Yétis : Terreur en montagne
S’attaquer au mythe du yéti, c’est un peu comme entreprendre l’ascension d’une montagne, du moins avec la volonté de proposer un métrage de qualité. Mais la cryptozoologie est aussi malmenée que la zoologie «classique». Ces créatures mythiques sont remisées au stade de monstres bouffeurs de chairs humaines décérébrées. Yéti et La fureur du yéti sont des exemples typiques des productions animalières actuelles. De mauvaises intentions, une idée de départ bancale et un scénario en passe de provoquer une avalanche dans son sillage. Aussi, l’irruption tardive de Marko Mäkilaakso s’inscrit dans cette médiocre continuité initiée par ses prédécesseurs.
Y a-t-il un pilote dans l'hélico ?
Premières considérations et premières bévues au niveau de la cohérence générale, l’intrigue se situe dans l’état de Washington, plus précisément au pied de Glacier Peak. Si l’Ouest américain est surtout connu pour ses histoires de bigfoot, cette zone géographique l’est beaucoup moins pour la présence rapportée d’abominables hommes des neiges. Sauf si l’on range le casting et l’équipe du film dans cette catégorie. Toujours est-il que le prétexte tient sur trois bouts de ficelle qu’on n’oserait pas utiliser comme cordes de rappel. Certes, le genre n’est pas réputé pour ses qualités narratives, mais un minimum de respect vis-à-vis des fondamentaux du mythe n’aurait pas été déplaisant.
On passera outre sur les invraisemblances liées au background des protagonistes, d’anciens frères d’armes prêts à rempiler, pour se focaliser sur une progression frénétique et aberrante. Les séquences s’enchaînent et se ressemblent avec pour mot d’ordre: «on fonce dans le tas!». On ne s’attarde guère sur les risques d’avalanche, les dangers naturels inhérents au cadre montagneux ou encore quelques séances de varappes douteuses. Dans le même ordre d’idées, les «compétences» de commando de cette escouade de bras cassés sont tout aussi discutables. Cela vaut autant pour leur forme physique, leur sang-froid face à la menace environnante ou leur esprit d’équipe.
Le résultat après une avalanche... de conneries
Autre élément qui aurait pu contribuer à fournir un ton décomplexé: les sports extrêmes. Les descentes en snowboard ne sont guère impressionnantes et sont réalisées dans l’unique but de combler les innombrables carences du récit. Lors de ces passages, la mise en scène ressemble à des vidéos prises par des amateurs pour exhiber leurs exploits. À aucun moment, le cadre de la montagne n’est valorisé ou même utilisé d’une quelconque manière. Des reliefs escarpés à la présence opportune d’un refuge, on reste enclavé dans les clichés de circonstances. Un choix d’autant plus déplorable que le fameux «yéti» est aussi discret qu’erroné dans sa présentation.
En effet, l’intrigue emprunte une approche similaire à celle de David Hewlett pour La fureur du yéti. À savoir, des bestioles qui tiennent plus de l’animal quadrupède, type plantigrade, que de l’hominidé. Difficile de bien les distinguer, surtout dans les premiers instants, tant leurs irruptions sont furtives. Une ombre happe les victimes en une seconde, laissant une traînée de sang sur la neige, et l’on passe à la séquence inutile suivante. Il faut attendre la dernière partie pour entrevoir des créatures moches dont l’apparence n’a rien d’effrayant ou de réussi. L’ensemble reste grossier et il paraît difficilement concevable que leur aspect pataud dissimule une telle vélocité dans les attaques.
Un accueil qui laisse franchement à désirer !
Au final, Yétis - Terreur en montagne ne redore pas le blason de l’abominable homme des neiges. Un adjectif qui définit d’autant mieux la médiocrité générale qui émane de ce survival animalier sans ambitions. Au-delà d’une histoire sans intérêt et de multiples aberrations infligées en moins de 80 minutes, le spectateur se heurte à un troupeau de bestioles complètement ratées. Leur seul mérite est de se faire discret tout en achevant à la va-vite leur dîner. Rien ne se tient, encore moins l’encordement censé sécuriser l’expédition de ces commandos du dimanche. Les jalons sont prévisibles, les caricatures omniprésentes. Même l’amateur de survival animalier bas de gamme en restera frustré.
Un film de Marko Mäkilaakso
Avec : Adrian Paul, Nicholas Boulton, Chuck Campbell, Sean Teale