Europa Report
Europa Report est un peu sorti de nulle part. Très discret lors de sa confection, puis lors de sa sortie (limitée) en salles américaines, il débarque chez nous directement en DVD sous la bannière de Metropolitan, un éditeur qui ne compte que peu de navets dans son catalogue.
Alors, quand en plus la jaquette annonce fièrement "un des films les plus excitants et réalistes sur la conquête spatiale depuis Moon ou 2001 : Odyssée de l'espace", ça place directement la barre très haute au niveau de l'attente, même si cette accroche a de quoi laisser un peu dubitatif, soyons honnêtes.
Eh bien, croyez-le ou non, mais Europa Report ne déçoit pas. Vraiment pas.
3... 2... 1...
Un équipage international d’astronautes est missionné par une société privée sur Europe, l’une des Lune de Jupiter, pour y chercher d’éventuelles traces de vie.
Après un atterrissage raté, le contact avec la Terre est perdu. Les six astronautes se retrouvent seuls sur cette planète glacée, et sont bien loin d’imaginer ce qu’ils vont y découvrir...
If you believed they put a man on the moon...
Ce qu'il faut savoir en premier lieu sur Europe Report, c'est qu'il s'agit d'un Found Footage. Alors, je sais, je vois déjà des boutons d'allergie qui poussent chez certains. Rassurez-vous, ici vous n'aurez pas droit à des caméras portées par des parkinsoniens qui s'agitent dans tous les sens. Au contraire, l'image est propre (sans doute trop même) et les plans sont presque toujours fixes puisque la plupart proviennent des caméras de surveillance placées tout autour de la navette spatiale.
Par contre, si le style documentaire vous rebute complètement, il est inutile d'aller plus loin.
Le film s'ouvre donc sur une succession d'interviews des personnes ayant participé au projet Europe, entrecoupées d'images "d'archives". Ce qui frappe d'emblée, c'est la crédibilité de ces séquences. Un gros effort a été fourni pour rendre le tout réaliste, et force est de constater que cela fonctionne. Le spectateur n'a pas l'impression d'être devant un film, mais devant un reportage. Cela changera un peu par la suite, lorsque les inévitables péripéties/rebondissements surviendront, mais dans un premier temps, on nous affirmerait que le film de Sebastián Cordero a été monté à partir d'images de la NASA que l'on y croirait sans problème.
Crédibilité est indubitablement le maître-mot d'Europa Report. Par exemple, la surface d'Europe, le satellite de Jupiter qui donne son titre au film, a été recréée à partir d'images véritables de la NASA, comme vous pourrez le voir dans les bonus consacrés aux effets spéciaux (des featurettes malheureusement trop courtes, mais vraiment intéressantes). Ce réalisme poussé à l'extrême, combiné à des effets spéciaux impeccables, donne des décors impressionnants, voire bluffants. Il faut voir ces images sous-marines de l'océan sous la glace d'Europe !
Gravity avant l'heure...
A vrai dire, il n’y a rien de spécialement novateur dans Europa Report. L'histoire est somme toute très basique et ne s'éloigne jamais de son concept simpliste de mission d'exploration spatiale.
Par contre, la chronologie non-linéaire choisie par Sebastián Cordero surprend, car cette manière de raconter ne manque pas de provoquer quelques confusions. C'est d'ailleurs à partir de ce moment que le spectateur se rend bien compte qu'il n'est plus devant un documentaire classique, mais bien devant un film qui cherche à maintenir son intérêt en lui annonçant, par exemple, la mort d'un personnage alors que celle-ci ne surviendra qu'une heure plus tard.
Cela étant, la réalisation se montre inspirée et parfaitement maîtrisée. Les angles de vue sont judicieux et le montage, si l'on ne tient pas compte des sauts dans le temps, est impeccable.
Personnellement, je mettrai juste un petit bémol aux images qui me semblent globalement trop "propres" pour un Found Footage de cet acabit. J'aurais préféré plus de parasites, comme dans Apollo 18, qui de ce point de vue était plus réussi (rassurez-vous, c'est le seul domaine où le film de Gonzalo López-Gallego surpasse celui de Cordero).
Le gros plan nasal, marque de fabrique du Found Footage depuis 1999...
Par ma part, j'ai adoré ce film. Je le conseillerais donc sans hésiter aux fans de science-fiction "réaliste", pour peu qu'ils ne soient pas allergiques au style du Found Footage. Les acteurs sont aussi bons que cosmopolites (un Sud-africain, un Suédois, un américain d'origine asiatique...) et parfaitement dirigés par un réalisateur équatorien.
Bref, un film de portée mondiale, au service d'une histoire universelle.
Geoffrey Claustriaux
Un film de Sebastian Cordero
Avec : Michael Nyqvist, Sharlto Copley, Christian Camargo, Daniel Wu