El Agua
El Agua est le premier film de la jeune réalisatrice Elena Lopez qui est allée le tourner dans son village natal, à mi-chemin d’Alicante et de Murcie. Et si l’énergie qu’elle y déploie est louable et le fond plutôt intéressant, il n’en demeure pas moins que son film ne sera pas accessible à tous, loin de là.
Des adolescents meublent l’ennui d’un été étouffant dans un petit village du sud-est de l’Espagne. Ils traînent, boivent, fument, dansent… Et au milieu de tout ça, une idylle se noue entre Ana, dont la mère tient le bar du village, et José, qui a longtemps vécu à l’étranger et dont le père est le propriétaire d’un champ de citronniers.
En parallèle, une vieille rumeur court dans les environs : la rivière qui traverse le village peut tomber amoureuse d’une jeune fille, déborder de son lit et l’entrainer avec elle.
Cette légende fantastique va constituer l’arrière-plan d’El Agua dont le sujet serait sinon banalement classique puisqu’il s’agit de raconter les premières amours d’un groupe d’adolescents et, plus original, la façon dont les habitant(e)s des petits villages se transmettent les légendes de génération en génération. Pour ce faire, Elena Lopez choisit un procédé plutôt inhabituel, à savoir entrecouper son film de pastilles face caméra, comme dans un documentaire, où les personnes interviewées racontent la légende.
Notons d’ailleurs ici la justesse de tous les acteurs, le duo principal Luna Pamiés/Alberto Olmo en tête.
Cependant, le film pâtit de sa longueur et de sa langueur. Ses deux héros, Ana et José, tombent si vite amoureux l’un de l’autre qu’aucune tension, aucun suspens n’a le temps de s’installer, et leur idylle met très longtemps à être perturbée. Par conséquent, El Agua fait du surplace, ne raconte rien et ne montre pas grand-chose, ce qui fait que le spectateur s’ennuie ferme… s’il n’a pas réussi à « entrer » dans le film, ce qui est le cas pour l’auteur de ces lignes.
En revanche, pour quiconque parvient à s’immerger dans El Agua (muhuhu !), l’expérience devrait s’avérer satisfaisante.
Pour l’anecdote, pendant tout le film, un orage couve. Lorsqu’il se déchaîne enfin dans son tout dernier quart d’heure, la réalisatrice utilise des images tournées, parfois à partir d’un simple téléphone portable, pendant l’ouragan qui a submergé la petite ville d’Orihuela en septembre 2019, ce qui ajoute un cachet effroyablement réalise à l’ensemble.
Le film est paru le 30 juillet 2023 en DVD chez Blaq Out.