Oceans Rising
En marge de ses mockbusters et autres survival animalier méphitiques, Asylum collabore régulièrement avec son comparse de beuveries, SyFy, à des films catastrophe qui n’ont jamais aussi bien porté leur nom. Parmi les dernières ignominies commises, on peut évoquer Age of Ice, ainsi que San Andreas Quake. Dans la majorité des cas, l’existence de ces productions mal fagotées tient à un retour sur investissement plus éphémère que satisfaisant. À une époque où le catastrophisme est en passe de devenir une philosophie à part entière, surfer sur la vague des prédictions climatiques apocalyptiques permet de justifier la concrétisation de nombreuses tares cinématographiques.
Gouzi, gouzi ! La fin du monde est proche !
L’intrigue d’Oceans Rising débute comme n’importe quel scénario inhérent au genre. Enfin, presque. L’on a bien un centre de recherches qui réalisent quelques découvertes alarmantes. L’avertissement des pouvoirs publics est également présent, tout comme le couple en tête d’affiche qui part à vau-l’eau. Tous ses ingrédients sont indissociables des clichés propres au film catastrophe. Et pourtant, le traitement s’écarte quelque peu de la norme puisque le processus d’inversion des pôles est déjà survenu. Il ne convient donc pas de l’empêcher, mais de minimiser ses effets. Pour cela, on devine un contexte houleux où les catastrophes naturelles se multiplient aux quatre coins du globe.
Dans une moindre mesure, l’approche est similaire à la mise en place de Geostorm. Mais la comparaison s’arrête là. Après un petit saut temporel pour accélérer les conséquences néfastes sur notre planète, on se retrouve embarqué dans un trip à mi-chemin entre Le jour d’après (pour le genre) et Waterworld (pour le cadre). Celui-ci étant déjà une référence pour une autre production Asylum, Empire of the Sharks. Bref, le raz-de-marée pixellisé survient dans une mégalopole cruellement déserte et le scientifique prévenant navigue sur son bateau. Sans que l’on sache trop comment ni pourquoi, une brochette de survivants, tous plus inutiles les uns que les autres, s’invite à son bord.
Même par écran interposé, ça reste toujours aussi catastrophique
Entre des lignes de dialogue improbables et des personnalités dignes d’un mollusque, on patauge dans un ramassis de caricatures. La venue d’événements perturbateurs n’altère en rien ce constat. L’intrigue persiste envers et contre tout à imposer des scènes aussi vides d’intérêt que le casting. Elle s’enclave dans une progression linéaire au possible. La quête de sauver un monde où il n’y a plus grand-chose à sauver possède une résonnance pathétique, comme si l’on essayait de récupérer ses affaires flottantes dans les décombres. De plus, certains échanges sont noyés sous un vocabulaire technique et abscons, misant sur l’ignorance du spectateur pour tenter de faire avaler la pilule d’explications vaseuses.
Au demeurant, les effets spéciaux sont aussi discrets que ridicules. La physique des vagues et du comportement de l’eau à la surface a de quoi effrayer. Si Oceans Rising privilégie les dialogues stériles, les rares passages où l’on a l’impression d’être dans un film catastrophe sont affublés de trucages effroyables. La piètre qualité graphique des images de synthèse et les animations saccadées suffisent à renvoyer le métrage dans les prémices des images 3D. Quant au raz-de-marée attendu, il faudra le contempler dans une séquence sous-marine où le protagoniste se débat avec une cordelette. Un comble pour ce qui devait être l’attraction principale!
Le film prend l'eau de toute part...
Au final, Oceans Rising prend l’eau de toute part. Si l’on pouvait espérer un modeste sursaut d’orgueil de la part du contexte, l’approche et les moyens mis en œuvre effectuent un cruel rappel à la réalité. L’intrigue est aussi bancale que la coquille de noix qui traverse l’océan Atlantique, tandis que les motivations sont à la fois vaines et surfaites. Pas besoin de s’étendre plus longuement sur le casting ou la médiocrité des effets spéciaux qui, soit dit en passant, demeurent une véritable honte pour un film datant de 2017. Nulle surprise à contempler le travail bâclé des équipes Asylum et SyFy qui poursuivent leur chemin de croix dans la nullité cinématographique. Une fois n’est pas coutume, l’ensemble s’affranchit de tout second degré.