Voir la fiche complète du film : La Zone d'intérêt (Jonathan Glazer - 2022)

La Zone d'intérêt

Il s'agit d'un très bon film qui n’a pas volé son oscar du meilleur film international.
Publié le 13 Septembre 2024 par GeoffreyVoir la fiche de La Zone d'intérêt
8

Je craignais deux choses en regardant La Zone d’Intérêt : premièrement, que les termes "magistral, glaçant, choc", accolés par la plupart des critiques au film de Jonathan Glazer soient exagérés en raison du sujet du film (toujours difficile à aborder de façon cinématographiquement objective), et ensuite que l’œuvre en elle-même me laisse de marbre.

J’avais déjà été épouvanté par Shoah de Claude Lanzmann, par Nuit et Brouillard, et par le documentaire en plusieurs parties consacré au camp d’Auschwitz (Auschwitz, les nazis et la solution finale). L’approche de Glazer allait-elle m’emporter ou me laisser sur le côté ?

Nous allons voir ça ensemble.

Tout commence par trois minutes d’écran noir sur lesquelles se superposent les notes distordues de la compositrice Mica Levi. Puis, soudain, une clarté aveuglante et une famille qui pique-nique au bord d’une rivière. Simple et efficace.

Le dispositif mis en place par Glazer sera donc d’épouser le point de vue de cette famille allemande qui vit en bordure du camp, mais sans jamais s’y aventurer. Tout ce que le spectateur entendra, ce sont les bruits des installations et, de temps à autre, des cris et des détonations de fusil.

Pour le reste, nous serons plongés au cœur du quotidien « normal » de la famille Höss, dont le patriarche n’est autre que le responsable du camp d’Auschwitz. Et je dois avouer que cette approche m’a paru tout à fait pertinente, ainsi que thématiquement intéressante pour décrire l’horreur humaine et la façon dont on s’y habitue, même si elle continue à nous influencer (car c’est évidemment de cela qu’il est question ici, plus que de vouloir dénoncer une énième fois les atrocités de la seconde guerre mondiale).

Tous les membres de cette famille y font face à leur façon, que ce soit par le déni, l’admiration ou le rejet, et c’est ce qui rend le film aussi intéressant que glaçant. Voir le plus grand fils du couple jouer avec des soldats de plomb ou enfermer son petit frère dans une serre (symbole évident des chambres à gaz) se montre tout à fait marquant.

Bref, il s'agit d'un très bon film qui n’a pas volé son oscar du meilleur film international, et l’édition DVD/Blu-ray qui est sortie chez Blaq Out lui rend hommage avec un excellent contenu additionnel, dont des interviews du réalisateur, des techniciens et des acteurs qui éclairent encore davantage la vision du film. Si vous aimez en savoir plus sur les coulisses, ces bonus ajoutent une réelle valeur à l’ensemble.

 

A propos de l'auteur : Geoffrey
Portrait de Geoffrey

Comme d'autres (notamment Max et Dante_1984), je venais régulièrement sur Horreur.net en tant que lecteur, et après avoir envoyé quelques critiques à Laurent, le webmaster, j'ai pu intégrer le staff début 2006. Depuis, mes fonctions ont peu à peu pris de l'ampleur.

Autres critiques

The Park
Qu’il s’agisse de parcs d’attractions ou de fêtes foraines, le cadre distrayant de tels endroits donne parfois lieu à quelques détournements plus ou moins réussis dans le domaine horrifique. Le danger des manèges, le passé trouble des environs, un accident malencontreux, une farce qui tourne mal... Les idées ne manquent pas pour prétexter une petite visite. Alors que le début...
Détour Mortel 5: Les Liens du Sang
Jusqu'ici, la saga Detour Mortel avait su conserver un niveau qualitatif très honorable compte tenu de son budget et de ses chapitres formatés pour le DTV. Un exploit quand on la compare à d'autres franchises qui ont sombré bien plus vite qu'elle dans la médiocrité (au hasard, les Hellraiser ). Mais cette fois ça y est, mes bons amis, Détour Mortel 5 est l'épisode qu'il ne...
Prince Of Persia : les Sables du Temps
Dans la Perse antique, un prince est accusé à tort du meurtre de son père. Contraint de s'enfuir avec une princesse rebelle, il va tenter de déjouer le complot qui pèse sur sa personne et découvrir une dague capable de faire remonter le temps. À l'époque du premier jeu vidéo de cette splendide saga (1989), Jordan Mechner était bien loin de s'imaginer le succès retentissant de son futur bébé. Très...
Killer Shark
Après un Lake Placid 3 de sinistre mémoire, Griff Furst, grand spécialiste des productions de seconde zone, s’est attelé à démonter un autre mythe du survival animalier: le requin. Certes, il n’est pas le seul et encore moins le premier à s’évertuer dans un sous-genre où l’absurdité des faits rivalise de bêtises et de médiocrité. Il ne se décourage pas pour autant pour...
Urban cannibals - The Ghouls
Pour tourner un film, il faut quatre choses très précises : l'envie (l'envie de faire quelque chose de bien, de fort et de narrer une histoire prenante et originale), le talent (Certains réalisateurs se font remarquer dès le premier court-métrage comme Neill Blomkamp), des acteurs (difficile d'être crédible si l'on fait jouer ses potes ou sans un rôle principal charismatique) et...