Sharkansas Women's Prison Massacre
Avec Sharkansas Women’s Prison Massacre, Jim Wynorski persiste dans la bêtise crasse devenue presque inhérente au survival animalier. En marge d’incohérences en pagaille, son film se distingue par un rythme non maîtrisé, rendant l’exploration des marécages de l’Arkansas aussi pénible qu’ennuyante. L’équipe de tournage ne se sent guère investie et multiplie les frasques pour masquer avec maladresse la présence trop effacée des requins dans l’eau, comme sous la terre… Une incursion crétine et méprisable.
Lorsqu’on se penche sur l’histoire de la sharksploitation, on découvre différentes tendances qui succèdent généralement à un précédent « succès ». Les années 1980 et 1990 ont, par exemple, été minées par de pâles copies des Dents de la mer. À la fin des années 2000, l’émergence de bestioles hybrides mal fagotées a signé la perte du genre à travers des productions toutes plus immondes et stupides les unes que les autres. Quant au milieu des années 2010, la mer et l’océan semblent être passés de mode. Désormais, la plus célèbre des menaces aquatiques guette le ciel avec Sharknado, s’insinue en ville avec Roboshark ou hante la cuvette de vos WC avec Ghost Shark.
En voilà un problème épineux pour les marécages...
Tout aussi farfelus, les requins d’eau douce ont également de beaux jours devant eux, notamment avec Killer Shark ou, dans le cas présent, Sharkansas Women’s Prison Massacre. Entre un jeu de mots discutable et des velléités mercantiles évidentes, on craint le pire. Et pourtant, on aurait pu lui offrir le bénéfice du doute dans les deux premières minutes. L’irruption du premier squale préhistorique (s’ensuivront d’autres spécimens) profite d’une modélisation et d’une intégration « correctes » lorsqu’il s’insinue dans les marécages. Mais que l’on ne s’y trompe guère, le film de Jim Wynorski est un pur produit d’exploitation à la fois miséreux et improbable.
Le cadre, qui n’est pas forcément pour déplaire, est le théâtre d’une sombre roublardise scénaristique où de jeunes et pulpeuses prisonnières sont amenées à réaliser des travaux d’intérêt généraux. On devine le prétexte qui est aussi crédible que cette brochette d’actrices aux multiples arguments physiques. De travaux « harassants » à une fuite éperdue dans cet entrelacs végétal, la narration est d’une pauvreté abyssale où croupit une mise en scène calamiteuse dans tout ce qu’elle entreprend. Et cela ne tient pas uniquement à une histoire percluse d’idioties et d’incohérences en tout genre. À commencer par cette bévue qui s’apparente à une piètre tentative d’évasion.
Vraisemblablement, on a dû se tromper de film.
D’ailleurs, le scénario s’enlise dans une routine lénifiante où la progression demeure statique. Le refuge au sein des marécages autorise les protagonistes à faire du surplace, littéralement. Autrement dit, il ne se passe pas grand-chose à l’écran. Entre deux confrontations risibles et ridicules, les squales d’eau douce s’improvisent vers de terre belliqueux en nageant dans un sol meuble. Ce qui peut faire penser à Sand Sharks. Le concept en plus saugrenu, si cela relève du possible. Et ce n’est pas l’alternance de points de vue avec un duo d’enquêteurs, dont l’incompétence frôle l’imbécillité pathologique, qui inverse la donne. Les séquences s’enchaînent de manière décousue et aléatoire.
Quant aux requins, la déception est également grande. Celle-ci ne découle pas forcément d’images de synthèse fauchées ou même aux comportements des squales, aussi inconstants que les humains. Les bestioles semi-aquatiques brillent par leur absence. Tout juste doit-on se contenter d’ailerons qui s’extirpent de la fange ou de brefs sauts pour gober un ou deux contrevenants. Au-delà d’une violence factice et guère percutante, il faut s’infliger un dénouement à l’emporte-pièce qui se moque littéralement d’offrir un minimum de cadre à son épilogue. Certains intervenants sont oubliés, tandis que d’autres sont à contre-courant de leur personnalité et des évènements. Aussi incompréhensible que pénible.
Conversation philosophique au fil de l'eau !
Au final, Sharkansas Women’s Prison Massacre s’avance en eau saumâtre pour présenter un scénario putride qui ne possède aucun intérêt, ne serait-ce que du seul point de vue de la distraction. Au-delà de requins mal modélisés et cruellement absents, le film de Jim Wynorski s’avère ennuyeux à bien des égards. Les temps morts sont légion et le statisme ambiant ne parvient guère à atténuer la débilité latente qui caractérise les protagonistes. L’aspect pseudo-comique n’est pas assumé, tandis que les situations se suivent de manière incohérente et négligente. Ce dernier trait se retrouve dans l’enchaînement de réactions au mieux incompréhensibles, au pire totalement dépourvu de sens. Un survival animalier creux, agaçant et fastidieux.
Un film de Jim Wynorski
Avec : Dominique Swain, Traci Lords, Christine Nguyen, Cindy Lucas