Terreur sur la ville
Rimini Editions continue son exploration des petite perles oubliées du cinéma d’horreur en exhumant aujourd’hui cette Terreur sur la Ville (The Town That Dreaded Sundown), un titre peu connu chez nous, mais culte outre-Atlantique où il a d’ailleurs connu les joies d’une suite/remake (très réussie) en 2014 sous la bannière Blumhouse.
Terreur sur la Ville se base sur une histoire vraie. En effet, en 1946, un tueur, surnommé "The Phantom Killer", s'en prend à plusieurs résidents de la ville. Pendant des mois, le mystérieux tueur sème la terreur dans cette paisible communauté. Puis, un jour où il devait se manifester, il ne l'a pas fait et on n'a plus jamais entendu parler de lui. Son identité est demeurée mystérieuse…
Terreur sur la Ville est un drôle d’objet puisqu’il jongle entre narration documentaire, chronique d'une petite ville en proie à la paranoïa, enquête policière et… slasher. Car oui, si l’on évoque toujours la « Saint Trinité » à l’origine du slasher (Black Christmas, Halloween, Vendredi 13), c’est oublier un peu vite la contribution de la bande de Charles B. Pierce. Par de nombreux aspects, Terreur sur la Ville s’inscrit ainsi comme l’un des précurseurs oubliés du genre puisque, tourné deux ans après le Black Christmas de Bob Clark et deux ans avant le Halloween de John Carpenter, le film présente une série de caractéristiques qui le ferait presque passer pour une espèce de « chaînon manquant » : un psychopathe masqué, des meurtres imaginatifs (le trombone reste dans toutes les mémoires !), des policiers dépassés par les événements, des victimes adolescentes qui fricotent dans leur voiture, l’utilisation de la vue subjective… Tout ceci ressemble quand même furieusement à ce qui déferlera quelques années plus tard sur tous les écrans de la planète. Et ce n’est pas Steve Miner qui dira le contraire puisque le look de Jason Voorhees dans son Vendredi 13 – Chapitre 2 : Le tueur du vendredi singe trait pour trait celui du Phantom Killer.
Pourrez-vous faire la différence ?
Loin d’être parfait, notamment à cause de plusieurs moments de comédie pouêt-pouêt qui nuisent à son atmosphère par ailleurs tout à tour bucolique et oppressante, Terreur sur la Ville parvient malgré cela à maintenir l’intérêt du spectateur grâce à un rythme soutenu et, il faut bien l’avouer, à une histoire franchement prenante qui n’est pas sans rappeler l’affaire du Tueur du Zodiaque (un fait divers brillamment mis en images par David Fincher en 2007 dans le très recommandable Zodiac).
L’aspect comédie étant surtout une affaire de goût, s'il n'y avait qu'un reproche objectif à faire à Terreur sur la Ville, hormis ses faux raccords et sa photographie pas toujours inspiée, ce serait de ne pas s'attarder suffisamment sur la paranoïa générée par cette affaire au sein de cette communauté, et de demeurer très superficiel sur l’investigation en elle-même. Bref, on en voulait plus, et ça c’est au final le beau compliment que l’on peut faire au film de Charles B. Pierce.
Comme les autres films de la collection proposée par Rimini, le film de Charles B. Pierce débarque sous la forme d’un beau Combo Blu-ray/DVD/Livret, présenté dans un digibook luxueux agrémenté d’un fourreau du plus bel effet. Le coffret contient également un livret de 20 pages signé Marc Toullec. Le Blu-ray quant à lui bénéficie d’une remasterisation HD tout à fait satisfaisante, malgré quelques inévitables signes de dégradation occasionnels. Ce même Blu-ray propose par ailleurs une poignée de suppléments à destination des amateurs qui pourront y trouver un entretien avec l’acteur Andrew Prine (10 min), lequel remémore les bons moments passés sur le tournage ; une interview du directeur de la photographie Jim Roberson (13 min), qui revient sur les conditions de tournage difficiles et sur le caractère, disons, « fort » de Ben Johnson ; et pour finir une entrevue avec l’actrice Dawn Wells (5 min).
Un film de Charles B. Pierce
Avec : Ben Johnson, Andrew Prine, Jim Citty, Jimmy Clem