Geo-Disaster
S’il est un domaine particulièrement prisé de la collaboration méphitique SyFy/Asylum, hormis le survival animalier, c’est bien le film catastrophe. Au sens propre, comme au figuré, serait-on tenté de rajouter. Si le genre a connu son heure de gloire, il se distingue dorénavant par des poncifs éculés où les clichés fleurent bon le patriotisme, l’altruisme et autres sentiments mielleux totalement irréalistes face aux pires cataclysmes imaginables. Mais il n’est pas ici question de palabrer sur la nature humaine dans un tel contexte, pas même de s’interroger sur les limites narratives qui tournent en boucle et qui, au fil des téléfilms bon marché, n’ont strictement rien à raconter.
Prêt pour une catastrophe au grand air ?
Aussi, Geo-Disaster s’inscrit dans un registre familier cher à Asylum: le mockbuster. Autrement dit, sa sortie coïncide avec celle d’un blockbuster qui, pour sa part, bénéficie d’une promotion conséquente sur grand écran. À savoir, Geostorm de Dean Devlin avec pour acteur principal Gerard Butler. Le comparatif s’arrête pourtant avec la similarité toute discutable du titre. Cela vaut pour les ambitions et les moyens déployés, ainsi que pour les points communs entre les deux productions, ne serait-ce qu’au niveau du scénario. Car l’on ne peut pas considérer le dérèglement climatique ou un séisme comme une ressemblance plus ou moins fortuite. En effet, il s’agit de l’apanage du genre.
Le déroulement de l’histoire est avant tout une pâle copie de ce qui a été maintes fois ressassé par le passé. On songe à un portrait de la famille recomposée, un rien dysfonctionnel, ainsi qu’à l’événement perturbateur qui «justifie» à lui seul l’existence du film. D’ailleurs, on se contente d’explications à l’emporte-pièce sur une collision spatiale qui vient dérégler la gravité de la Terre. Le prétexte est vaseux au possible et privilégie les raccourcis commodes à de plus amples détails. Si l’on ne s’attendait guère à un quelconque réalisme dans les propos, il est toujours agaçant de se heurter à une telle négligence de la part de scribouillards qui n’ont strictement rien à faire de ce qu’ils racontent.
Un désastre annoncé qui se concrétise...
Alors que le déroulement reste dynamique et néanmoins perclus d’incohérences en tout genre, on se rend finalement compte que Geo-Disaster possède plus de points communs avec San Andreas que Geostorm. La catastrophe en elle-même n’est autre que le Big One californien où la faille de San Andreas cède et impacte particulièrement la population de Los Angeles. Le fil narratif s’apparente à un calque éhonté, la présence imposante de Dwayne Johnson et le côté distrayant en moins. On ajoute à cela une petite touche de survivalisme post-apocalyptique et des situations qui se suivent et se ressemblent pour tenter de faire avaler la pilule de la déconfiture au spectateur.
Ce n’est pas tant les effets spéciaux qui s’avèrent affligeants. On peut néanmoins s’attarder sur des panaches de fumée surabondants pour masquer l’indigence des images de synthèse. Par exemple, la destruction des immeubles, les fenêtres brisées ou les routes qui se déchirent à la manière d’une fermeture zippée en fin de vie. De même, les rares coulées de lave et le tsunami en guise d’épilogue sont plus risibles qu’atroces. Mais ce qui est le plus handicapant réside dans ces silences gênés entre deux dialogues stériles. À contempler les regards vides et les gestes maladroits, on se retrouve avec une bande de bras cassés qui ne savent que faire ou dire. Bref, la direction des acteurs est complètement à côté de la plaque.
Le vieil homme et la mer !
Au final, Geo-Disaster n’est pas forcément le pire film catastrophe dernièrement produit par SyFy et Asylum. Pourtant, il n’en demeure pas moins d’une sombre nullité. Sans identité ni intérêt, le film de Thunder Levin (un patronyme prédéterminé?) s’avère une incursion poussive, sans grandes envies de la part de toute l’équipe. Cela vaut autant pour les scénaristes dénués d’imagination que les interprètes dépourvus du sens de l’improvisation et de présence face à la caméra. Avec des messages puants d’optimisme et d’une rare bêtise, la brièveté de cette gageure se solde par une conclusion expéditive où s’enchaînent les ultimes «fulgurances» de la catastrophe et un happy-end ridicule en guise d’épilogue. À ignorer.
Un film de Thunder Levin
Avec : Matthew Pohlkamp, Natalie Pelletier, Erich Riegelmann, Maggie Rose Hudson