Shark week
Un film de requins-tueur qui n’en possède que le nom. Les squales n’étant qu’un prétexte parmi tant d’autres pour justifier l’existence d’un infâme navet. De l’interprétation à la maîtrise de l’intrigue, une production où la médiocrité tiendrait de l’euphémisme. À ignorer ou à oublier, c’est selon !
Le film de requins-tueur et Asylum, c’est une éternelle histoire de désamour. Prônant le grand n’importe quoi et le mauvais goût à outrance, la société de production s’est fait un devoir de massacrer squales et autres prédateurs dans des navets tous plus ignobles les uns que les autres. Pour mettre en boîte pléthore d’immondices cinématographiques, elle a son lot de tacherons attitrés. Déjà responsable de Mega Shark Vs Crocosaurus et de L’attaque du requin à deux têtes, Christopher Ray ne se complaît pas dans la médiocrité. Il explore littéralement les tréfonds quantiques de la nullité pour s’enfoncer toujours plus profondément dans une débilité assumée et néanmoins affligeante au possible.
Le couple neurasthénique du mois !
Avec Shark Week, ce ne sont pas forcément les requins qui sont malmenés, encore que... Non, c’est plutôt le bon sens même qui est saccagé par des scénaristes manchots sans la moindre jugeote. Bien que le contexte initial aurait pu offrir un semblant d’intérêt pour renouveler une formule rongée par l’opportunisme, il n’en est rien. La sélection des candidats pour un séjour sur une île peuplée de requins pourrait rapprocher l’initiative d’une pseudo-dénonciation des dérives de la télé-réalité. Or, le mystère qui entoure ce show à l’emporte-pièce est rapidement éventé. Pire que cela, l’aspect voyeuriste qui découle d’un tel sujet n’est jamais exploité. Tout juste a-t-on droit à des inserts pour éliminer les candidats morts.
Si l’exploration de l’île est linéaire et cousue de fil blanc, elle se révèle surtout incohérente. Tout comme la gestion de l’espace dans les bassins ou les grottes, on repompe sans cesse des paysages identiques entre plages, cavernes et plans d’eau. Parfois, la mise en scène ne se donne même pas la peine de changer d’angle de vue ! Inutile de s’attarder sur les moyens employés pour que les différents intervenants s’orientent dans cette improbable course contre la bêtise. De même, certaines caméras sont a priori placées pour surveiller leurs faits et gestes. D’une part, personne ne les remarque. D’autre part, on ne se soucie guère de fournir la moindre explication sur le procédé. Qu’importe, le spectateur s’en fiche ou n’y verra que du feu!
Ceci est une attaque de requins... informe
Non satisfait d’octroyer un minimum de vraisemblance à son histoire à dormir debout, Christopher Ray se charge également de miner par le fond tous les tenants de son récit. Les pièces rapportées du casting sont rapidement envoyées au casse-croûte aquatique sans autre forme de procès. Au moment du coucher, la joyeuse équipe dort en plein jour! Quant à la succession des jours répartis sur une semaine (d’où le titre), elle n’apporte strictement rien si ce n’est un dépit supplémentaire. À raison de huit candidats, le quota d’une victime par jour n’est même pas respecté. En ce qui concerne Patrick Bergin, son rôle de vieux gâteux rivalise d’idioties avec une Yancy Butler sous acide ou anxiolytique; sûrement les deux. Une véritable déchéance.
On en oublierait presque les requins qui décident de rester discrets. Hormis le grand requin blanc, les espèces (tigre, marteau et bouledogue) jouent les trublions cavernicoles. Les attaques sont hautement prévisibles et se soldent à l’unanimité dans un cadrage abominable où bulles, hémoglobine et écume s’associent pour rendre l’action illisible et imbuvable; au propre, comme au figuré. Si les effets spéciaux sont tout aussi indigestes, il est une grande première dans le métrage: le requin «buggé». Il s’agit du requin-marteau qui mord sa victime dans le vide et se perd dans une danse frénétique à la fois désopilante et navrante. On remarquera également de nombreux faux raccords entre les plans.
Mais où sont les maillots de bain ?
Au final, Shark Week est une vaste blague qui fait s’enchaîner les pires tares du survival animalier. Un casting cabotineur issu de Koh-Lanta, des squales aussi inutiles que mal fignolés, un scénario perclus d’imbécillités, une progression minée par des incohérences en pagaille... Il n’y a absolument rien à sauver dans cet effroyable navet. Une manière de faire un magnifique bras d’honneur aux spectateurs et au cinéma de genre en massacrant tout ce qui sert l’intérêt d’un tel divertissement. Même au second degré, le film de Christopher Ray ne fonctionne pas puisqu’il se veut très sérieux dans sa propension à dépeindre le pire et le navrant.
Un film de Christopher Ray
Avec : Patrick Bergin, Yancy Butler, Joshua Michael Allen, Frankie Cullen