Rosemary's Baby

Un film signé Polanski, avec Mia Farrow en tête d'affiche, de quoi être immédiatement attiré par cette collaboration artistique.

L'un des autres attraits de ce film est son évolution, passant d'une comédie romantique assez légère à un drame horrifique à l'ambiance macabre.

En effet, tout au long de ce film se glisse une intrigue supposée d'ordre surnaturelle qui interroge le public, est ce Rosemary qui est folle ou est elle dans le vrai ? La conclusion en est glaçante.

La première pierre à cette évolution narrative est l'intrusion dans la vie de Rosemary et de son mari de ce couple de voisins en apparence charmants. La façon dont ils s'immisce petit à petit dans le quotidien de Rosemary devient suspect et malaisant.

D'ailleurs il est intéressant de noter la dynamique de couple de l'héroïne avec son mari. Ils ont tout du couple harmonieux au départ, puis une cassure s'opère du fait du comportement de plus en plus suspect du mari. En cela le film est une réussite en développant l'exacte contraire du couple idéal du Hollywood de l'époque.

Rosemary est la représentation de la femme au foyer de l'époque, soumise à son mari et portée par l'ambition d'être mère. Cependant, elle opère une évolution psychologique au cours du récit qui l'amène à reconsidérer sa position au sein du couple, devenant une femme rebelle remettant en question l'autorité de son mari mais aussi plus globalement l'image patriarcale. Le choix des cheveux courts est d'ailleurs lourd ds sens, s'émancipant ainsi de sa féminité soumise.

Mais le principal thème du film est la maternité, car oui c'est par la maternité que Rosemary évolue, d'abord par la douleur, puis par l'éveil de son instinct protecteur. Tout amène donc à cette fin qui est avant tout porté par le choix de Rosemary qui amène vers une incertitude pour l'avenir. C'est à la fois beau, triste et amoral. L'instinct de mère prend le pas sur les valeurs morales de l'héroïne, instant sublimé par une musique envoûtante.

Un très bon film porté par des thématiques phares comme la maternité, le féminisme ou le satanisme. Seul défaut du film, c'est sa lenteur, certaines scènes s'etirant un peu trop. Néanmoins, Mia Farrow nous livre ici une performance bouleversante et mémorable qui donne à ce film une authenticité rarement atteinte.