2001 Maniacs
Un groupe de jeunes partis en vacances se retrouvent à Pleasant Valley, une bourgade perdue du sud des États-Unis qui les accueille à bras levés. Mais cette bonne humeur apparente cache un appétit insatiable pour… la chair humaine.
Considéré à tort ou à raison comme un film culte, 2000 maniacs avait au moins le mérite d'être le précurseur du cinéma gore. Aussi, le remake voit le jour trois décennies plus tard sous la houlette de Tim Sullivan, cinéaste habitué des petites productions confidentielles, voire carrément Z. Le projet ne payait pas de mine, mais un intervenant de marque change la donne : Robert Englund. Inutile de présenter l'acteur qui hante les cauchemars, mais sa simple présence suffit à raviver l'intérêt pour un DTV qui risquait de sombrer dans l'oubli avant même de sortir.
Si c'est Robert qui régale, alors...
Il est vrai que l'histoire ne possède rien de bien engageant. Le résumé parle de lui-même : une bande d'ados décérébrée en chaleur qui se perd au fin fond d'un village de sudistes racistes, psychopathes, cannibales et fervents croyants (très pratiques, comme ça ils peuvent se faire pardonner tous leurs péchés). La suite, elle est connue de tous, les invités d'honneur ne sont pas conviés au barbecue, ils sont le barbecue. Alors, pour attendrir la viande, on joue avec, on la taquine avant de la passer à la casserole. Le déroulement ne manque pas d'entrain (surtout que le nombre de victimes est légèrement plus élevé que d'habitude), mais l'on a déjà vu ce genre de procédé maintes et maintes fois.
Et ce ne sont pas les conversations bucoliques qui agrémentent cette joyeuse escapade qui relèvera le niveau. Plat, voire inexistant, on dénotera un humour noir à la limite de l'acceptable. Les jeux de mots font rarement mouche et deviennent vite lourds. Un petit sourire en coin (c'est là, la seule émotion extrême que l'on vous réserve), on observe le massacre avec détachement, mais non sans déplaisir. En effet, les meurtres sont bien sentis et plutôt inventifs compte tenu des circonstances. Ainsi, l'on aura droit à un écartèlement hippique, un écrasement qui mouline ou une séance de sauterie sous acide.
Une situation pour le moins tendue, n'est-ce pas petite jument ?
De ce côté, il est vrai que 2001 maniacs tient ses promesses. Le sang coule comme il se doit (même si ça n'est jamais très réaliste, on s'en fiche) et parsème le film de manière équilibrée. On ne nous inflige pas une surexposition des personnages et ensuite le massacre d'un bloc. Non, on « découvre » progressivement les intervenants (si tant qu'ils ont quelque chose à offrir) en même tant que d'autres disparaissent. Cela permet de ne pas lasser ou ennuyer le spectateur. Un bon point étant donné que le reste n'est qu'un rappel plus ou moins habile de ce que le genre peu proposer.
À côté de cela, on notera une ambiance décontractée en dépit de l'hostilité croissante des locaux. Tant au niveau de l'accueil que de l'atmosphère générale, l'heure est à la fête et à l'humour de second degré. 2001 maniacs pousse le concept de son aîné un cran au-dessus et prend à la légère le massacre. De fait, on se retrouve plus impliqué dans le camp des sudistes cannibales avenants plutôt que derrière le plat de résistance à la cervelle de moineau. Dès lors, leurs morts sont saluées par des applaudissements et des cris de joie. L'acte isolé (au niveau du village) est ici collectif, un peu comme la transe ou la folie d'une secte.
Et une brochette saignante, une !
Mais tout ceci aurait paru bien insipide sans l'immense Robert Englund, transformé pour l'occasion en maire raciste, mais toujours soucieux de ses ouailles. L'acteur campe son rôle à merveille et se complaît dans des situations à la fois cocasses et inquiétantes (pour les victimes). Il porte à lui seul le film sur ses épaules et mérite que vous fassiez le détour (mortel) dans son petit coin de paradis. Pour le reste, on nous dessert d'illustres inconnus et qui seront à même de le rester pour combler les vides. Des beaux gosses, des poitrines aguicheuses, rien de bien neuf sous le soleil de Pleasant Valley. Il demeure tout de même des figurants avec une « gueule » parfaitement dans le ton. Une idée qui aurait gagné à être développée.
Bref, 2001 maniacs est un film d'horreur assez prévisible dans son ensemble. Respectueux de la version de 1964, Tim Sullivan n'hésite pas à pousser (parfois un peu trop) l'humour noir dans ses retranchements. 2001 maniacs se révèle davantage distrayant et amusant qu'angoissant et malsain. Malgré une histoire sans relief, des interprètes bas de gamme, on saluera l'effort concernant les meurtres et l'indispensable présence de Robert Englund pour réjouir tout ce beau petit monde. Une production classique et modeste qui remplit son cahier des charges sans faire de vague.
Un film de Tim Sullivan
Avec : Robert Englund, Lin Shaye, Giuseppe Andrews, Jay Gillespie