Les Dents de la Nuit
Attention, ceci est un avertissement : Amoureux de l'humour fin et du bon goût, vous pouvez d'ors et déjà passer votre chemin. En effet, vous ne trouverez dans cette comédie vampirique que des blagues lourdes, des jeux de mots vaseux et une quantité énorme de phrases à connotation sexuelle. Pour vous le prouver, voici quelques exemples :
- Une personne demande à un dentiste comment il peut être aussi doué. Ce dernier répond tout naturellement : "Mon secret, c’est que j'aime prendre du plaisir dans la bouche des gens"
- Une vampire sort des toilettes en se frottant la bouche : "Pfiou, j'en ai déjà sucé cinq ce soir, je n’en peux plus".
Vous êtes toujours là cher lecteur ? Très bien, c'est que vous pouvez passer à la suite de la critique.
Yayahiiii!
Trois amis, fêtards invétérés, obtiennent des invitations pour une mythique mais mystérieuse soirée privée : la Nuit Médicis. Celle-ci se déroule dans un immense château et est considérée comme le Saint-Graal par tous les clubbeurs de la région. Mais très vite, les trois amis découvrent que leurs hôtes sont des vampires bien décidés à régner en maîtres sur la Terre…
Vincent Desagnat, acteur Shakespearien...
On pouvait craindre le pire d’un film ayant comme slogan : « ce soir, évitez de vous faire sucer ». Et effectivement, le pire est atteint par moments. Mais pas souvent. Navigant quelque part entre le nanard et le film culte, Les Dents de la Nuit parvient régulièrement à décrocher un sourire au spectateur réceptif à ce type d'humour. Les répliques mémorables fusent de tous les cotés ("J'vous ai mis une Bloody Chantal") et sont parfois d’autant plus surprenantes qu’on ne s’y attend pas. Certaines situations sont hilarantes (ou pathétiques, cela dépend comment on les prend…), comme le loup-garou qui marque sont territoire en urinant autour du lit où il s’apprête à honorer Hélène de Fougerolles… Bref, vous l’aurez compris, Les Dents de la Nuit n’est pas un film qui fera rire tout le monde et vous risquez fort de rougir de honte quand votre copine vous lancera un regard consterné alors que vous vous bidonnez joyeusement devant l’une ou l’autre situation.
Encore un gag tout en finesse...
Car il faut bien reconnaître que tout cela ne vole pas bien haut. Certains personnages sont pourtant bien imaginés et hilarants. Le dentiste notamment. Celui-ci, incarné par Sam Karmann (l’inoubliable Emile de La Cité de la Peur pour les distraits...), est sans conteste le perso le plus réussi et le plus drôle du film. Persuadé d’être hyper intéressant, il raconte sa vie à tout le monde, tout le temps, mais se prend râteau sur râteau. Irrésistible. Le chef des vampires, obsédé par ses cheveux, ne se situe pas loin derrière, tout comme la blonde écervelée interprétée par Hélène de Fougerolle. On émettra cependant une réserve sur les personnages de Vincent Desagnat (Bof…) et d’Antoine Duléry. Le potentiel comique de ce dernier est honteusement sous-exploité et ne sert que pour des blagues de situations, assez drôles certes, mais qui ne font pas appel au talent de l’acteur. Un peu dommage.
Au rayon des points noirs, on citera également une perte d’humour dans la dernière partie du film. Alors que la première heure est bourrée de gags (drôles ou pas, mais ils sont là…), la dernière demi-heure ne nous présente plus qu’une banale course-poursuite entre héros et vampires durant laquelle l’humour disparait presque complètement. Et comme les réalisateurs ne sont pas extrêmement doués pour créer des moments de tension, l'ennui commence légèrement à faire son apparition, d’autant plus que les quelques rebondissements finaux sont plus ou moins attendus. Ceci constitue la tare principale des Dents de la Nuit car pour le reste, le film reste honnête. Notons également que les effets spéciaux et les maquillages sont de qualité, ce qui n'est jamais négligeable.
L'excellent Sam Karmann, en pleine drague...
Bref, pour apprécier un film comme Les Dents de la Nuit, il ne faut pas être réfractaire à ce style d’humour si particulier, auquel cas vous risquez bien de passer un mauvais moment. Mais mon avertissement était là pour vous mettre en garde.
Un film de Vincent Lobelle, Stephen Cafiero
Avec : Patrick Mille, Julie Fournier, Frédérique Bel, Vincent Desagnat