Voir la fiche complète du film : Scary Stories (André Øvredal - 2019)

Scary Stories

Sous de faux atours de films à sketches, Scary Stories se distingue par sa réalisation, son ambiance et sa reconstitution des années 1960. Néanmoins, le film d’André Øvredal recycle des idées qui ne sont pas sans rappeler Stranger Things, Ça et d’autres références plus ou moins évidentes, comme Chair de poule ; en plus sombre, cela dit. Malheureusement, le cinéaste éprouve toutes les difficultés du monde à s’en départir. Un enrobage soigné, mais très prévisible et dénué d’une identité propre.
Publié le 28 Juin 2020 par Dante_1984Voir la fiche de Scary Stories
6
Livre Hôpital Fantôme

Sous forme d’histoires courtes ou de pulps, de nombreux récits horrifiques ont pu voir le jour dans le domaine des nouvelles ou de la bande dessinée. Au fil du XXe siècle, le format a été particulièrement bien accueilli outre-Atlantique, parfois jusqu’à fournir des adaptations classiques, comme Les Contes de la crypte. En France, Scary Stories to Tell in the Dark, l’œuvre d’Alvin Schwartz, est demeurée totalement inédite alors qu’elle est devenue culte en l’espace de trois ouvrages aux États-Unis, entre 1981 et 1991. Chaque histoire s’apparente à une légende urbaine dont la potentielle véracité permet de frissonner gentiment au coin d’un feu ou dans une pièce plongée dans la pénombre…

 

Produite par Guillermo del Toro, la présente adaptation cinématographique ne se présente pas comme un film à sketches, du moins pas d’une manière classique. L’idée est de compiler plusieurs intrigues secondaires afin d’émailler la structure narrative principale. Il n’est donc pas question de poser le décor dans un cadre lugubre, puis de raconter chaque récit de telle sorte à introduire des courts-métrages sous la forme d’une anthologie. En l’occurrence, ce sont les protagonistes qui sont pris d’emblée au cœur des évènements surnaturels. Ce choix est pertinent pour dynamiser et fluidifier l’évolution générale.

De même, on apprécie cette variété dans les situations qui se montrent particulièrement cohérentes dans leur déroulement. Eu égard au concept initial, l’évocation du pouvoir des mots à travers des histoires vivantes, au sens littéral du terme, permet d’entremêler des éléments paranormaux fantasmés à un contexte réaliste pour le moins soigné. En l’occurrence, les années 1960 offrent une résonnance assez intéressante pour travailler le fond. On songe notamment à la guerre du Vietnam ou à la ségrégation raciale qui minent les États-Unis. L’ensemble reste discret et néanmoins bien amené par l’entremise de certains comportements, discours et retranscriptions télévisées.

 

En raison de l’âge des protagonistes et de la tonalité générale, l’approche n’est pas sans rappeler les productions qui s’insinuent dans les années 1980 ; à commencer par Stranger Things. Le groupe de jeunes enfants, l’atmosphère très marquée de la décennie en question, la reconstitution d’un mode de vie et d’une petite ville typiques… Le fait que les enfants soient confrontés à des évènements extraordinaires (et improbables) les isole par rapport à une aide providentielle de la part des adultes. En ces circonstances, il est également difficile de ne pas songer à Ça de Stephen King pour combattre une entité maléfique en s’affranchissant de moyens de défense rationnels.

Et c’est là que le bât blesse. Scary Stories demeure soigné dans sa présentation, mais il n’invente strictement rien. Étant donné que les mini-intrigues se succèdent assez rapidement, elles ne sont guère approfondies et véhiculent des poncifs éculés. Il paraît donc vain de flouer un spectateur averti ou versé dans le cinéma de genre. La fuite d’un danger informe et intangible se répète avec constance sur la base d’enjeux similaires, mais dans un cadre différent. Encore une fois, la variété du bestiaire n’est pas à remettre en cause. De l’épouvantail au croque-mitaine, les incursions sont percutantes et s’accompagnent d’une ambiance léchée à défaut d’être foncièrement effrayante. On regrette simplement que les tenants et les aboutissants demeurent assez prévisibles.

 

Au final, Scary Stories s’avance comme une itération horrifique en demi-teinte. La réalisation est de qualité, même si elle se montre assez académique. L’atmosphère bénéficie également d’une photographie et de jeux d’éclairage travaillés avec application (et implication). Quant à l’histoire, elle profite d’une belle reconstitution des sixties et ne présente aucun temps mort. Pourtant, le film d’André Øvredal ne possède pas l’once d’une originalité. La manière dont surviennent les phénomènes paranormaux est à l’image de la trame : maîtrisé et toutefois très attendu. Ce qui annihile tout effet de surprise. Il en découle un métrage divertissant qui prévaut surtout pour son atmosphère.

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

Brightburn : L'Enfant du mal
Si le film de super-héros reste l’occasion d’exploiter plusieurs genres, de la science-fiction à l’action, il dispose de codes à part entière. Hormis quelques exceptions, dont la trilogie Glass de Shyamalan, les productions Marvel et DC monopolisent allègrement cette frange du paysage cinématographique; elles-mêmes adaptées des comics respectifs. Aussi, il est particulièrement...
Alita : Battle Angel
Les adaptations live des mangas sont à double tranchant. D’une part, le matériau de base et la complexité sous-jacente de certaines œuvres sont souvent édulcorés pour toucher un plus large public. D’autre part, les univers dépeints font montre d’une certaine démesure qui semble bien difficile à retranscrire. On songe au projet avorté d’ Akira , à la récente version de...
Vendredi 13
En 1980, le réalisateur et producteur américain Sean S. Cunningham lançait Vendredi 13 , premier opus d’une saga horrifique qui, à ce jour, compte déjà douze épisodes. Le postulat est toujours le même : des adolescents se font tour à tour massacrer à Crystal Lake, en pleine campagne, par un tueur fou connu sous le nom de Jason, qui cache les traits de son visage derrière un masque de hockey. Il...
La Mort au bout du fil
Je dois bien vous l'avouer: je n'attendais pas grand chose de ce film. A ma décharge, il faut reconnaître que les thrillers médiocres, sans envergure et plus efficaces qu'une boîte de somnifères sont aussi nombreux que les points noirs sur le front d'un adolescent. Donc, en mettant Mort au Bout du Fil dans le lecteur, je m'attendais à passer 1h30 devant une histoire mille fois...
Livre de Sang
« La chair et le sang » La mort et la souffrance sont les sujets les plus répandus à travers le cinéma d’horreur. Certains s’en sont fait des jouets pécuniers mais rare sont ceux qui en ont fait leur spécialité au-delà de l’appât du gain. Et qui mieux pour illustrer cet exemple que Clive Barker ? Son premier film Hellraiser est un monument et je n’ai pas de...
Scary Stories
Réalisateur:
Sortie France:
Durée:
7.25
Moyenne : 7.3 (4 votes)

SCARY STORIES - Teaser VOST

Thématiques