Voir la fiche complète du film : Les Enfants Loups : Ame et Yuki (Mamoru Hosoda - 2012)

Enfants Loups : Ame et Yuki, Les

Une fable sur l'enfance et la différence aux atouts indéniables. Beau et chaleureux, <b>Les enfants loups</b> se révèle un film d'animation maîtrisé sur tous ses aspects. Mamoru Hosoda confirme son talent de conteur hors pair avec une histoire touchante.

Publié le 31 Octobre 2013 par Dante_1984Voir la fiche de Les Enfants Loups : Ame et Yuki
10

Mamoru Hosoda est incontestablement un réalisateur à suivre de près. Depuis 2006 et sa relecture du roman de Yasutaka Tsutsui, il a fait montre d'une patte identitaire forte concernant l'animation, mais surtout son talent de conteur hors pair où le quotidien banal prend les apparats des imaginaires les plus fous. Voyage dans le temps pour son premier long-métrage, voyage dans l'univers virtuel d'internet et sa manne d'esprits fertiles pour Summer wars, l'on en ressortait ébahie par cette effervescence de tous les instants. Un florilège de couleurs, de potentiels qui a marqué les mémoires. Quatre années s'écoulent pendant lesquelles l'homme se consacre à un nouveau projet d'envergure : Les enfants loups - Ame & Yuki.


Promenons-nous dans les bois...

Chose assez rare pour être soulignée (dans le monde du cinéma ou de l'animation) : l'histoire est une ½uvre originale. Il ne s'agit pas de l'adaptation d'un manga ou d'un remake quelconque. Le marketing aidant, il y a bien eu un manga et un roman qui lui ont succédé, mais concentrons-nous sur le film. On suit Hana contrainte d'élever ses deux enfants après le décès de son mari. Contrairement à ses précédents métrages où l'on partait d'un postulat insouciant, Mamoru Hosoda attaque sur une touche dramatique en abordant la perte d'un proche et les difficultés d'y faire face au quotidien.

L'enfance est toujours au centre du récit, mais l'on ne se penche pas sur l'adolescence et l'appréhension de grandir (quoique...). Le cinéaste s'attelle à la question de la différence. Comme le titre l'indique, Ame et Yuki sont des enfants-loups, une légende nippone similaire au mythe du loup-garou, mais plus gentille et respectueuse que leurs homologues occidentaux. Toutefois, au lieu de sombrer dans le mélodrame où la bêtise humaine resplendit, l'on y décèle une pointe de tolérance, de bienveillance et… de peur. Car tout n'est pas rose et la crainte d'effrayer, de se heurter aux avis des étrangers, demeure prégnante dans la tête d'Hana.


...Pendant que les loups croquent dans le bois !

En cela, l'histoire joue sur plusieurs registres. On s'attendrit devant ces moments d'insouciance des enfants. On s'inquiète quant aux responsabilités qui reposent sur les épaules d'Hana (les parents la comprendront aisément). On s'émerveille face aux excursions dans la forêt (bien qu'un peu trop rare) ou on s'émeut dans les incertitudes d'Ame et Yuki sur leur nature. De cela découle une nouvelle difficulté : résumer treize ans en deux heures. Non seulement, il faut parvenir à ressortir les moments clefs de leur existence, mais faire en sorte qu'ils ne paraissent ni répétitifs ni saccadés dans leur agencement. À ce titre, le montage des séquences est exemplaire. On suit la trame sans la moindre coupure apparente.

La note fantastique sert uniquement les propos avancés (avec peut-être un message sur la relation de l'homme à la nature), on se concentre davantage sur l'évolution du scénario et de l'évolution des personnages. Les protagonistes sont suffisamment dissemblables les uns des autres pour entrecroiser leur destin et évoquer des moments un peu plus anecdotiques de leur vie. Ainsi, ce qui peut paraître banal ailleurs, s'avère prenant dans le cas présent et ajoute en crédibilité. L'une des grandes forces du film est de faire passer les émotions par le simple biais des images. Il n'y a pas énormément de dialogues, mais ils se révèlent judicieux et jamais dépourvus de sens.


