Hostel

Début des années 2000. Pour le meilleur ou pour le pire, la vague qui sera connue sous le nom de « torture porn » est lancée par deux films : Saw de James Wan et Hostel d’Eli Roth. Pour le second, son identification pleine et entière à ce mouvement controversé est tout à fait paradoxale, puisque le propos développé par le film de Roth est justement de dénoncer l’inhumanité des rapports humains, à la fois de la part des touristes américains qui voient l’Europe comme un déversoir à pulsions, et de celle de millionnaires qui payent une fortune pour avoir la possibilité de torturer et tuer leurs semblables. Bien sûr, cette thématique se traduit à l’image par un joli catalogue de sévices, mais c’est plus la souffrance et le désespoir qui en découle qui intéresse Eli Roth, réalisateur plus mature que ne le laisse entendre sa réputation de sale gosse.

Le scénario aurait pu être écrit sur une carte question d'un trivial poursuite, mais il sied assez bien à l'ambiance voulue par le réalisateur qui oscille dangereusement entre humour et horreur. Pour la petite histoire, trois amis américains font un tour en Europe pour niquer un max de filles. Après Paris, la Suisse, l'Allemagne et la Belgique, les voilà aux Pays-Bas dans le quartier rouge. Par un malheureux concours de circonstance, ils rencontrent un gars qui leur indique que les filles les plus chaudes sont dans une petite ville d'un pays de l'Est (je ne sais plus lequel). Ils vont alors découvrir que tout ça n'est qu'une immense entreprise pour des gens qui veulent torturer des étrangers, puis les tuer dans une vieille usine désaffectée. Un pitch plutôt simpliste qui donne lieu à des seins, des culs, des seins, des tortures, des seins, du sang, des seins, etc... vous avez compris le système. Rien de bien nouveau si ce n'est une renaissance du torture porn (ou une naissance, ma culture cinématographique ne me permet de savoir) qui est filmé comme un porno mais avec de la torture.

Mais Eli Roth réussit un petit coup de maître en mettant en parallèle le porno et la torture, car longtemps les deux genres ont été comparés et dénigrés par bon nombres de critiques. Or dans ce film, les deux genres s'assument pleinement et à 300%, ce qui fait que le ton est finalement très détendu et pose un contraste très intéressant entre ambiance glauque et sale et humour noir voir porno avec de bons gros lourds de la drague et de la baise. Du coup, Eli Roth se fout un peu du monde du cinéma intellectuel et c'est tant mieux.

Les acteurs en eux mêmes ne sont pas transcendants. Ils sont drôles, demeurent assez satisfaisants pour ce genre de rôle. Les gonzesses sont belles et on sent que le film est fait pour les mecs. Les différents psychopathes sont assez moyens, je dois dire, pas super inquiétants et pas super lisse non plus. Le petit caméo de Takashi Miike est amusant mais reste anecdotique.

Ce qui frappe le plus dans ce film, ce sont les effets gores. Ils sont foisonnants et criants de vérité. Et puis il y en a pour tous les goûts. Membres déchiquetés, coup de tronçonneuse, un œil flambé puis coupé au ciseau, tendon d'Achille sectionné, coup de perçeuse, suicide sous un train, etc... En bref, il y a de la tripaille et cela fait même un peu trop. Néanmoins, le film prend partie pour ce genre de démonstration et il est vrai que l'on peut applaudir les maquilleurs.

Au final, Hostel demeure dans une catégorie à part des films d'horreur. C'est assez éprouvant tout en étant drôle, mais le film ne peut laisser indifférent, ce qui est déjà un bon point. Attention tout de même car il n'y a pas de messages et on a du gore pour du gore et cela peut rebuter pas mal de personnes. Je ne me suis pas ennuyé, certains passages m'ont fait rire et parfois même les passages gores, et les nanas sont relativement belles. Pour les fans d'horreur je conseille donc.

Et là dessus, pas grand chose à rajouter, tout a déjà été dit et redit... La torture pour ceux qui donnent, la mort pour ceux qui reçoivent.

Les acteurs tiennent la route, ce qui n'est pas non plus un exploit puisqu'on leur demande le minimum = des étudiants qui veulent s'éclater sur tous les fronts et qui sont prêts à tout pour ça. Rien de bien spirituel. Ils s'en sortent donc sans problème dans un film qui se laisse regarder sans déplaisir.

Le bon goût de tout cela sera jugé en fonction de chacun.