Dominique : Les Yeux de l'Épouvante
Ceux qui le connaissent le savent, Michael Anderson est réalisateur solide, mais au style plutôt impersonnel, pour ne pas dire fonctionnel. On lui doit notamment le film de science-fiction Millenium où un inspecteur enquête sur le crash d’un avion qui aurait été provoqué par une civilisation du futur ; le sous-Dents de la Mer Orca ; mais aussi L'Âge de Cristal, ainsi que la minisérie adaptée des classiques littéraires de Ray Bradbury : Les Chroniques Martiennes.
Avec Dominique, les Yeux de l’Épouvante (un titre français un peu curieux), le réalisateur londonien revient, suite à l’échec d’Orca, à un genre autrefois en vogue et qui lui avait donné ses premiers succès : le thriller machiavélique né dans le sillon des plus grands succès d’Alfred Hitchcock, des productions à base de machinations, le plus souvent basées sur des héritages ou des intérêts pécuniaires.
Pour ce faire, Anderson se repose sur un scénario du couple Edward & Valerie Abraham (lesquels signeront par après Le Club des Monstres avec Vincent Price), scénario lui-même basé sur un roman de l’américain Harold Lawlor.
Dominique, la femme du riche homme d'affaires David Ballard, se remet à peine d'une chute dans l'escalier qu'elle commence à voir des choses étranges dans sa maison. Un cadavre pendu dans la serre ou des bijoux égarés, les occasions ne manquent pas pour juger ses visions et son comportement troublants. Dominique craint en effet que ce soit son mari qui lui fait subir toutes ces horreurs.
Poussée au désespoir, elle se suicide. Mais la quiétude de Ballard ne dure pas, puisqu'il commence à voir des apparitions de sa femme, revenue d'entre les morts pour le hanter...
Dans Dominique: Les Yeux de l’Épouvante, on retrouve donc tout un pan des thrillers paranoïaques qui ont suivi le sillage des Soupçons d'Hitchcock et du Hantise de George Cukor, sans oublier Les Diaboliques d’Henri-Georges Clouzot et Le Crime Était Presque Parfait (encore) d'Alfred Hitchcock, mais par rapport à tous ces modèles plus ou moins évidents, il n'y a dans le film de Michael Anderson aucune innovation qui lui permettrait de se démarquer.
Toutefois, soyons honnêtes, si Dominique ne brille pas par son originalité, le film possède néanmoins de nombreux atouts dans sa manche pour attirer le fan du genre, à commencer par l’indéniable savoir-faire indéniable de son metteur en scène.
Avec l’aide du directeur photo Ted Moore (Le Voyage fantastique de Sinbad, tous les James Bond jusqu’à L’Homme au pistolet d’or…), Anderson s’applique à créer une atmosphère mystérieuse en multipliant les éclairages inquiétants, parfois à grands renforts de filtres colorés (des images magnifiquement mises en valeur par le Blu-Ray de Rimini Editions soit dit en passant) mais les longues errances de ses protagonistes dans les couloirs vides, les apparitions spectrales et les portes qui grincent finissent par lasser un brin.
Quelques apparitions plus graphiques rehaussent un peu le niveau, mais, clairement, le film manque un peu d’intensité pour le spectateur habitué aux productions de ces trente dernières années.
Pourtant, de façon un peu curieuse mais qui doit certainement beaucoup à son rythme maîtrisé, Dominique ne se montre pas rébarbatif. Lent, oui ; ennuyeux, non.
Si Cliff Robertson (que les gens de ma génération connaissent surtout pour avoir incarné l’Oncle Ben de Tobey Maguire) se montre parfois un peu monolithique dans un qui aurait peut-être demandé un peu plus d’exubérance, le reste du casting est impeccable, à commencer par Jean Simmons (Hamlet, Spartacus), elle-même bien secondée par Simon Ward.
Bref, pas une oeuvre indispensable qui doit absolument être vue, mais un film sympathique qui peut mériter votre curiosité.
Proposé dans l’habituelle collection Angoisses de chez Rimini Edition avec digipack et fourreau cartonné au design reconnaissable, Dominique s’accompagné comme toujours du livret « making of » concocté par Marc Toullec, et si la piste française est de qualité médiocre (un avertissement l’indique en début de film), l’image est magnifique.
Un film de Michael Anderson
Avec : Cliff Robertson, Jean Simmons, Jenny Agutter, Simon Ward