Megalodon
En parallèle de ses métrages vite faits mal fignolés, Asylum n’a pas son pareil pour produire des mockbusters au moment opportun. Le principe tient à surfer sur le succès d’un blockbuster tout en sortant son téléfilm fauché dans le même intervalle de temps; le plus souvent d’une bêtise affligeante. Bien entendu, un tel procédé flirte avec les frontières du plagiat et de la tromperie éhontée. Du pitch à l’affiche, tout est fait pour flouer le spectateur et créer un lien avec la référence en question. En l’occurrence, Megalodon use et abuse de la renommée d’En Eaux troubles de Jon Turteltaub pour tenter de vendre sa marchandise qui sent bon le poisson avarié.
Mangez de la baleine, c'est mal.
Bien entendu, le point commun tient à l’espèce préhistorique de requin qui fait les jours heureux des amateurs de survival animalier bon marché. On songe notamment à Shark Attack3 ou encore Megalodon (un titre des plus original) de Pat Corbitt. Le principal attrait du squale est son gabarit qui ferait passer le grand requin blanc pour une sardine. Si elles ne sont guère développées dans ce type d’intrigue, l’hypothèse de certains cryptozoologistes concernant sa survie à notre époque permet d’obtenir une base de travail relativement sympathique. Et c’est précisément sur cet aspect et sur le roman de Steve Alten qu’En Eaux troubles s’appuient pour étayer son propos.
S’il emprunte des idées similaires, le film de James Thomas se contente du minimum syndical en matière de scénarisation. La présente histoire préfère se concentrer sur le naufrage du sous-marin au fond de l’océan plutôt que de suivre la traque de l’animal en surface. Enfin, dans un premier temps. Sans l’ombre d’un doute, l’intrigue est confondante de simplicité. Toutefois, Asylum nous a habitués à bien pire dans le domaine des étrons maritimes. Certes, le récit reste linéaire et prévisible au possible. On évite néanmoins des absurdités omnipotentes, ainsi que des incohérences en pagaille, rendant l’ensemble aussi décousu que stupide dans ses fondements.
La tête des mauvais jours ou une indigestion de cétacé ?
Un comparatif basique avec des productions du même acabit permet de minimiser les dégâts, du moins dans une certaine mesure. Car si Megalodon n’est pas l’ignoble pâle copie d’En Eaux troubles, il s’empêtre rapidement dans les errances inhérentes aux téléfilms réalisés à la va-vite. À vrai dire, la trame emprunte également bon nombre d’éléments à un autre blockbuster: Battleship. Ce dernier avait déjà eu droit à son propre mockbuster avec American Warship. En l’occurence, on retrouve toute la panoplie du bon petit soldat américain. Les relents patriotiques côtoient des morceaux de bravoure complètement stupides, tandis que l’esprit de cohésion du corps des marines face à l’ennemi est suranné au possible.
Par ailleurs, le requin tient un rôle secondaire en raison de trublions russes perturbateurs, renvoyant l’équipage aux heures les plus tendues de la Guerre froide. Un choix qui fait office de remplissage, mais qui n’était guère essentiel. Quant au megalodon, les séquences sous l’eau ne sont pas trop mauvaises, surtout lorsqu’on a droit aux mêmes passages filmés en plan large où le squale aime nager en diagonale dans le grand bleu! Plus sérieusement, l’échelle de son gabarit est globalement respectée, notamment avec le gobage d’un sous-marin, d’une baleine ou la confrontation avec le cuirassé. Un élément apparemment anodin, mais qui se révèle souvent saccagé dans ce genre de métrage fauché. En revanche, on n’échappe guère aux misérables images de synthèse dès que la bestiole crève la surface de sa carcasse.
En fait, il s'agissait plutôt d'un renvoi de sous-marin !
Au final, Megalodon n’est pas forcément le plus mauvais film de requins de l’année. En dépit des défauts plus ou moins volontaires qui parsèment l’intrigue et la réalisation, James Thomas minimise la catastrophe à une modeste distraction au lieu de nous fournir un nanar innommable. Ce qui est pourtant une constante chez Asylum. S’il paraît vain de lui accorder un quelconque crédit en raison de la bêtise de son scénario et de ses valeurs archaïques, il subsiste une progression assez enlevée, rendant l’ensemble dynamique. Une production animalière un peu plus sérieuse et acceptable que la masse informe d’étrons qui le précède. Médiocre, mais moins mauvais qu’escompté.
Un film de James Thomas (XLIX)
Avec : Michael Madsen, Ego Mikitas, Dominic Pace, Caroline Harris