Critiques spectateurs de Sir Gore
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Whispering corridors : Memento Mori
Oui, ça parle de lesbiennes, et après ? C'est longuet, tarabiscoté et auteurisant en diable, avec une sous-intrigue de film d'épouvante post-Ring qui patine dans la semoule et ne fait preuve d'aucune efficacité. On s'ennuie pour ainsi dire ferme devant ce pensum surfait et branchouille, pétard mouillé parmi tant d'autres en provenance de Corée du Sud. Pas convaincu.
Publié le 27 Juin 2008
Memento
Un thriller très intéressant, avec un Guy Pearce impeccable et une intrigue subtile. Tellement subtile d'ailleurs que j'avoue m'y être perdu à quelques reprises. Concept de narration à l'envers extrêmement bien exploité, qualité et originalité du propos (un homme à la mémoire de poisson rouge cherche à venger le viol et le meurtre de sa femme en menant sa propre enquête afin de retrouver le coupable), interprétation solide et mise en scène de bonne facture, décidément, ce film a tout d'une grande réussite en son genre. À voir absolument.
Publié le 27 Juin 2008
La Maison au Fond du Parc
Du cinéma bis bien goûteux comme on en fait plus. Un an après son controversé Cannibal Holocaust, Deodato ne s'est pas vraiment assagi et réitère une vision très crue de la violence dans un « rape and revenge » rondement mené. David Hess y campe une terrifiante ordure dont les actes pervers n'ont rien à envier à ceux commis par son personnage de Krug dans La Dernière Maison sur la Gauche. On notera une photo honorable de Sergio D'Offizi (la lumière, particulièrement soignée, nous permet de fermer les yeux sur des mouvements de caméra parfois bâclés) et une BO à tendance disco de Riz Ortolani aussi sympathique que délicieusement ringarde. Une série B transalpine de très bonne facture.
Publié le 25 Juin 2008
Tous les Coups Sont Permis
Le film qui propulsa « Muscles from Brussels » au rang de superstar. Pour le reste, une production Cannon tout ce qu'il y a de plus classique, avec une mise en scène plan-plan, des combats mous du genou, une BO ringarde et une histoire vaguement inspirée de la vie du champion de full contact Frank Dux. Du côté de l'interprétation, on est également loin d'atteindre le toit du monde: Van Damme récite son texte tant bien que mal entre deux kicks, la caricature de loubard qui le flanque fait peine à voir, Bolo Yeung ressemble à un pantin des Guignols de l'Info et la potiche blonde de service exhibe son sourire niais à toutes les occases. Divertissant malgré tout, pour peu qu'on fasse preuve d'indulgence.
Publié le 24 Juin 2008
Perfect Blue
Auteur d'animés à succès tels que Millennium Actress, Tokyo Godfathers et Paprika, Satoshi Kon signait avec Perfect Blue son premier long-métrage. Coup d'essai, coup de maître, comme dirait l'autre. Ce film est à la fois un palpitant thriller sous forme d'hommage aux gialli de Dario Argento, un ingénieux exercice de mise en abyme, une inquiétante variation sur le dédoublement de personnalité et une passionnante réflexion sur les affres du star-system et les dangers de la fan attitude. Le tout servi par des graphismes éclatants – malgré une animation parfois un peu statique – et une touche sex & gore qui confère à l'ensemble un irrésistible cachet sulfureux. Du grand art.
Publié le 23 Juin 2008
Histoires de Fantômes Chinois
Troisième réalisation de Ching Siu-Tung après le baroque Duel to the Death et un Witch from Nepal de sinistre mémoire, Histoires de Fantômes Chinois fut l'un des gros vecteurs du cinéma HK en Occident à la suite de la vague Shaw Brothers des années 60 et 70. Une fois encore, impossible de parler de cette œuvre sans citer le nom de Tsui Hark, lequel apporta une contribution majeure à l'ensemble en franchissant les limites de son rôle de producteur subrepticement crédité au générique du film. En réalité, celui-ci doit sa genèse même au fabuleux papa de The Blade, The Lovers et Il était une fois en Chine qui, grisé par le succès du Syndicat du Crime, sa première – et salutaire – collaboration avec John Woo, se lança corps et âme dans ce projet de remake d'un Shaw parmi les plus obscurs, The Enchanting Shadow, et d'adaptation d'une nouvelle incontournable du folklore chinois, Petite Grâce, signée l'écrivain Pu Song-Ling, tout en confiant le poste de metteur en scène à Ching, alors grand cinéaste en devenir et chorégraphe de renom dans le milieu. Histoires de Fantômes Chinois brasse donc sans vergogne humour burlesque, épouvante tous publics, comédie musicale et romance exacerbée, aussi pouvait-on de prime abord douter qu'il entretienne une véritable cohésion.
