Le Grand Pardon

"Aujourd'hui (Yom Kippour, le Jour du Grand Pardon), tous les juifs pardonnent à ceux qui leur ont fait du mal. Tous les juifs, sauf un, moi ! Moi, je pardonne pas !". Telle est la devise de Raymond Bettoun après qu'on l'ai un peu trop titillé...

Un "Parrain français" pas si honteux que ça, qui souffre néanmoins de longueurs, surtout au début (putain, une demi-heure de mariage à la con au début avec parlotes et traditions à deux balles !!). Mais on n'a pas trop non plus à souffrir des "conneries culturelles" qu'on est obligés de respecter et devant lesquelles on doit s'extasier respectueusement pour avoir l'air d'un type bien à défaut d'avoir l'air intelligent...

Roger Hanin est vraiment très bon dans son rôle, mais a tendance à en faire trop dans les gesticulations du "mec qui a de la personnalité et parle avec les mains". Maintenant c'est aussi le rôle qui veut ça... Je préfère donc largement les seconds rôles, plus sobres, mais je trouve fabuleusement bien campés (Richard Berry, Bernard Giraudeau, Jean-Louis Trintignant, Gérard Darmon, Richard Bohringer, ...) !

Passé un mariage interminable (32 mn !!) servant de présentation aux nombreux personnages, de leur "philosophie de vie" et de toute l'hypocrisie sociale et religieuse qui va avec, le film prend un tournant plus attrayant. L'intrigue est intéressante, les personnages aussi. Alexandre Arcady n'est pas Francis Ford Coppola, ni en tant que metteur en scène qu'en tant que scénariste... vraiment pas ! Mais reconnaissons-lui tout de même un talent certain pour raconter les histoires, même s'il se perd souvent en scènes trop explicatives et en hommages lourdingues à la culture si sacrée (et si lobotomisante) qu'on se doit de respecter sinon c'est pas bien...

Beaucoup d'entre vous se moqueront en disant qu'Alexandre Arcady n'a fait que de pomper "Le Parrain"... Et ils auront tord car le film s'inspire en fait d'une famille de criminels, les Zemmour, qui défrayaient la chronique dans les 70's. Quant au Parrain qu'est Roger Hanin, il est l'antithèse de celui de Marlon Brando. Autant celui du film de Coppola était une force tranquille impitoyable, d'un grande sobriété dont les seuls mouvements se doivent d'être justifiées; autant celui d'Arcady est un sanguin gesticulateur et colérique, parlant avec les mains, et faisant toujours un show pour faire forte impression. Leur seul point commun est d'être deux connards sans morale qui se cachent lâchement derrière la culture et la religion pour justifier toutes leurs actions !

Un film à voir donc, qui suscitera autant de mépris que d'admiration, dont les plus grands défauts pour certains (une révérence implicite aveugle à la culture) seront les plus grandes qualités pour d'autres... plus naïfs et formatés...