Après avoir initié la franchise
Iron man au cinéma,
Jon Favreau s'en retourne vers une autre adaptation de comics au pitch assez improbable. XIXe siècle, Arizona. Un amnésique se réveille aux abords d'une petite bourgade du far-west. L'accueil n'est pas des plus chaleureux, mais les divergences de points de vue sont rapidement oubliées lorsque des vaisseaux spatiaux surgissent et enlèvent des êtres humains. Il va devoir s'allier avec un ancien militaire reconverti dans l'élevage de bétail pour retrouver leur famille. La conjugaison du western et du cinéma de genres n'en est pas à sa première tentative. Zombies, vampires, créatures monstrueuses diverses et variées, les idées ne font pas défaut, quitte parfois à sombrer dans le ridicule.
Une rencontre du 3e type mouvementée.
Aussi, il ne manquait plus qu'à ce tableau nos bons petits hommes verts qui semblent avoir pris des hormones de croissance. On le comprendra aisément, le scénario n'est clairement pas l'intérêt premier de Cowboys & envahisseurs. On débute dans la plus grande tradition du western pour poser les bases de ce qui sera un récit malheureusement prévisible tant dans ses tours et détours à propos d'une invasion imminente. En soi, ce ne serait pas surprenant s'il n’y avait pas cinq noms crédités pour son écriture. Rien que pour cela, on aurait aimé voir une véritable histoire brodée autour des personnages et d'un mélange des genres assez incongrus. Au lieu de cela, bon sentiment et séquences prémâchées aux stéréotypes hollywoodiens sont de circonstances.
On a l'impression que les scénaristes se sont reposés sur leurs lauriers. À tel point que cela en devient préoccupant. On nous sert une intrigue bateau dont la seule originalité réside dans l'intervention des extraterrestres à l'époque du far-west en espérant contenter les foules. Mais personne n'est dupe. Certaines explications ou « rebondissements » qui amorcent la bonne progression de l'histoire sont beaucoup trop faciles pour se justifier. Parfois invraisemblables, parfois pénibles, tant il est navrant d'user de tels subterfuges. Une mort impromptue, la « méthode » pour enlever le bracelet de fer, l'assaut du vaisseau, la raison de la venue des E.T. ou le final très « Lucky Luke » font peine à voir.
On ne bouge plus.
Certes, le scénario n'est pas à la hauteur, mais peut-être que l'intérêt de Cowboys & envahisseurs est tout autre. Attardons-nous sur le casting qui, au vu des noms associés au projet, serait un gage de qualité. Harrison Ford et Daniel Craig. L'affiche est attrayante. Le constat est plus mitigé. Non pas que le talent des deux hommes est à remettre en cause, mais leur personnage ne les aide nullement à se démarquer. Les protagonistes ainsi que les seconds rôles pâtissent d'une caractérisation caricaturale. Le cow-boy solitaire aux faux airs de mauvais garçon, l'ancien colonel bourru et têtu comme une mule, mais au grand coeur, le fidèle indien serviable, le doc. coincé, la tête à claques de fils à papa, la belle brune, ingénue et mystérieuse, le révérend sage, et pragmatique.
Nous sommes en présence d'une brochette de personnalités aussi fades que le reste. De fait, les acteurs jouent davantage sur leur charisme ou leur physique au lieu de broder une véritable interprétation autour de leur rôle. Comme si cela n'était pas suffisant, la première rencontre avec des Indiens nous fait retourner dans les westerns où ils n'étaient que de stupides sauvages où ils braillaient en étant peinturlurés de manière grotesque. Difficile de croire que le cinéma (a fortiori des blockbusters) puisse véhiculer ce genre de préjugés sujet à propagande (notons que se sont les Américains qui ont pillé les terres des Indiens et non l'inverse) et ce n'est pas leur alliance face aux aliens qui changera la donne. Toujours est-il que ce constat est similaire au reste : désolant et simpliste.
Un duo d'acteurs attrayants, mais qui ne tient pas toutes ses promesses.
Du reste, il faut reconnaître que les moyens engrangés confèrent une image propre et sans fioriture, peut-être un peu trop d'ailleurs. Les décors, également peu variés, sont correctement mis en valeurs. La petite ville d'Absolution, les plaines arides, les canyons. Toutefois, on dénotera une certaine complaisance dans des lieux déjà largement exploités. Exception faite du bateau retourné à plus de 800 kilomètres du premier point d'eau navigable, il n'y a aucune originalité. Même le vaisseau spatial peine à convaincre. Une sorte de cigare géant high-tech dont les couloirs succèdent à des grottes sombres, très sombres. Il y avait pourtant matière à créer un univers attachant et complètement fou.
En ce qui concerne nos chers aliens que nos cowboys décrivent comme des démons échappés de la Bible (une appellation authentique), ils sont à la fois grands, moches et bêtes en dépit de leur manie à effectuer leur autopsie sur des humains (vivants de préférence). Leur apparence manque de mordant. Au lieu d'être en face d'une espèce intelligente, on a l'impression de faire face à un gros ours intergalactique qui, chose assez remarquable, s'ouvre la cage thoracique pour sortir une autre paire de bras. Si les effets spéciaux ne sont pas à remettre en question, le design est quant à lui des plus perfectibles.
Le danger vient du ciel !
Bref, Cowboys & envahisseurs peut se targuer de posséder un casting de qualité, un réalisateur talentueux, une esthétique attrayante et même d'un semblant d'originalité dans le mélange science-fiction/western. Il n'en demeure pas moins un blockbuster très prévisible qui ne cesse de plonger le spectateur dans les affres de la perplexité. Alors que le pitch de départ laissait croire à un scénario inventif et loufoque, on ressort avec une production véhiculant caricatures et mièvreries pour ne surtout pas froisser les bonnes moeurs de la ménagère en mal de sensations fortes. Un physique certes, mais rien de moins qu'un film creux, conventionnel qui montre ô combien Hollywood n'est pas prêt à prendre de trop gros risques.