Blair Witch
Trop similaire à son modèle, Blair Witch ne parvient pas à se forger sa propre identité et offrir la continuité espérée par les premières lignes du scénario. Un found-footage conventionnel qui évente d’une piètre manière le mystère de la sorcière de Blair pour un résultat sans envergure.
S’il n’est pas le précurseur du found-footage, Le projet Blair Witch est parvenu à donner l’élan nécessaire à ce sous-genre pour se démocratiser. Il en résultait quelques bobines intéressantes et malheureusement de nombreuses dérives mercantiles aussi creuses qu’une coquille d’œuf vide. En général, on apprécie ou on déteste. Dans pareil cas, il n’existe pas de demi-mesure. La saga s’était toutefois fourvoyée dans une pseudo-suite difficilement regardable. Il paraissait donc improbable qu’elle revienne sur grand écran après seize années d’absence. Ce retour aux sources répondra-t-il à certaines questions demeurées en suspens ou avons-nous droit à une itération purement opportuniste?
On les avait pourtant prévenus...
Il est vrai que le premier métrage était parvenu à développer sa propre mythologie autour de la sorcière de Blair. Folklore local, superstitions sans valeurs, malédiction? Le peu d’éléments disponibles suscitait autant d’interrogations que de mystères, et ce, encore après la fin du film. À l’époque, la mise en scène et le concept même du found-footage nourrissaient pas mal de doutes et laissaient le spectateur dans l’expectative. Or, appréhender ce troisième opus (qui n’est ni un reboot ni un remake) en occultant les évènements du Livre des ombres exige un minimum de cohérences. Soit, l’on décide d’éventer la légende et de lui offrir une explication, rationnelle ou pas. Soit, on entretient le côté énigmatique.
Le présent film va pourtant jouer sur les deux tableaux sans vraiment trancher. On peut saluer le fait de proposer une continuité, un lien, avec le premier volet. Cependant, il se révèle avant tout un prétexte bancal pour sombrer dans les méandres de la forêt. Autre point peu enclin à remonter la pente, la trame se calque sur son modèle avec un minimum de différences pour moderniser l’ensemble. Certains passages sont plus dynamiques et nerveux que d’autres, mais ils contrastent avec des phases d’exploration redondantes. La perte de repères n’est absolument pas ressentie et la mise en valeur de l’environnement ne concourt guère à s’immerger dans ces contrées hostiles.
Les superstitions, ça tue !
Même l’ajout d’éléments technologiques tels que le drone se montre peu pertinent. Quant au jeu des caméras, on alterne entre les différents points de vue d’une manière assez fluide et un peu trop professionnelle pour un simple found-footage. Impression atténuée en fin de parcours avec des angles qui trahissent une intervention extérieure pour filmer les séquences. Il est vrai que la légende demeure toujours agréable à découvrir. Comme évoqué un peu plus haut, on explore quelques pistes qui tendent à expliquer l’histoire de la sorcière de Blair, notamment les fameux hommes de paille accrochés aux arbres trouvent ici leur raison d’être.
Mais Blair Witch se fourvoie véritablement dans sa propension à sombrer de manière trop explicite dans le surnaturel. Tout l’aspect psychologique, en particulier quand on se situe dans la maison, passe à la trappe. S’il résidait de nombreux points à éclaircir dans Le projet Blair Witch, le scénario propose des réponses en demi-teinte tout en suscitant d’autres interrogations chez le spectateur. L’intention est confuse, le résultat peu probant pour réellement convaincre. On se retrouve avec une histoire qui, malgré de bonnes idées, s’éparpille aux quatre vents sans réunir les pièces du puzzle.
Et ça vous retourne la tête.
Au final, la version 2016 de Blair Witch ne se révèle guère concluante. Si le cadre et le retour au found-footage permettent de renouer avec l’esprit du premier film, l’intrigue sombre dans une progression éparse qui souffle le chaud et le froid. Les comportements peu crédibles de certains intervenants n’amènent guère à susciter l’empathie ou un quelconque sentiment d’immersion. Quelques explications à l’emporte-pièce, des phénomènes qui jouent la surenchère au lieu de l’effroi et un épilogue aussi prévisible que décevant... Nul doute que l’exhumation de la saga se solde par une production calibrée pour le grand public dont la connaissance des deux précédents volets n’est guère indispensable.
Un film de Adam Wingard
Avec : Valorie Curry, Callie Hernandez, Brandon Scott, James Allen McCune