Amityville : La maison de poupées
Après sept films d’une qualité inégale, la saga Amityville est parvenue à dénaturer l’idée initiale, reléguant les sordides faits divers du 112 Ocean Avenue à des histoires de fantômes bancales et prévisibles. Les réalisateurs de seconde zone se sont succédés en usant avec plus ou moins d’habiletés les mêmes ficelles. La particularité des dernières productions ne provient pas de manifestations paranormales saisissantes ou angoissantes, mais de la possession d’objets. Après la lampe, l’horloge et le miroir, cette suite illogique nous donne... la maison de poupées! Dernier film à voir le jour avant le remake de 2005, cet «ultime» opus renoue-t-il avec les qualités des deux premiers métrages?
Le déménagement risque d'être compliqué...
Comme nous ont habitués ses prédécesseurs, il ne faut pas chercher une quelconque cohérence si ce n’est dans l’architecture de la demeure, ici reprise à l’identique. Celle-ci est, pour ne surprendre personne, habitée par le malin au sens propre, comme au figuré. Toutefois, là où ne s’appuyait que de prétextes pour mettre en branle une machinerie défectueuse, la maison de poupées offre davantage d’interactions et de possibilités. Le fait qu’un événement se déroule dans le jouet, comme un feu de cheminée, est amené à se reproduire dans la réalité avec la grandeur d’échelle que cela suppose. En cela, le principe est suffisamment original pour retenir l’attention, même si les effets sont éculés et prévisibles.
On notera toutefois certains éléments inattendus tels que le passage vers une dimension parallèle, infernale au vu de ce qui s’y terre. Le traitement de fond imite un schéma plus classique. Les phénomènes de hantise se multiplient et s’aggravent avec des situations relativement variées. On songe à l’attaque de la «guêpe», les cauchemars de Bill, le père, ou, plus surprenant, l’irruption d’un mort-vivant. Ainsi, on touche à peu près à tous les aspects que peut suggérer la manifestation d’un poltergeist ou d’un démon. La présence d’une petite fille tend à offrir un point de vue privilégié pour constater l’ampleur des pouvoirs à l’œuvre.
Une famille qu'on aime mettre en boîte !
Dans le rapport à la tentation et aux plaisirs sexuels, le côté charnel occupe également une place centrale en la personne de Claire, la belle-mère. Cela ne se traduit pas par une possession, mais par une obsession compulsive qui dévoile des conséquences quasi incestueuses. Là encore, le procédé a déjà été employé auparavant, notamment dans l’exécrable sixième volet. De même, on retrouve ce cadre familial recomposé qui prend ici un peu plus d’épaisseur. Certes, on ne s’éloigne pas de certains poncifs assez faciles, mais l’ensemble reste globalement vraisemblable au regard de ce que l’on a pu constater dans les précédents scénarios.
Il est toutefois à regretter des liens toujours aussi ténus avec le 112 Ocean Avenue. L’intrigue disposait pourtant de certains tenants assimilables à Amityville. Preuve en est avec l’enfance de Bill, la construction de la maison sur les ruines d’une ancienne demeure ou le don de prescience de la famille Martin. Autant de points qui sont ici avancés, mais guère approfondis dans le sens souhaité. Et ce ne sont certainement pas de vieux articles de journaux et une séance ésotérique tardive qui inverseront la tendance. Quant au dénouement, on joue sur la précipitation des événements, quitte parfois à emprunter des raccourcis téléphonés.
C'est ce qu'on appelle une tête de déterré
Au final, Amityville - La maison de poupées reste un volet assez sympathique compte tenu du passif de la saga. On apprécie le soin apporté sur l’objet de la hantise, ainsi qu’une trame relativement fluide, à défaut d’être constante dans sa cohérence. Les phénomènes paranormaux s’adaptent à des situations diversifiées, ainsi qu’aux protagonistes; adultes comme enfants. Il en résulte un problème commun qui se manifeste différemment, et ce, avec plus ou moins d’intensités. On déplore néanmoins certaines ficelles éculées et une dernière partie assez alambiquée, car trop vite expédiée. Un huitième épisode correct qui relève la moyenne des précédents métrages.
Un film de Steve White
Avec : Robin Thomas, Starr Andreeff, Allen Cutler, Rachel Duncan