Au Service de Satan
Un gamin rêve de devenir l'assistant du Diable à l'occasion de la fête d'Halloween, et voit son voeu s'exaucer. Mais Satan n'est pas aussi cool qu'il ne le pensait au début !
Un jeune garçon, un peu timide et farouche, attend avec impatience le retour de sa grande soeur à l'occasion d'Halloween, afin de récupérer des bonbons et tenter de dénicher Satan, dont il rêve de devenir l'assistant, comme dans le jeu vidéo qu'il adore. Mais cette soirée idéale va virer au cauchemar avec l'irruption du petit ami de la grande soeur, et de Satan en personne. Débutant sur le même ton, celui du fantastique destiné à un jeune public, que bien des téléfilms diffusés à l'occasion des fêtes d'Halloween, Satan's Little Helper n'a rien du film gore tentant de surfer avec succès sur le chemin tracé par l'illustre film de 1978 signé John Carpenter, même si la célèbre fête américaine sert d'écrin à ce métrage, situé sur une île.
Metteur en scène méconnu, dont les autres films dataient du début des années 80 (Survivance, La Nuit des Vers Géants), Jeff Lieberman dispose déjà, pour ce petit film, d'une certaine liberté, portant ici également les casquettes de producteur et de scénariste de ce film assez original par sa forme. En effet, fleurant bon un charme naïf et nostalgique d'un certain cinéma, aujourd'hui envolé, Au Service de Satan, à l'instar d'un Bubba Ho-Tep, laisse de côté les poncifs du genre et se consacre davantage à certains détails, ce qui donne une touche novatrice à l'ensemble. Les personnages, d'entrée, sont assez uniques en leur genre, entre le gamin, quelque peu pataud, et sa mère, sacrément allumée (Amanda Plummer, plus à l'aise que jamais), en passant par le méchant du métrage, Satan lui même, adepte du doigt d'honneur et des blagues potache (voir la scène du produit vaisselle versé dans le punch lors de la soirée costumée). L'autre point intéressant de ce film à petit budget est qu'il ne se prend guère au sérieux. Sans être résolument parodique (car Satan n'est pas toujours aussi drôle et sympathique tout au long du film), il ne compte pas se proposer comme l'éternel nouveau slasher choc de l'année, sorte d'alternative bon enfant aux deux extrêmes.
Car Satan's Little Helper démontre les deux aspects de ces films. Les scènes qui font sourire sont assez nombreuses et variées, les deux principales étant celle au château (Amanda Plummer y est la victime d'un Satan fétichiste, adepte d'une nouvelle forme de bondage, très nouvelle cuisine) et celle du supermarché (avec une course de chariot dotée d'une bonne dose d'humour noir). La dernière partie du film flirte parfois davantage avec l'épouvante pure. Le meurtre du père y dévoile un peu de tripaille et les différents masques du méchant, ainsi que quelques silences pesants, peuvent parfois réussir à instaurer un climat davantage lugubre à l'ensemble, qui bascule au bout d'une heure environ dans un cadre plus sombre, à mesure que l'identité du tueur masqué devient floue. Certes, les effets spéciaux n'ont rien de brillant, mais cela ne nuit pas trop à l'atmosphère du film, qui aurait finalement été assez convaincant s'il avait été ainsi dès le générique, plutôt que de démarrer comme un épisode de la série Chair de Poule.
En effet, le souci majeur d'Au Service de Satan se situe dans son manque de constance et de rythme, en général propre aux produits mineurs. Le début du film, prenant le temps de présenter les cinq principaux personnages du film, n'a rien de vif et de spectaculaire. La rencontre entre Satan et l'enfant traîne en longueur, et voir Satan renifler des petites culottes au sous-sol tandis que les autres savourent un cidre chaud à l'étage est aussi peu conventionnel qu'il en est incongru, ensemble peu aidé par un scénario finalement bien mince. Naviguant un peu entre deux eaux, ce métrage s'avère en fait sympathique mais aussi inconstant et limité dans son impact. Film fantastique à part dans un univers cinématographique privilégiant désormais effets numériques, bande son metal et filles dénudées, Au Service de Satan propose un agréable moment de détente et de mystère qui, sans laisser un souvenir impérissable, devrait réunir un assez large public.
Un film de Jeff Lieberman
Avec : Katheryn Winnick, Alexander Brickel, Amanda Plummer, Stephen Graham