Or le visionnage du film gomme toutes nos craintes: d'une homogénéité exemplaire en dépit de son peu frileux mélange de genre, cette perle de cinéma populaire ravivant à l'occasion la flamme du « ghost kung-fu comedy » inaugurée pas loin de dix ans plus tôt par le bonhommesque Sammo Hung – et qui donnera lieu à des farces aussi délirantes que L'Exorciste Chinois et Mister Vampire – comporte un canevas traditionnel mais efficace (un jeune lettré atterrit dans une ruine hantée par de redoutables spectres avant de découvrir l'amour auprès d'une jolie fantômette) que sert une intrigue fluide et bien huilée où s'enchaînent les actions les plus tumultueuses. Leslie Cheung et Joey Wong explosent un peu plus de charme et d'élégance à chaque nouvelle scène et parviennent à rendre leurs personnages respectifs extrêmement attachants, tandis que l'illustre Wu Ma leur donne la réplique avec panache dans la peau d'un chevalier taoïste bougon. Des rôles taillés sur mesure pour des comédiens qui semblent visiblement prendre un plaisir sans bornes à jouer dans un tel esprit de fantaisie. Si l'œuvre n'est pas en reste sur le plan spectaculaire, affrontements, courses-poursuites, galipettes et monstres de toutes espèces à l'appui (on sent clairement l'influence du Evil Dead de Sam Raimi, extraordinaire et cultissime cocktail de terreur pure, de gore et de comique slapstick), le tandem Tsui - Ching n'en omet pas moins de nous livrer des séquences d'une incroyable force sentimentale à l'image de cette péripétie dans la maison des sœurs-fantômes où Lit Siu See (Joey Wong) cache tant bien que mal Lin Choi Sin (Leslie Cheung) dans un baquet d'eau, mésaventure qui se soldera par un sublime baiser de la jeune revenante pour redonner du souffle à son séducteur. Des instants de grâce de cet acabit, on en trouve à la pelle dans Histoires de Fantômes Chinois, magnifiés par la photographie somptueuse de Tom Lau (mouvements d'appareil d'une grande maestria et filtres de couleur de toute beauté), les effets spéciaux aussi kitsch qu'inventifs de la Cinefex Workshop et le score du duo James Wong - Romeo Díaz dont les nappes de synthé accrocheuses font oublier certains sons de batterie électronique un rien obsolètes.
Le filon de la « ghost kung-fu comedy » s'épuisera définitivement après cet ultime et culminant sursaut qui porte infailliblement sur lui l'estampille Tsui Hark. Des morceaux de bravoure à revendre, des acteurs au diapason, une plastique léchée et une BO envoûtante, telles sont les vertus de l'entertainment en or massif que voilà, doublé d'un des plus beaux classiques du cinéma HK des années 80.
