune explication rationnelle concernant cette fin du monde), le besoin de répondre à une logique instinctive (manger pour survivre et se protéger au sein d'une communauté) peut rendre cohérent le mode de vie de ces barbares.
Toutefois, les scénaristes ont vite évacué ce malsain questionnement pour se consacrer à un combat final aussi épique que violent, où le sang coule à flots, sensation encore davantage mise en lumière par la photographie du métrage.
Cette fois-ci, on ose trancher avec les autres films en évitant certains clichés, la présence d'une intruse dans un groupe permettant d'offrir quelques rebondissements à une intrigue assez simpliste. On s'interrogera sur la véracité de certains meurtres (surtout celui commis par la jeune fille), mais l'important était probablement ailleurs pour The Day.
Essayant de renouveler le genre post-apocalyptique, ce long-métrage présente toutes les qualités propres aux films d'action (scènes de combat spectaculaires et sanglantes, épilogue nerveux, casting réussi).
Toutefois, si l'on cherche ici une réflexion plus globale sur l'être humain en période de crise, on ne pourra qu'être un peu déçu par un scénario qui n'ose pas aller au bout de ses idées, en délaissant l'étude psychologique d'un des deux camps (il existe pourtant encore de l'amour chez les barbares, entre le chef et ses enfants, par exemple). Ce manichéisme si cher à Hollywood, confirmé par les dernières images du métrage, reste le principal point noir de The Day, série B naviguant entre 28 Jours plus Tard et The Walking Dead, qui aurait gagné en intensité si elle avait osé davantage.
Malgré ces quelques défauts mineurs, ce métrage de Douglas Aarniokoski devrait ravir l'oeil de l'amateur de film de genre, ne serait ce que pour le soin apporté à chaque scène et la densité de l'ensemble.
Un film de Douglas Aarniokoski
Avec : Shawn Ashmore, Ashley Bell, Dominic Monaghan, Shannyn Sossamon