Voir la fiche complète du film : Antarctic journal (Pil-Sung Yim - 2005)

Antarctic Journal

Entre un film d’aventures qui tourne à la catastrophe et une tonalité fantastique timorée, Antarctic Journal se distingue par son rythme contemplatif qui pourra laisser indifférent une partie de son public. L’atmosphère instaurée n’en demeure pas moins percutante pour mieux magnifier l’exploration d’un continent isolé à travers le désespoir de ses protagonistes. Malheureusement, ceux-ci ne sont guère attachants et constituent le talon d’Achille de cette production qui, à leur image, a tendance à se perdre en chemin. Dommage au vu des ambitions psychologiques que suggère l’orientation de la trame.

Publié le 21 Mars 2020 par Dante_1984Voir la fiche de Antarctic journal
6

Le cinéma asiatique des années 2000 s’est particulièrement distingué en occident par ses récits d’épouvante et autres histoires horrifiques. S’il est inutile de citer les références inhérentes à ce courant, on peut toutefois évoquer la qualité des atmosphères dépeintes; tour à tour glauques, malsaines et oppressantes. En règle générale, ce type de productions s’appuie sur le folklore local, conférant une touche d’originalité, voire d’exotisme selon le point de vue abordé, aux métrages. Aussi, il paraît presque improbable, pour ne pas dire antinomique, de concilier un récit d’aventures en Antarctique sous le prisme d’un scénario à la lisière du fantastique.

Un regard pour le moins glacial...

Car Antarctic Journal s’éloigne de l’Asie pour explorer le désert du Continent blanc. En l’occurrence, le pitch initial propose de suivre les membres d’une expédition coréenne qui souhaite atteindre le pôle d’inaccessibilité. Une appellation prédéterminée qui présage déjà des obstacles et des péripéties à venir... Toujours est-il qu’on devine d’emblée un rythme volontairement lent, voire contemplatif à certains égards. À l’instar de la progression laborieuse des protagonistes, la trame évolue patiemment, quitte parfois à jouer de staticité dans sa présentation des faits. Là où certains y verraient une approche méticuleuse, il en résulte toutefois un traitement assez exigeant.

Cette dernière considération vaut autant pour la narration que pour le spectateur, dont la manière d’aborder le métrage définira son impression. Le film de Pil-Sung Yim peut paraître d’ailleurs assez inaccessible, voire élitiste dans ses propos. Si l’ensemble demeure intelligible, les intentions et les éléments sous-jacents le sont nettement moins. De même, l’aspect fantastique n’est que suggéré, rarement explicite. Cela reste frustrant, surtout lorsqu’on évoque quelques hallucinations assez inattendues ou encore la présence du fameux journal d’une précédente expédition. Son importance n’est que de façade. Aussi, l’on aurait aimé une interaction plus poussée de ce côté.

Un duel au sommet !

Quant aux hallucinations, elles peuvent aisément trouver une explication rationnelle, ne serait-ce qu’à travers cette tournure désespérée qu’emprunte cette expédition. On songe à la sous-alimentation, l’isolement ou la promiscuité. Un constat très paradoxal face à l’infinité des espaces blancs qui se déploient de toute part. Par ailleurs, ces étendues désertiques peuvent aussi être propices à des «mirages». Mais c’est surtout cette perte de repères soutenue par l’absence de contrastes qui prévaut. On distingue à peine des variables entre teintes blanches et grises. Dans ces conditions, l’horizon demeure invisible et dénote un manque total de perspectives, même minimes pour les protagonistes.

En revanche, ces derniers constituent nettement le point faible du métrage. On passera outre sur leur accoutrement qui floue sciemment leur identité pour déplorer des considérations somme toute basiques. Entre résilience, aveuglement et fatigue, les personnalités se heurtent par le biais de dialogues interchangeables où chacun donne de ses réflexions philosophiques et introspectives sur leur participation à l’expédition. Il s’agit d’un réel handicap puisque l’un des principaux intérêts du film est d’effectuer une déconstruction psychologique censée les pousser dans leurs retranchements, eux-mêmes étant le catalyseur de leur propre folie.

Une porte de sortie pour les membres de l'expédition ?

Au final, Antarctic Journal est une production qui interpelle par son ambiance sibylline. La tonalité fantastique demeure une conséquence plus ou moins latente de l’isolement au cœur d’un espace à la fois vaste et insondable. Tout comme la mise en scène, cet aspect constitue un élément notable à la manière dont on aborde le film de Pil-Sung Yim. On apprécie cette façon de dépeindre l’environnement pour mieux souligner ce sentiment de perdition à travers le parcours des personnages, mais aussi leur cheminement psychologique. Il est donc regrettable que la caractérisation ne suive pas les choix artistiques du cinéaste. Les échanges sont dispensables, tandis que les situations peinent parfois à trouver un nouvel élan. Une œuvre singulière, mais non dénuée de maladresses.

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

Carver
**Attention, cette critique contient des spoilers** Deux frères rejoignent un couple d'amis pour un week-end à la campagne avant de reprendre les cours à l'université. En chemin, ils font la connaissance d'un barman qui leur propose de nettoyer sa grange en échange de quelques consommations gratuites le soir même. Ils acceptent, et découvrent sur place des films d'horreur qu'...
Sharknado 2
Quand on touche au survival animalier, on découvre davantage d’étrons indigestes plutôt que de véritables pépites. Des producteurs peu scrupuleux tels que SyFy ou Asylum ont tôt fait de dénaturer le genre popularisé par les Dents de la mer pour en faire des «trucs» où l’absurde côtoie des abysses de stupidités insondables. Avec Sharknado , l’on se dit qu’on atteint le summum de la débilité...
Détour Mortel 5: Les Liens du Sang
Jusqu'ici, la saga Detour Mortel avait su conserver un niveau qualitatif très honorable compte tenu de son budget et de ses chapitres formatés pour le DTV. Un exploit quand on la compare à d'autres franchises qui ont sombré bien plus vite qu'elle dans la médiocrité (au hasard, les Hellraiser ). Mais cette fois ça y est, mes bons amis, Détour Mortel 5 est l'épisode qu'il ne...
Devil May Cry
Bien connu des amateurs d'action « stylée », la saga Devil may cry s'est tissée une solide réputation auprès des joueurs. Une décennie où Dante a combattu les démons de tout poil et s'est octroyé quelques petits caméos dans d'autres jeux vidéo (Viewtiful Joe, Lucifer's call). Un personnage emblématique, à l'identité forte et au charisme indéniable. Pendant que nous attendons toujours l'adaptation...
Il Gatto Dal Viso d'Uomo
Tandis que la ville est la proie de meurtres sanglants commis par un mystérieux tueur masqué surnommé "Il Gatto" (le chat), un homme solitaire et désabusé rencontre une auto-stoppeuse avec qui il passe la nuit. Depuis quelques années, le giallo renaît de ses cendres. De manière paradoxale, ce retour en force de ce sous-genre cinématographique bien particulier a lieu en dehors de l'Italie. En...
Antarctic journal
Réalisateur:
Sortie France:
Durée:
115 min
6.4
Moyenne : 6.4 (5 votes)

Antarctic Journal trailer - www.elephantfilms.com

Devinez le film par sa tagline :

The people of this city are being terrorized. The crimes have no motives. The killers have only one explanation...

Thématiques