Saw 4
Les amateurs d'horreur sont (et seront toujours) d'éternels insatisfaits. Ils se plaignent que le genre est sous-exploité en salles en Europe, qu'il a peu de crédibilité et lorsqu'on leur sort des films d'horreur qui marchent bien, ils râlent qu'ils sont trop commerciaux.
Un piège pour 2 particulièrement vicieux...
Saw 1 avait fait l'effet d'une petite bombe en remettant à l'honneur les thrillers horrorifiques. Digne "suite" de Seven, son succès était amplement mérité grâce à un scénario malin et une idée originale: le tueur n'en est techniquement pas un, puisqu'il pousse les victimes à s'exécuter/mutiler elles-mêmes via des pièges sadiques.
Saw 2, par contre, entrait de plein pied dans le film d'horreur et nous présentait un scénario moins poussé, mais avec nettement plus de cadavres au compteur. La réalisation très clippesque avait, à juste titre, fait grincer des dents, mais l'ensemble se révélait fort honnête. Nouveau succès.
Saw 3, quant à lui, ne s'embarrassait pas d'un scénario et ne nous proposait qu'une succession - réussie - de scènes bien gores et de pièges diaboliques. L'histoire n'était un vague prétexte reliant entre elles les scènettes trash et cela a dérangé pas mal de monde. Néanmoins, du point de vue de l'amateur de barbaque, le film était une franche réussite surtout que Bousman s'était calmé sur les effets clippesques. Encore un carton au box-office.
Saw 4 se devait donc de faire au moins aussi bien que ses prédecesseurs, mais après le déchaînement gore du 3ème opus, celà s'annonçait difficile. Bousman l'a bien compris et au lieu de continuer dans la surenchère, il a choisi d'explorer le passé de son personnage principal (Jigsaw) et de nous montrer ce qui l'a poussé à devenir ce qu'il est. Le choix était louable et intéressant. Le résultat, malheureusement, laisse un peu sur sa faim.
Le mécanisme des couteaux. Douloureux...
Le Tueur au puzzle et sa protégée, Amanda, ont disparu, mais la partie continue. Après le meurtre de l'inspectrice Kerry, deux profileurs chevronnés du FBI, les agents Strahm et Perez, viennent aider le détective Hoffman à réunir les pièces du dernier puzzle macabre laissé par le Tueur pour essayer, enfin, de comprendre. C'est alors que le commandant du SWAT, Rigg, est enlevé... Forcé de participer au jeu mortel, il n'a que 90 minutes pour triompher d'une série de pièges machiavéliques et sauver sa vie. En cherchant Rigg à travers la ville, le détective Hoffman et les deux profileurs vont découvrir des cadavres et des indices qui vont les conduire à l'ex-femme du Tueur, Jill...
Le piège du bloc de glace et de la chaîse électrique.
Le principal problème de cette troisième suite, c'est que l'histoire de Jigsaw n'est pas vraiment intéressante. Son cheminement n'est pas franchement novateur et, il faut bien le reconnaître, on n'y croit pas trop. D'accord que ce qui lui arrive est terrible et tragique, mais de là à se transformer en tueur sadique, il y a de la marge. On aurait préféré quelque chose qui aille plus loin dans la violence et le malsain pour justifier ses futures atrocités. Ici, ce n'est pas vraiment crédible et ça plombe un peu l'ensemble, d'autant plus que les pièges, bien que toujours aussi imaginatifs, ne sont plus aussi sanglants et présents que dans les opus précédents.
Rassurez-vous, du sang il y en a toujours, pas mal même, mais après la déferlante du troisième volet, ça nous laisse un gout de trop peu. Quelques pièges font toujours leur petit effet, comme le tout premier imaginé par Jigsaw (avec, à la clef, sa première victime) ou celui avec le gros pervers sur le lit mais dans l'ensemble, ils paraissent un peu sages. On est loin du "chevalet", des chaines attachées aux membres et des porcs putréfiés (décidément, le trois m'a vraiment marqué).
Par contre, la partie avec le commandant Rigg est plus intéressante car Jigsaw lui fait suivre un chemin censé amener le policier à penser comme lui. Du coup on se met à réfléchir de son point de vue et c'est intéressant car on ne souffre plus avec les victimes, on est a la place du tueur. C'est cet aspect "de l'autre coté du miroir" qui fait tout le sel et l'intérêt de cette nouvelle séquelle.
Affronte tes peurs...
Le fameux twist final, marque de fabrique de la série, est le plus faible de la saga car on le devine longtemps à l'avance, quasiment au début du film. Par contre, il a le mérite d'assurer la pérénnité de la série pour d'autres épisodes supplémentaires.
C'est un autre souci de cet opus 4, il a le cul entre 2 chaises. On sent une volonté d'en finir avec l'ancien Jigsaw, afin de relancer la franchise sur de nouvelles base, mais comment faire pour continuer les Saw en se passant de Tobin Bell ? C'est LUI le méchant charismatique de la série et il fait toujours aussi froid dans le dos dans Saw 4 malgré qu'on essaye de nous montrer son coté humain.
Notons que la vision du 3, voire du 2, est indispensable pour bien comprendre le dénouement car ce qui s'y passe est la suite directe de la fin du 3 (difficile d'expliquer sans rien raconter).
L'agent Rigg en mauvaise posture...
En bref, cet épisode est indispensable pour les fans de la série afin de comprendre Jigsaw et est presque un passage obligé pour les suites à venir mais prit en tant que film d'horreur unique, séparément des autres de la saga, Saw 4 est un peu faible. Première (et espérons-le dernière) déception dans cette excellente franchise. Sans doute a-t-il été écrit et réalisé trop vite...
Geoffrey Claustriaux
Un film de Darren Lynn Bousman
Avec : Tobin Bell, Lyriq Bent, Costas Mandylor, Scott Patterson