Critiques spectateurs de Lilium
Balada triste
Il est de ces moments ou l'on a envie de quelque chose de bien précis, ou l'ordinaire vous emmerde fermement et ou le quotidien vous semble d'un ennui abyssal. Par un hasard fort à propos vous vous décidez, pour calmer cette langueur (monotone), de vous payez une toile. Le petit cinéma Arts et Essais devrait bien proposer quelque chose qui fasse l'affaire. D'un pas nonchalant vous vous dirigez donc vers celui-ci, la séance étant à 21 heures, vous avez largement le temps. 20h30 et vous êtes déjà arrivé (sic), personne. Ah ! qu'elle sont loin les queues interminables des méga-complexes d'abrutissement de masse, sentant le pop-corn bidon vendu au prix du caviar (« mais c'est du bio » objecteront-ils). Dehors, la musique assourdissante de la fête foraine estivale égrène ses boum-boum symptomatiques, couvrant maladroitement les cris des jeunes pré-pubères digérant leur barbe à papa cramponné la tête en bas dans des lessiveuses improbables. La nausée vous guette, ce n'était peut être finalement pas une si bonne idée, et puis après une journée de boulot hein... Dans le hall spacieux du temple de la culture ou vous vous trouvez, un frais relatif relève les poils de vos bras et vos yeux, a demi-clos d'une fatigue sourde, scrutent les murs de celui-ci à la recherche d' affiches vous informant des films projetés cette semaine. Et là, soudainement, après avoir tourné d'à peine un quart de tour votre nuque, vos yeux découvrent écarquillés l'affiche de BALADA TRISTE.... Un calme résolu s’empare de vous, une quiétude nouvelle vous submerge et c'est enveloppé de ces psychotropes psychiques que vous vous installez dans la salle de projection. Quelques minutes après, une poignée de spectateur vous a également rejoint, comme si eux même cherchaient un abri. Le noir s'installe et la lumière jaillit sur l'écran... ----- La projection terminée vous retrouvez la fête foraine, vous la voyez maintenant d'un tout autre œil, vous avez l'impression de marcher droit, de ne plus être vraiment ici, d'être resté le spectateur devant l'écran. BALADA TRISTE est un film unique, une leçon de cinéma magistrale, le plaidoyer d'une fissure, d'une époque, d'un pays, une critique sans concession, c'est tout cela à la fois et bien plus encore. C'est ce sentiment d'avoir vu quelque chose qui ne ressemble à rien, de riche et de foisonnant, un cri sublimé par une tristesse douloureuse et le plaisir enfantin du jeux. Non, finalement, j'ai bien fait de ne pas rester devant TF1 ce soir.
Publié le 2 Juillet 2011