Stalingrad

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Captain Nono
America's Most Wanted - 326 critiques
publié le 24/07/2012 - 20:30
10
 

Le début de la fin

Depuis le début de l'opération Barbarossa qui a débuté le 22 juin 1941, les armées du IIIème Reich progressent rapidement en Russie, profitant de la désorganisation et du manque de bon stratèges au sein de l'état-major soviétique. Au début de l'été 1942, Hitler lance la VIème Armée du Groupe d'Armées Sud contre Stalingrad, sur les bords de la Volga. Son objectif est double : faire tomber un symbole et s'assurer l'accès aux ressources pétrolières du Caucase. Les soldats allemands sont confiants en ce début d'été, et quand certains pensent déjà à leur retour chez eux avant l'hiver, d'autres envisagent même de s'établir dans la région une fois la victoire finale acquise. Sur les 250.000 hommes que comptait la VIème Armée, seuls 6.000 rentreront en Allemagne plusieurs années après la fin de la guerre, survivants des camps de prisonniers soviétiques.

L'originalité de ce film est de situer l'action du côté des allemands. Des hommes fiers et sûrs de leur force en arrivant aux abords de Stalingrad. Mais dès les premiers jours de combats au sein d'une cité réduite à l'état de ruines suite à d'intenses bombardements de la Luftwaffe, les allemands se rendent compte que la ville ne sera pas prise avant Noël. Les soviétiques s'accrochent à chaque bâtiment, au point de devoir les "nettoyer" au lance-flammes après les avoir investis. On se bat à l'arme blanche jusque dans les gigantesques usines dévastées les égoûts, et de nombreux camarades s'entretuent dans la confusion des combats rapprochés. Les mois passent et la situation n'évolue guère sur le terrain. Tandis que les soldats allemands se terrent derrière leurs retranchements, sales, affamés et angoissés par les tirs de snipers, Hitler clâme à la radio que la prise de la ville n'est qu'une question de jours. Un décalage qui laisse les hommes abasourdis et désabusés. Devant l'acharnement des soviétiques à résister malgré des pertes effroyables, les soldats de la VIème Armée sont alors de plus en plus nombreux à douter de la compétence du haut commandement. Les désertions et les suicides se multiplient, tandis que l'état sanitaire au sein des diverses compagnies se dégrade de jour en jour...

Le film dispose d'importants moyens et n'a rien à envier aux grosses productions hollywoodiennes. Le réalisme est saisissant, des combats intenses aux décors de cauchemar de la cité en ruines, en passant par la crasse omniprésente sur les visages et sur les uniformes. L'immersion est totale, et l'on finit par s'attacher à quelques-uns de ces soldats, qui se battent désormais avec désespoir pour survivre un jour de plus. Puis après plusieurs mois de combats acharnés, les armées soviétiques franchissent la Volga et encerclent Stalingrad après avoir balayé les armées italiennes et roumaines alliées des allemands. Le début d'un véritable cauchemar pour les survivants de la VIème Armée, sous-alimentés et victimes de dysenterie au coeur de l'impitoyable hiver russe. La seconde partie du film est d'ailleurs concentrée sur ce calvaire vécu par une VIème Armée en décomposition, désorganisée et sous-équipée, condamnée. Le rapport de forces s'est en effet inversé au fil des mois. L'acharnement des soviétiques à défendre Stalingrad a permi à l'Armée Rouge se se réorganiser de l'autre côté de la Volga. Nouvelles recrues, nouveaux équipements d'hiver, des centaines de chars... Face à eux, une horde de zombies en guenilles, réduits à l'état de bêtes traquées dans le froid et la neige.

L'une des forces du film, outre son implaccable réalisme visuel, est de nous présenter avec authenticité de simples soldats dépassés par les évènements, réduits à de simples pions sur un échiquer où la partie est perdue d'avance. Des hommes réduits à l'état de loques, conscients pour la plupart qu'ils ne reverront plus leur famille ni leur pays, et qui assistent impuissants à la mort de leurs frères d'armes chaque jour qui passe. Le mythe de l'invincibilité allemande s'est effondré en même temps que tombaient les premières neiges sur les plaines gelées du Caucase. Le dernier plan du film vous marque la rétine et vous laisse la gorge sèche.

Un très grand film de guerre !

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