Voir la fiche complète du film : ABC of Death (Angela Bettis, Xavier Gens, Noboru Iguchi, Nacho Vigalondo, Kaare Andrews, Jason Eisener, Ben Wheatley, Adam Wingard, Simon Rumley, Yoshihiro Nishimura, Jorge Michel Grau, Adrián García Bogliano - 2012)

ABC of Death

Malgré quelques segments relativement bons, un film à sketches qui peine à convaincre.

Publié le 13 Avril 2014 par AqMEVoir la fiche de ABC of Death
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Quand on veut faire un film à sketches, il faut une idée de base cohérente et claire. Si Creepshow s’est fait, c’est grâce à la BD de Bernie Wrightson. Si on a eu Deux Yeux Maléfiques, c’était pour présenter deux fils sur la mort de façon très différente. Si on a eu V/H/S, c’était pour mettre en avant de vieux films horrifiques sur ce support culte. Bref, tout cela part d’un concept plus ou moins excitant pour fournir un vivier d’idées et mettre en avant des réalisateurs qui n’ont parfois pas encore le budget nécessaire pour faire un vrai film. ABC of Death part d’un concept intéressant. 26 réalisateurs se voient attribuer d’une lettre de l’alphabet, à laquelle il doit associer un seul mot et faire un court-métrage de ce mot ayant un rapport avec la mort. Voilà donc comment attirer le chaland et l’amateur d’hémoglobine devant son vendeur de galettes pour se taper 26 courts-métrages. Malheureusement, le résultat ne sera pas à la hauteur de nos espérances !


Prête pour un défilé de mode hallal !

Non pas que tout soit mauvais, loin de là, mais on notera un énorme déséquilibre entre certains courts-métrages, que ce soit dans la qualité, dans la quantité ou alors dans le ton abordé et le format. En effet, il y aura de tout dans ce film, du film d’animation, à de l’horreur, à du grand n’importe quoi ou encore à du très très court métrage. Le premier signé Nacho Vigalondo (Abandonnée) est plutôt plaisant bien que l’on ne comprenne pas tout dès le départ. Un homme se fait sauvagement assassiner par sa femme après de longues souffrances. La fin est bien trouvée et on se dit que l’on va bien se régaler. Et ce sera le cas avec certains courts métrages. On pourra citer celui de Xavier Gens qui signe la lettre X pour XXL et qui offre le meilleur segment du film avec une véritable réflexion sur le monde et sur les attitudes des gens. Malheureusement, ce sera bien le seul à fournir une quelconque intelligence à son court. Bien entendu, d’autres segments sont sympathiques à suivre, comme celui qui raconte un conte pour enfant qui va se révéler plus vrai que nature et bien gore ou encore le segment V pour Vagissement qui est très bien foutu et qui n’hésite pas à montrer la décapitation d’un bébé (qui est le fils du réalisateur, Jake West !) dans un univers de science-fiction bien sympa.

Mais beaucoup (trop) de courts-métrages sont de facture très moyenne voire carrément décevant. Si l’on prend le segment de Ti West, on sent clairement que ce dernier se fiche carrément de la gueule du spectateur, proposant une histoire où une nana a ses règles et essaye de déboucher les chiottes. On notera aussi les segments asiatiques, trop loufoques, ou qui partent dans le grand n’importe comme cette histoire de samouraïs à base de grimaces ou encore le dernier qui oppose une nana seins nus avec une ceinture gode de trois mètres de long avec un couteau qui sort du prépuce. L’histoire est incompréhensible et le tout fait vraiment cheap. Le segment pour F pour Flatulences est d’une nullité absolue, ne reflétant rien et surtout ne racontant absolument rien avec des effets spéciaux vraiment bas de gamme. Enfin, le segment d’Andrew Traucki est aussi très mauvais (G pour Gravité), filmé en Gopro et montrant une planche de surf qui tient à la verticale au milieu de la mer. On cherche encore la mise à mort et l’effet de peur.

Mais tout cela reste contrebalancé par des courts plus intéressant de par leur qualité artistique. T pour Toilettes, tout en pâte à modeler est drôle et bien subversif. Tout comme le segment pour la lettre H, avec des personnes déguisées en chatte nazie et en chien, où la loufoquerie va côtoyer le mauvais gout, pour résultat hallucinatoire. On passera par contre volontiers sur le segment K pour Krottes Tueuses qui est d’une nullité crasse (ou Krasse). Et à côté de ses segments animés, on a d’autres segments à la qualité artistique redoutable, comme D pour Duel de Chiens de Marcel Sarmiento (Deadgirl). Sans aucune parole, à base de ralentis et de musique, le réalisateur propose quelque chose de léché et de finalement assez intelligent. Niveau intelligence, on peut aussi parler du Q pour Quack, d’Adam Wingard, qui se pose la question de ce qu’est le cinéma d’horreur et de comment se démarquer des autres en proposant quelque chose de différent. Malheureusement, si le propos est louable, le résultat est assez pitoyable, à cause d’une fin ridicule et trop rapide.


La poêle est décidément une arme de destruction massive.

Enfin, on peut parler des films plus subversifs, qui ne sont ni drôles, ni effrayants, mais qui vont jusqu’au bout et proposent des courts dont on ne sait qu’en penser. C’est le cas avec le film de Xavier Gens, mais il a un véritable fond. Les deux autres courts dérangeants posent le problème du message et de la réflexion. Sont-ils là pour choquer ou pour dire quelque chose ? On peut se poser la question avec R pour Retiré de Srdjan Spasojevic (A Serbian Film) qui est ragoutant mais qui reste très obscur dans sa narration et son intérêt. Mais le pire dans tout cela, c’est le segment L pour Libido, où un concours de masturbation est organisé et celui qui éjacule en dernier meurt, transpercé par un pique qui rentre dans le postérieur. Le film aurait pu être drôle et sulfureux, sauf que lorsque l’on aborde la pédophilie ou le handicap avec une nana qui se masturbe avec sa jambe de bois, le résultat est différent et on se demande où veut en venir le réalisateur.

Au final, ABC of Death est un film à sketches qui peine à convaincre. Si certains segments sont bons et relativement plaisants, une grande partie est de qualité médiocre voire pire, tant on a le sentiment de se moquer de nous. Néanmoins, difficile de blâmer les réalisateurs qui ont bossé avec 5000 dollars chacun pour fournir quelque chose qu’ils estimaient potable. Néanmoins, cette compilation a pour effet de nous faire réfléchir sur ce qu’est le cinéma d’horreur et comment l’exploiter différemment, si l’essai n’est pas forcément transformé, ça reste quand même une bonne initiative.

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Devinez le film par sa tagline :

1991: Civilization Is Dead. Violence, hunger and horror are rampant... There is no law! All that are left are bands of Ravagers.
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