Sick Nurses
Sept jeunes et séduisantes infirmières font tout pour être l'assistante favorite d'un jeune médecin coureur de jupons, qui revend des corps de la morgue pour des trafics d'organes. Un soir, une scène de jalousie vire au drame.
Depuis Ring, le film de fantôme asiatique s'est exporté avec bonheur en Europe et aux USA, donnant lieu à une nouvelle vague qui déferla avec la force d'un tsunami sur tous les continents. Derrière le Japon, d'autres pays tentent de profiter de cet élan oriental, dont la Thaïlande.
Sick Nurses donne dès le départ l'impression de vouloir explorer l'univers médical en associant un érotisme rétro avec le thème de la mort. Paradoxalement, les deux thématiques sont sous-exploitées par les deux réalisateurs.
Quelques gros plans sur la lingerie des infirmières, en tout et pour tout, sont à créditer en faveur du premier élément du film. Si vous cherchez des infirmières sensuelles au tempérament débridé, autant vous orienter directement vers une production des studios Dorcel. L'hommage à un genre phare japonais, le pinku eiga, est donc ici aussi léger que décevant.
Le côté le plus malsain du thème de la mort semble aussi survolé, à l'image d'un générique initial qui met déjà pratiquement un terme à l'aspect morbide du trafic mis en place par le médecin.
On se demande d'ailleurs pourquoi les deux cinéastes semblent si pressés d'expédier la psychologie des personnages (vraiment bâclée) pour introduire le personnage fantômatique de l'infirmière tuée réclamant vengeance sept jours après son meurtre, alors que le film aurait indéniablement gagné en profondeur en étant rallongé d'un simple quart d'heure.
La première moitié du métrage est assez ennuyeuse, avouons le. On découvre les personnalités des six infirmières, assez peu intéressantes, et n'évitant pas les clichés (des deux lesbiennes à l'infirmière anorexique en passant par l'égocentrique vénale, tout y passe), travaillant visiblement bien peu dans un hôpital pas très à cheval sur les tenues vestimentaires de ses employées.
Les décors aux couleurs criardes (peu rares dans le cinéma asiatique), font plus penser à des appartements privés qu'à des salles de pause, preuve que c'est avant tout le fantôme qui prime ici dans l'esprit des scénaristes.
Celui-ci arrive assez vite, ses longs cheveux noirs évoquant sans mal bon nombre de ses prédécesseurs (Ring, The Grudge). Néanmoins, après quelques apparitions anodines, notre revancharde vengeuse se rattrape en accumulant les crimes attractifs, tant sur un plan moral que visuel.
Ainsi, le portable intégré dans la joue d'une des lesbiennes témoigne d'une étrange union entre l'être humain et sa technologie, qui finira par l'anéantir (union dont est aussi victime le héros de Testuo). L'anorexique infirmière sera également la proie de nombreux sévice, tandis que l'accouchement final rappellera l'une des scènes phares du Gozu de Miike. Sanglantes et macabres, les mises à mort baignent aussi sous l'influense de la saga Guinea Pig, à l'instar de ce découpage très gore dans la morgue, marasme saignant dont on sortira quelque peu comateux, préparant un épilogue qui mettra en lumière quelques points singuliers du scénario.
En effet, après avoir tué sa soeur, enceinte du médecin, le fantôme retrouve ce dernier et révèle sa véritable identité.
Mis en exergue lors de quelques flashbacks, la relation ambigüe entre le médecin et son meilleur ami prend une dimension encore plus trouble lorsqu'on apprend que cet homme avait changé de sexe pour épouser son amant, qui l'avait repoussé avant de la laisser se faire tuer par ses infirmières.
Le fantôme est donc le premier trans tueur de l'histoire du Septième Art, prouvant que la Thaïlande se fait l'ambassadeur sur grand écran de ce sujet encore tabou (voir l'excellente comédie dramatique Satreelex, the Iron Ladies, inspirée d'une histoire vraie).
Film qui aurait gagné de la justesse et de l'intensité en étant plus approfondi, Sick Nurses ne sort pas réellement de la norme asiatique en matière de film fantastique, malgré quelques meurtres spectaculaires.
Un film de Piraphan Laoyont, Thodsapol Siriwiwat
Avec : Dollaros Dachapratumwan, Wichan Jarujinda, Kanya Rattapetch, Chidjan Rujiphun