L'Incroyable Hulk (série)
Souhaitant découvrir à tout prix le facteur déclencheur d'une force surhumaine permettant des sauvetages incroyables dans certaines situations de danger extrême, le Docteur David Banner (Bill Bixby) expérimente sur lui une solution qui le transforme en monstre doté d'une force monumentale.
Pour la génération née au début des années 70, la série l'Incroyable Hulk a bouleversé le paysage audiovisuel de l'époque. Trente après, comment appréhender un tel phénomène ? Au milieu des années 70, Kenneth Johnson, déjà à l'origine des séries les plus en vue du moment (Super Jaimie, l'Homme qui valait Trois Milliards) est en charge de l'adaptation d'un comics. Il est rapidement séduit par le double personnage de Banner-Hulk, qui évoque selon lui une relecture moderne du mythique Dr Jekyll et Mr Hyde. La série est lancée en 1977, avec des budgets conséquents pour l'époque.
D'emblée, Johnson est confronté à un problème de taille : Hulk ! Sans les effets numériques actuels à disposition, le producteur doit faire preuve d'ingéniosité. Il engage alors un culturiste impressionnant, Lou Ferrigno, qu'il peinturlure de vert. Avec quelques maquillages faciaux réussis, le monstre fait sensation dès l'épisode pilote, avec l'aide d'effets spéciaux d'excellente facture. Ainsi, Hulk renverse des voitures, arrache des arbres et balance ceux ont le courage (ou la folie) de lui barrer le chemin. Entre ces séquences, parfois tournées au ralenti afin d'optimiser l'aspect spectaculaire de tels exploits, le plus complexe concernait peut être la personnalité du Docteur Banner.
Après plusieurs séries à succès (Mon Martien Favori, le Magicien), Bill Bixby semble avoir attendu toute sa vie le rôle de David Banner. Tour à tour fragile, énigmatique et mélancolique, il apporte une touchante humanité à ce rôle difficile.
Par rapport au comics imaginé en 1962 par Stan Lee (scénario) et Jack Kirby (dessins), Kenneth Johnson a pris quelques libertés. Dans l'épisode pilote, d'une durée de 90 minutes, Johnson nous éclaire sur les motivations du Dr Banner, qui se sent responsable du décès de son épouse. Hulk, même si sa "naissance" est accidentelle, représente surtout un manque ressenti par Banner. Plus qu'un monstre effroyable, le géant vert peut être considéré comme le complément de Banner, son double commandé par des instincts primitifs. Au fil des épisodes, une réelle complicité se créera entre ses deux personnages solitaires, bannis de la société (Banner est officiellement déclaré mort à la fin du premier épisode). Cette dualité trouble, marquée par une interprétation remarquable du tandem Bixby-Ferrigno, au jeu diamétralement opposé, reste, trente ans plus tard, la principale qualité de la série.
Contrairement aux films sortis depuis l'an 2000, la série privilégie en effet le jeu des acteurs aux effets spéciaux. Ainsi, Ferrigno restera à jamais LE Hulk, son regard bestial ne pouvant avoir d'équivalent numérique. Face à lui, Bixby, tantôt famélique, tantôt halluciné, livre une prestation qui le place également largement au dessus de ses clones cinématographiques. Malgré le caractère basique et répétitif de la plupart des intrigues (Banner changeant de ville presque à chaque épisode, poursuivi par un journaliste accrocheur), l'Incroyable Hulk conserve aujourd'hui encore un charme intimiste inexplicable, accentué par l'excellente partition musicale de Joseph Harnell.
A l'occasion de cet anniversaire, l'éditeur français Elephant Films, amateur de séries old school, nous propose de redécouvrir l'intégralité de la série en Blu-ray, dans un coffret collector en édition limitée riche en bonus (incluant notamment un épisode inédit en France et de nombreux documentaires). Une belle manière de rendre hommage à l'une des meilleures adaptations de comics à la télévision.
Un film de Frank Orsatti, John McPherson, Jeffrey Hayden
Avec : Bill Bixby, Lou Ferrigno, Jack Colvin, Michael Santiago