Amityville : The Awakening
Depuis les années 1970, l’affaire Amityville n’a eu de cesse de défrayer la chronique. À partir du fait divers original et du livre, les films qui ont suivi nous ont donné du classique (les deux premiers volets), du correct et du mauvais, proche du nanard, comme la troisième itération. Vu de l’hexagone, on pourrait croire que la saga s’en soit tenue au remake. Or, la production exponentielle de métrages outre-Atlantique a fourni quelques aberrations et autres opportunités aux vagues relents mercantiles qui demeurent encore inédits dans nos contrées. Aussi, la reprise de la franchise par Franck Khalfoun est plutôt une bonne nouvelle. L’homme s’est surtout illustré avec le remake réussi de Maniac.
On en revient aux poncifs...
En guise de petit rappel, l’entame s’effectue en évoquant le cas de la famille DeFeo avec de vraies fausses images d’archives. L’ensemble étant un mélange coincé entre fiction et réalité. Toujours est-il que ce procédé tend à donner le ton général de l’intrigue par la suite. Non pas en se fourvoyant dans une sorte de faux documentaire grossier et hors contexte, mais en jouant la carte du réalisme. De la possession démoniaque avérée à la supercherie de bas étage, Amityville est le lieu de tous les fantasmes et de toutes les spéculations. C’est pourquoi, le cinéaste préfère se concentrer sur le noyau des événements en tâchant d’oublier tout ce qui a pu être fait auparavant. Enfin, presque.
D’ailleurs, les intervenants, secondaires comme principaux, connaissent l’histoire et la transmettent à la manière d’une légende urbaine. On ne sait trop ce qui est vrai, inventé ou du domaine de l’invérifiable. On aura même droit à quelques clins d’œil et référence, encenseurs pour les deux premiers métrages et sans concession pour le remake. On ne se trouve pas en présence d’un film dans un autre film. Ce procédé a l’avantage d’impliquer davantage le spectateur et de transposer les protagonistes dans un cadre plus pragmatique et donc plus réaliste. Autrement dit, les intentions sont réellement bonnes et l’approche initiée tend à confirmer cet état de fait.
Avec en prime quelques bonnes lectures.
Malheureusement, il persiste certaines maladresses difficilement compréhensibles. À commencer par le sempiternel prétexte d’un nouveau départ dans une nouvelle maison. Dans ce cas, l’on parlera de la transaction et non de la demeure en elle-même. Bref, l’histoire reste très classique dans ses fondamentaux et s’inspirent de diverses influences plus ou moins récentes pour avancer son propos. Si le visage de la famille monoparentale est plus d’actualité qu’il y a 40 ans, la caractérisation des enfants l’est également. L’aîné dans le coma, sa sœur jumelle dépressive et percluse de culpabilité, sans oublier l’innocente benjamine. Chose étonnante, elle ne sera pas le catalyseur des forces du mal, comme on a pu le voir dans d’autres opus.
La trame ne recèle donc aucune surprise. Elle se montrera à l’image de l’aspect surnaturel. Là encore, difficile de dénicher la moindre fulgurance. Les jump-scares sont convenus au possible. Les manifestations paranormales le sont également. L’épisode des mouches, l’amélioration de l’état de James, le chien assassiné sauvagement, la possession... La montée en puissance de la présence démoniaque est aussi inéluctable que prévisible, tant l’ensemble suit un schéma relativement rigide dans sa construction. À la rigueur, seul un élément de dernière minute vient chambouler quelque peu l’orientation du récit et la perspective que l’on puisse s’en faire, mais rien de révolutionnaire.
Pas toujours simple de schématiser le mal !
Ce qui s’annonçait comme le renouveau de la saga Amityville accouche finalement d’un film mineur qui porte à peu de conséquences. Clairement au-dessus des dernières productions proches du Z, Amityville - Le réveil manque toutefois d’inspiration. Malgré sa volonté de revenir aux sources, le résultat n’est qu’à moitié convaincant. La faute à un scénario et une atmosphère qui ont toutes les peines du monde à surprendre, surtout pour les spectateurs familiers de l’histoire. C’est un peu comme si le film de Franck Khalfoun présentait une synthèse de tout ce qui a été fait auparavant, le bon, comme le moins bon. Étrange constatation, surtout quand on sent que les intentions étaient de s’en écarter le plus possible.
Un film de Franck Khalfoun
Avec : Jennifer Jason Leigh, Bella Thorne, Thomas Mann, Cameron Monaghan