Voir la fiche complète du film : L'Inspecteur Harry (Don Siegel - 1971)

L'Inspecteur Harry

Au début des années 70, l'inspecteur Harry Callahan tente de mettre un terme aux agissements d'un psychopathe. Dirty Harry, par la modernité de son thème et l'ambiguïté de son héros, marquera encore bon nombre de cinéphiles durant les prochaines décennies.
Publié le 20 Août 2013 par GORE MANIACVoir la fiche de L'Inspecteur Harry
10

Au début des années 70, l'inspecteur Harry Callahan tente de mettre un terme aux agissements d'un psychopathe, surnommé Scorpio.

Inspiré du célèbre Tueur du Zodiaque, l'histoire de ce premier Dirty Harry est un tournant décisif dans la carrière de Clint Eastwood.
En 1971, l'acteur vient de fêter ses quarante ans en réalisant son premier long-métrage, un thriller inventif et soigné (Un Frisson dans la Nuit), qui tranche volontiers avec les westerns à qui il doit sa célébrité. Mais après sa collaboration avec Sergio Leone (trois films), Eastwood avait refusé un rôle dans Il Etait une Fois dans l'Ouest afin de ne pas rester enfermé dans son rôle de justicier solitaire amateur de cigarillo.

Tombant sur un scénario adapté d'un fait divers sanglant, il se lance avec son réalisateur fétiche, l'expérimenté Don Siegel, dans ce que l'on peut considérer comme son rôle culte.
Lorsque un dénommé Scorpio demande une rançon au maire de San Francisco, ce dernier ne compte pas céder à ce nouveau type de racket. Une vague de meurtres sanglants inonde alors la ville. Harry Callahan, alias le Charognard, flic solitaire spécialisé dans les missions à haut risque, est chargé de mettre un terme à ses agissements. Toutefois, entre les méthodes peu orthodoxes du policier et la diplomatie accrue de sa hiérarchie, la cohabitation s'avère délicate.

Dirty Harry, premier volet d'une longue série à succès, est un film brut et sans concession. La quarantaine aigrie, isolé au sein de sa brigade autant qu'à l'extérieur, pessimiste à l'encontre d'une justice qu'il est censé représenter, Callahan n'a rien du héros américain type. Ainsi, ce personnage sans foi ni loi se rapproche énormément des bandits de la Trilogie de Leone.
Devant la caméra du très solide Siegel, Eastwood, en confiance, démontre toute l'étendue de son talent dans ce polar urbain dénonçant l'immobilisme de la justice et son manque de lien avec la réalité d'un quotidien sinistre et dangereux. Scorpio, tueur pour une fois mis en avant et non dénué de personnalité (une rareté pour l'époque), représente également la nouvelle vague du méchant au cinéma : celle du psycho-killer. Ce dernier se servira même des rouages rouillés de la justice pour tenter de retourner la situation en sa faveur (il devient la victime d'Harry).
Andrew Robinson, spécialisé ensuite dans les rôles déviants, exploite avec brio toute la perfidie de son personnage, être repoussant mais charismatique. La séance d'automutilation, symbole d'une folie particulièrement vicieuse, reste l'un des moments les plus marquants du métrage. Une forme d'inaptabilité sociale rapproche ces deux personnages, ce qui rend ce polar urbain plus trouble qu'on ne pourrait le penser initialement.

Les scènes choc ne manquent pas dans ce film qui va lancer une nouvelle vague de films policiers, plus réalistes et sombres (cf la saga des Death Wish, avec Charles Bronson). Pourtant, Harry s'amuse avec les bandits (la scène de la banque) aussi bien qu'avec les victimes (la tentative de suicide) ou ses supérieurs (les séquences avec le maire).
Ce manque de respect envers le règlement confirme le décalage entre Harry et une société qu'il protège mais qui ne lui rend rien, ou presque. Dès lors, on se demande qui a le plus à perdre dans un duel final attendu.

Intense et expéditif, à l'image de ce polar âpre et désabusé, cet épilogue résume à merveille le premier et meilleur épisode de la franchise. Don Siegel (L'Invasion des Profanateurs de Sépultures, Sierra Torride), rarement mis à l'honneur mais auteur d'une carrière de tout premier ordre, livre un film impeccable en tout point, loin d'être aussi basique qu'on ne pourrait le penser à première vue, offrant à Clint Eastwood un magnifique rôle, que celui-ci peaufinera tout au long de quatre suites de très bonne tenue (il réalisera même l'avant-dernier volet).

Dirty Harry, par la modernité de son thème et l'ambiguïté de son héros, marquera encore bon nombre de cinéphiles durant les prochaines décennies.

A propos de l'auteur : GORE MANIAC
Portrait de GORE MANIAC

J'essaie de partager ma passion pour un cinéma méconnu, mais qui mérite incontestablement qu'on s'y arrête !

Autres critiques

Clownhouse
Alors que les années 1980 touchent à leur fin, le cinéma d’horreur est particulièrement hanté par les boogeymans et autres psychopathes issus des slashers. Sous-genre en perte de vitesse à l’époque, ce dernier reste la principale base de travail de Clownhouse , même s’il n’officie pas vraiment dans ce style. Comme son titre l’indique, le premier métrage de Victor...
La Malédiction de Chucky
Chucky. Aaaaaah... Chucky! Poupée mythique s'il en est. Quel amateur de cinéma de genre ne connait pas sa petite bouille ronde, ses cheveux roux et sa salopette de poupée "Brave Gars" ? En l'espace de cinq films inégaux, l'avatar de Charles Lee Ray a su se tailler une réputation d'icône qui n'a rien à envier à celle de Freddy Krueger et Jason Voorhees, pour ne citer...
Intracable
Rattachée à une section spéciale pistant les dérives du net, l'agent Jennifer Marsh (Diane Lane) met la main sur un site filmant la mort d'un chaton. Ce site internet, Kill With Me , propose ensuite la mise à mort d'un être humain. Plus les connexions sur le site sont nombreuses, et plus vite meurt la victime. Les thèmes du snuff et du cybercrime sont à la mode depuis quelques années...
Mu Zan E
Grand pourvoyeur de pellicules scabreuses et dérangeantes, le cinéma japonais a tôt fait d’explorer les recoins les plus sombres et putrides de l’âme humaine. Certains réalisateurs s’en sont allègrement repus dans les années1970 avec les pinku eiga. Mais les inclinations sadiques et masochistes ne se limitent pas à un sous-genre érotique. Elles s’insinuent dans des...
Ghost in the shell - Stand alone complex : Les 11 individuels
Après l'affaire du rieur et sa dissolution, la section 9 est reformée pour faire face à une nouvelle menace. Un groupe terroriste qui se nomme les onze individuels fait vaciller l'équilibre de l'actuel gouvernement japonais. Est-ce le début d'un autre Stand alone complex ou le danger est-il bien plus grand ? Dans la foulée du « film-résumé » Le rieur, Kenji Kamiyama...
L'Inspecteur Harry
Réalisateur:
Sortie France:
Durée:
102 min
9.16667
Moyenne : 9.2 (18 votes)

Thématiques