Jersey Shore Shark Attack
Ce n’est une surprise pour personne, se lancer dans la production d’un survival animalier mettant en avant des requins est une véritable gageure. Rarement capable de sortir du sillage des Dents de la mer, le genre s’est fourvoyé depuis bien des années dans les affres de la nullité consommée. Et pourtant, une poignée de tâcherons opportunistes ne cessent de nous infliger des spectacles qui rivalisent d’indigences et de bêtises. On a eu droit à toutes les abominations concevables, mais les concepts poussent comme des champignons parasites dans l’esprit dérangé des scénaristes. La dernière idiotie en date? Mélanger une émission de télé-réalité avec la sharksploitation.
La pêche aux gros... crétins
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Jersey Shore n’est pas le nom de la petite station balnéaire bucolique où les squales décident de séjourner pendant leurs vacances. Les profanes non lobotomisés par ce genre d’émissions pathétiques apprécieront (ou pas) de découvrir le titre d’un programme MTV plébiscité outre-Atlantique. Des jeunes décérébrés semblant tout droit sortis d’un mauvais slasher sont filmés dans leur excès de beuverie et autres passe-temps croustillants. Le niveau est clairement en dessous de la ceinture et offre une excellente base pour proposer un spectacle navrant, prônant la musculation sous stéroïdes et des arguments féminins gonflés au silicone.
Et c’est tout ce beau monde qui occupe le devant de la scène dans le présent métrage. Dès lors, on s’enlise dans des échanges interminables qui se cantonnent à des chamailleries pleines de non-sens. En cela, le film est une réussite pour retranscrire la vacuité de la télé-réalité. On s’aime, on se déteste, on se réconcilie... On agite les lèvres pour ne rien dire. On erre d’une fête à l’autre avant de s’affronter à nouveau sous couvert de rivalités masculines, de compétitions féminines et de conneries inhérentes à Jersey Shore ou à des programmes du même acabit. Pourtant loin d’être un moteur de glorification, imaginez nos propres émissions de télé-réalité, du style Les anges de la télé-réalité, à la stupidité décuplée pour avoir une idée de ce dont on parle.
Instant bronzette sanglant !
Car Jersey Shore Shark Attack se montre extrêmement bavard. En dépit d’une durée standard (on frôle les 90 minutes), on s’ennuie face à cette succession de séquences toutes plus soporifiques et agaçantes les unes que les autres. Ça jacasse, mais ça n’agit pas dans le bon sens. Les réactions sont un ramassis d’imbécillités qui feraient passer l’orientation desdites émissions pour des modèles de maîtrise narrative. Là encore, les amusettes de service s’éclatent avant de partir à la chasse aux squales, puis se dandinent à nouveau sur les bars ou s’adonnent à des concours de t-shirts mouillés. On ne cherche même plus à essayer de distinguer la frontière entre l’autodérision et l’hommage pleinement assumé qui caractérise cette chose.
Et les requins? Hormis quelques morceaux de plastiques pixellisés avec les yeux bandés, l’amateur avisé n’a rien à se mettre sous la dent. On peine à deviner que l’espèce concernée est un requin-taureau albinos s’invitant par grappe de dizaines sur les côtes de Seaside Heights. Les images pour les illustrer sont toujours les mêmes et se payent le luxe d’une présence furtive à l’écran. Du côté des victimes, on frôle l’escroquerie manifeste. Des morts qui se comptent sur les doigts d’une main, des disparitions stupides et grotesques... Et ce ne sont pas les litres d’hémoglobine colorés au sirop de pastèque qui viendront nous contenter. Le seul mérite est de ne pas proposer des bestioles hybrides.
Ça botte, mon pote ?
Au final, Jersey Shore Shark Attack privilégie les considérations sexuelles de ses protagonistes en encensant un programme qui contribue à forger une inévitable «idiocracie» des deux côtés de l’Atlantique. Imaginez un mélange hasardeux et moisi entre une production David DeCoteau avec Jersey Shore et l’on obtient un film sans fond, pas même capable d’élaborer l’esquisse d’un scénario. L’intrigue et le casting partent en roue libre pour accoucher d’un final à l’image de 90 minutes de bêtises gratuites et de réparties vaseuses. On en oublierait presque les requins qui, loin d’être nécessaires à de telles frasques, nous abîment la rétine.
Un film de John Shepphird
Avec : Melissa Molinaro, Jack Scalia, Paul Sorvino, William Atherton