Publié le 22 Juin 2008
La Dernière maison sur la gauche
Pourrait-on discerner dans ce film une comédie horrifique, comme l'a suggéré mon très cher cyber-ami NewCharlieSeen ? Après tout, pourquoi pas. En effet, si la partie « rape » de l'ensemble ne prête guère à rire, la partie « revenge » tient elle davantage de la grosse farce qu'autre chose. Comment garder son sérieux devant cette vendetta à grands coups de pièges MacGyveresques, de bourre-pifs aussi bien simulés que dans un Chuck Norris, de saut dans la piscine familiale et de morsure de biroute haute en couleurs ? À moins que tout ceci ne soit en fait que du gros Z involontaire, nul doute que Wes la Terreur ait opté pour l'humour en réalisant ces scènes. Démarche louable, certes, mais résultat laissant à désirer. Pourquoi ? Parce qu'au final, on est moins hilare que consterné face à ces deux vieux croûtons qui punissent les agresseurs de leur gosse de manière grotesque et totalement invraisemblable, de même que devant ces flicards contraints à prendre en stop une cargaison de poulets. Je verrais mieux les auteurs de Shaun of the Dead et Hot Fuzz s'appliquer à un tel exercice. Ceci étant dit, revenons à la première moitié du film. Force est d'avouer que celle-ci ne souffre pas trop du nombre des années: la séquestration des deux jeunes filles, les humiliations physiques et psychologiques que leur réservent leurs tortionnaires ainsi que le meurtre au couteau de l'une et le viol de l'autre possèdent un certain réalisme et, encore à l'heure actuelle, un caractère plutôt dérangeant. Bien sûr, on a fait plus glauque et/ou plus authentique par après – et auparavant – dans le genre (Straw Dogs, I Spit on Your Grave, La Bête tue de Sang-Froid, Cannibal Holocaust, Class 1984, Red to Kill, Kichiku, Irréversible) mais ça tient toujours la route. Reste que d'un point de vue formel, La Dernière Maison sur la Gauche, au même titre que son successeur La Colline a des Yeux également signé Craven, s'avère d'une pauvreté terrassante: savoir-faire zéro et maladresse crasse dans la photo et le montage (on ne dénombre plus les faux raccords, les flous et les plans mal cadrés), interprétation calamiteuse sauvée in extremis par un impressionnant David Hess et musique 70's post-baba ringarde à souhait. Certes, l'aspect très granuleux, voire sale, de l'image confère à la bande quelque ambiance morbide à l'instar de nombreux films d'horreur de cette époque. D'où des passages qui, avec la nature du sujet, ont leur petite efficacité pour ce qui est de nous rendre mal à l'aise. Mais on demeure à des années-lumières de la puissance atmosphérique d'un Massacre à la Tronçonneuse, d'un Maniac ou encore d'un Cauchemars à Daytona Beach pour citer de bons exemples. C'est donc une première œuvre qui fit autrefois couler de l'encre mais paraît aujourd'hui fort anecdotique que nous livre Wes Craven, douze ans avant son génial Les Griffes de la Nuit et vingt-quatre ans avant son jouissif Scream. Malgré une représentation de la violence d'abord assez crue et percutante – pour s'engager sur des terrains nettement plus grand-guignolesques lors de la vengeance des parents –, ce Last House on the Left est très loin de la réputation de métrage extrême, jusqu'au-boutiste et insoutenable que certains amateurs ont bien voulu lui prêter. Et malgré un potentiel comique palpable dans plusieurs séquences, celui-ci n'est au bout du compte guère exploité avec grand succès. Pour conclure en toute simplicité, un film des plus moyen.
Publié le 21 Juin 2008
Le Cabinet du docteur Caligari
Décors artificiels biscornus, récit truffé de symboles et de métaphores en tous genres, jeu d'acteurs théâtralisé à l'extrême, regard marqué sur la folie: pas de doute, cette œuvre de Robert Wiene – dont ce fut le seul grand film – carillonne l'héritage du mouvement expressionniste envers le septième art. De grands cinéastes tels que Fritz Lang et F.W. Murnau cultiveront cette approche stylistique à leur manière et accoucheront des monuments que nous connaissons bien: Nosferatu le Vampire, Metropolis, L'Aurore, M le Maudit, Le Testament du Dr. Mabuse, etc. Une référence terminale du genre et un jalon essentiel du cinéma muet.