L'air de la campagne, ça a du bon.

On parle souvent des studios Ghibli et de leur maîtrise de l'animation (c'est un peu le Disney nippon). Pourtant, pas la peine de s'attarder sur ses productions pour découvrir des perles oniriques. On songe à Makoto Shinkai ou, en l'occurrence, Mamoru Hosoda. Le trait graphique est somptueux avec des nuances inspirées. Entre l'urbanisme des premières minutes ou les couleurs plus fraîches et vives de la campagne, le film est un régal pour les rétines. Nul besoin d'images de synthèse (même avec parcimonie) pour créer une ½uvre d'arts, bien au contraire. Le plaisir des yeux achève de nous convaincre quant au statut des Enfants loups. Autrement dit : un petit bijou.

Au final, Mamoru Hosoda nous offre un métrage magnifique aux facettes multiples. Fidèle à ses précédents exploits, le cinéaste jongle avec l'attendrissant, l'émouvant et parfois le comique. Un mélange des genres au service d'une histoire touchante et maîtrisée sur l'enfance et la différence. Point de violence à l'horizon, mais un moment poétique des plus délectables. Nanti d'une bande-son enjôleuse, de protagonistes attachants et d'un rythme posé, Les enfants-loups propose de découvrir une parenthèse dans le quotidien d’'ne famille pas comme les autres, mais quelle parenthèse !

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

Le Territoire des Ombres - Première Partie : Le Secret des Valdemar
Alors qu'une experte en immobiliers évalue une immense demeure familiale, elle disparaît sans laisser de trace. Un détective privé est engagé pour la retrouver. S'il n'est nul besoin de présenter l'oeuvre mythique de Lovecraft dans le domaine littéraire, il est à déplorer que la plupart de ses adaptations cinématographiques soient beaucoup moins incontournables. Exception faite d...
Mega Piranha
Les films "made in Asylum", c'est toujours quelque chose depuis que la firme s'est spécialisée dans les Mockbusters Nanards. Pour les néophytes, un mockbuster est une copie d'un film à gros budget (un Blockbuster donc) faite avec des moyens très limités. Par exemple, les Italiens ont pendant longtemps été des spécialistes de ce genre particulier, au même titre que les Turcs...
Détour Mortel 4 : Origines Sanglantes
Cette critique contient quelques spoilers Après trois Détour Mortel qui semblaient avoir épuisé le filon jusqu'à l'os, on ne s'attendait pas à voir revenir nos psychopathes congénitaux pour une quatrième aventure. Il faut dire qu'après un premier opus très réussi, une suite un peu deçà et un troisième opus sympathique mais flirtant parfois avec les limites du grotesque, on pouvait se demander...
Dredd
Le personnage de Judge Dredd, créé par John Wagner et Carlos Ezquerra, fait sa première apparition dans 2000 A.D, une revue britannique de science-fiction, en 1977. Mais ce n'est qu'en 1990 que le personnage possède sa propre série avec Judge Dredd Magazine. Ce personnage deviendra vite emblématique par sa représentation de la justice et par la violence du propos. L'univers dans lequel évolue le...
Délivrance
Il fut un temps où le cinéma était innovant, et où les scénaristes, tout comme les réalisateurs avaient de grandes ambitions pour faire avancer le septième art. On se souvient encore de 2000 maniacs ! , premier film gore sorti en 1963 sous la direction de Herschell Gordon Lewis et qui a initié et inspiré un bon nombre de cinéastes aujourd'hui encore. John Boorman, le papa d' Excalibur et de...
Les Enfants Loups : Ame et Yuki
Réalisateur:
Avec
Sortie France:
Durée:
117 min
8.75
Moyenne : 8.8 (4 votes)

Devinez le film par sa tagline :

Jack Frost a une deuxième chance pour devenir le père le plus cool du monde... S'il ne fond pas avant !

Thématiques