Critiques spectateurs de Novemberleaf

Cannibal Holocaust

Je suis étonné que personne ne parle, au-delà du gore, du fond du film qui présente une satire ironique de notre société. Cette satire ce fait sentir dès la première scène, où l'illustration du discours du journaliste sur la barbarie de la jungle amazonienne n'est autre qu'une succession de plans de... New York. De fait, Cannibal Holocaust montre moins (à mon sens) la barbarie cannibale des indiens que la barbarie cannibale d'une société où l'image choc, le profit, la quête de gloire, conduisent des journalistes à commettre les pires atrocités sur des peuplades finalement moins guerrières qu'elles n'y paraissent. La où ce film est génial, c'est que par son procédé même (le faux doc dont on se demande s'il faut ou non le diffuser), il prend le spectateur à témoin de sa propre barbarie. Oui, vous, qui regardez Cannibal Holocaust, vous êtes coupables de cautionner les dérives d'une société qui, pour avoir l'illusion du bonheur, se montre à elle-même les pires atrocités. Dans un genre très différent, le roman de Pierre Boule: les jeux de l'esprit, fait le même genre de constat social.

Publié le 1 Janvier 2007