Publié le 20 Juin 2008
Un Jour sans fin
Un must de la comédie-cauchemar. Étayé par l'interprétation magistrale de Bill Murray, ce film est aussi drôle et alerte dans la forme qu'il renferme une idée de départ – imaginaire – des plus inquiétante. Heureusement que notre ami finira par tirer parti de sa mésaventure temporelle, faute de quoi l'ensemble se serait bien vite essoufflé. Chapeau donc à Harold Ramis et Danny Rubin pour avoir su nous livrer une œuvre en béton ne reposant pourtant – à quelque romance Murray - McDowell près – que sur son argument de base. Beaucoup se seraient somptueusement cassé les dents sur un tel exercice. Génialissime.
Publié le 15 Juin 2008
Les Aventures de Tintin
La série animée qui a bercé mon enfance. Une fluidité impeccable dans les graphismes, un esprit fidèle à la BD (malgré une certaine tendance à l'édulcoration avec le recul), des intrigues bien ficelées (qu'elles soient improvisées ou directement calquées sur les albums), des voix franchement excellentes et attachantes et des images accompagnées par des thèmes musicaux de grande qualité. Incontournable.
Publié le 13 Juin 2008
Tintin et le Lac aux Requins
Après Le Temple du Soleil, le studio Belvision s'attaque à nouveau au mythe créé par Hergé mais en se basant ici sur un scénario spécialement écrit par Greg pour le cinéma. Le résultat est encore une fois plus qu'honorable: dosage humour/mésaventures parfait, récit sans temps morts, graphismes agréables, voix qui collent bien aux personnages et bande originale pleine de vie. Un très bon film d'animation qui ne vieillit pas vraiment.
Publié le 13 Juin 2008
Le Temple du Soleil
Étant fan de Tintin depuis tout petit, j'ai éprouvé un grand enthousiasme face à cette adaptation en dessin animé d'un des albums les plus exotiques et mouvementés du reporter à la mèche. Les graphismes sont de bonne facture et ne souffrent pas trop du nombre des années, mais c'est surtout le charme se dégageant de l'ensemble et l'efficacité du screenplay qui font de ce film une réussite. Avec en prime une chouette chanson de Jacques Brel.
Publié le 13 Juin 2008
La Corde raide
Un polar au rythme posé et au scénario très classique sur lequel plane une succulente atmosphère jazzy/nocturne. Clint Eastwood, plus sobre que jamais, y incarne un flic étrangement « mouillé » dans le parcours du serial killer qu'il traque. Bien ficelé et servi par une mise en scène rigoureuse, ce film aurait néanmoins mérité un peu plus de punch pour nous captiver totalement. Une série B de bonne facture mais une œuvre mineure dans la carrière du grand Clint.
Publié le 9 Juin 2008
Pi
Un film qui utilise à peu près toutes les grosses ficelles du cinéma pseudo-expérimental afin de dérouter le spectateur: photographie crue (noir/blanc, caméra à l'épaule, image granuleuse), voix-off pompeuse, charabia scientifico-religio-existentiel, musique électronique ronge crâne, phénomène de répétition (le personnage principal qui avale ses pilules en gros plan à chaque crise) et on en passe et des meilleures. C'est souvent assez barbant mais il arrive qu'on se laisse envoûter par la folie de certaines scènes et force est de reconnaître que les acteurs jouent très bien leurs rôles. Aronofsky, qui renouera avec le même type d'esthétique dans son Requiem for a Dream (une thématique de fond plus attrayante en prime), semble avoir puisé son inspiration dans le Tetsuo de Shinya Tsukamoto. Un premier long-métrage qui vaut le coup d'œil mais ne laisse pas un souvenir impérissable.
Publié le 8 Juin 2008
Chasseur blanc coeur noir
Inspiré de la vie de John Huston, un très beau vrai/faux film d'aventures mis en scène avec rigueur et sobriété par l'un des cinéastes les plus importants du Nouveau Monde. Cette œuvre nantie d'un humour ostensible (pincées d'ironie, dialogues savoureux), d'acteurs au diapason et de décors agréablement exotiques pourra rebuter par sa substance dramatique très modeste (peu d'événements forts au bout du compte) qui la rend nettement moins accessible que d'autres réalisations du maître (Sur la Route de Madison, Mystic River, Million Dollar Baby). Grandiose et passionnant malgré tout.
Publié le 4 Juin 2008