Voir la fiche complète du film : Oceans Rising (Adam Lipsius - 2017)

Oceans Rising

Un film catastrophe où le pire s’est déjà produit et où la vacuité des propos prolonge le supplice au spectateur. Un ratage total accusant plus de 20 ans de retard sur le plan visuel pour mieux se complaire dans les poncifs d’un genre malmené.
Publié le 9 Décembre 2018 par Dante_1984Voir la fiche de Oceans Rising
3
Catastrophe naturelle

En marge de ses mockbusters et autres survival animalier méphitiques, Asylum collabore régulièrement avec son comparse de beuveries, SyFy, à des films catastrophe qui n’ont jamais aussi bien porté leur nom. Parmi les dernières ignominies commises, on peut évoquer Age of Ice, ainsi que San Andreas Quake. Dans la majorité des cas, l’existence de ces productions mal fagotées tient à un retour sur investissement plus éphémère que satisfaisant. À une époque où le catastrophisme est en passe de devenir une philosophie à part entière, surfer sur la vague des prédictions climatiques apocalyptiques permet de justifier la concrétisation de nombreuses tares cinématographiques.

Gouzi, gouzi ! La fin du monde est proche !

L’intrigue d’Oceans Rising débute comme n’importe quel scénario inhérent au genre. Enfin, presque. L’on a bien un centre de recherches qui réalisent quelques découvertes alarmantes. L’avertissement des pouvoirs publics est également présent, tout comme le couple en tête d’affiche qui part à vau-l’eau. Tous ses ingrédients sont indissociables des clichés propres au film catastrophe. Et pourtant, le traitement s’écarte quelque peu de la norme puisque le processus d’inversion des pôles est déjà survenu. Il ne convient donc pas de l’empêcher, mais de minimiser ses effets. Pour cela, on devine un contexte houleux où les catastrophes naturelles se multiplient aux quatre coins du globe.

Dans une moindre mesure, l’approche est similaire à la mise en place de Geostorm. Mais la comparaison s’arrête là. Après un petit saut temporel pour accélérer les conséquences néfastes sur notre planète, on se retrouve embarqué dans un trip à mi-chemin entre Le jour d’après (pour le genre) et Waterworld (pour le cadre). Celui-ci étant déjà une référence pour une autre production Asylum, Empire of the Sharks. Bref, le raz-de-marée pixellisé survient dans une mégalopole cruellement déserte et le scientifique prévenant navigue sur son bateau. Sans que l’on sache trop comment ni pourquoi, une brochette de survivants, tous plus inutiles les uns que les autres, s’invite à son bord.

Même par écran interposé, ça reste toujours aussi catastrophique

Entre des lignes de dialogue improbables et des personnalités dignes d’un mollusque, on patauge dans un ramassis de caricatures. La venue d’événements perturbateurs n’altère en rien ce constat. L’intrigue persiste envers et contre tout à imposer des scènes aussi vides d’intérêt que le casting. Elle s’enclave dans une progression linéaire au possible. La quête de sauver un monde où il n’y a plus grand-chose à sauver possède une résonnance pathétique, comme si l’on essayait de récupérer ses affaires flottantes dans les décombres. De plus, certains échanges sont noyés sous un vocabulaire technique et abscons, misant sur l’ignorance du spectateur pour tenter de faire avaler la pilule d’explications vaseuses.

Au demeurant, les effets spéciaux sont aussi discrets que ridicules. La physique des vagues et du comportement de l’eau à la surface a de quoi effrayer. Si Oceans Rising privilégie les dialogues stériles, les rares passages où l’on a l’impression d’être dans un film catastrophe sont affublés de trucages effroyables. La piètre qualité graphique des images de synthèse et les animations saccadées suffisent à renvoyer le métrage dans les prémices des images 3D. Quant au raz-de-marée attendu, il faudra le contempler dans une séquence sous-marine où le protagoniste se débat avec une cordelette. Un comble pour ce qui devait être l’attraction principale!

Le film prend l'eau de toute part...

Au final, Oceans Rising prend l’eau de toute part. Si l’on pouvait espérer un modeste sursaut d’orgueil de la part du contexte, l’approche et les moyens mis en œuvre effectuent un cruel rappel à la réalité. L’intrigue est aussi bancale que la coquille de noix qui traverse l’océan Atlantique, tandis que les motivations sont à la fois vaines et surfaites. Pas besoin de s’étendre plus longuement sur le casting ou la médiocrité des effets spéciaux qui, soit dit en passant, demeurent une véritable honte pour un film datant de 2017. Nulle surprise à contempler le travail bâclé des équipes Asylum et SyFy qui poursuivent leur chemin de croix dans la nullité cinématographique. Une fois n’est pas coutume, l’ensemble s’affranchit de tout second degré.

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

L'Autoroute de l'Enfer
Il existe de nombreuses façons de représenter l’Enfer. Le cinéphile averti aura déjà eu l’occasion d’en apercevoir des bribes dans la saga Hellraiser , dans Constantine , dans le found footage Catacombes , et j’en passe. Sorti en 1991, L’Autoroute de l’Enfer s’amuse quant à lui à représenter le monde des ténèbres comme une sorte de version déformée et...
Horrible
Un homme d'allure colossale est poursuivi par un prêtre. Blessé, il est transporté en urgence au sein d'un hôpital. Mais son rétablissement est aussi spectaculaire qu'angoissant. Après quelques épisodes érotico-exotiques de la franchise Emanuelle , le réalisateur Joe D'Amato s'est fait une petite réputation dans le monde de l'horreur dès 1979 avec le macabre Blue Holocaust . Sa rencontre avec l'...
Twilight - Chapitre 3 : Hesitation
« Les feux de l’amour » Le temps est venu de fusiller le nouvel épisode de la saga Twilight . La seule question est de savoir s'il faut s’acharner dessus ou rester timoré? Car si le premier film arrivait à jongler avec bon nombre d’éléments en respectant les limites de l’acceptable, la suite versait déjà trop dans la mièvrerie. Et cela continue dans cette seonde séquelle. Mais d’où vient cette...
The Devil Inside
Isabella est hantée par le massacre que sa mère a commis voilà vingt ans. Elle décide d'effectuer un reportage sur les exorcismes pour démêler les fantasmes de la réalité et surtout savoir si sa mère est folle à lier ou possédée par une entité démoniaque. Après s'être essayé aux joies des conséquences d'un jeu vidéo basé sur la vie de la comtesse Bathory (!), William Brent Bell signe...
Étrange Couleur des Larmes de ton Corps, L'
Sous ce titre mystérieux et séduisant se présente le deuxième long-métrage d’Hélène Cattet et de Bruno Forzani, près de cinq ans après Amer . Ce premier essai surprenant était passé inaperçu à l’époque pour cause de projections exclusives dans les festivals. La sortie dans un certain nombre de salles de leur nouveau film aura été la marque d’un grand pas en avant pour le duo de réalisateurs...
Oceans Rising
Réalisateur:
Durée:
3
Moyenne : 3 (1 vote)

OCEANS RISING TRAILER

Thématiques