Voir la fiche complète du film : Black Christmas (Bob Clark - 1974)

Black Christmas

L’un des premiers slashers considérés comme tel se solde par un tour de force. L’intrigue privilégie à une violence de façade, les conséquences psychologiques d’une telle confrontation. Qualité du scénario, des personnages, de l’atmosphère… Tout s’agence pour fournir un film comme on ne fera plus.

Publié le 10 Décembre 2017 par Dante_1984Voir la fiche de Black Christmas
8
Noël

À quelques exceptions prêtes, le slasher s’est étiolé au fil du temps dans les affres du bis et du Z pour ne fournir que des productions à l’emporte-pièce. Pourtant, les années1970 et 1980 ont posé les bases d’un sous-genre horrifique avec quelques références indétrônables en la matière. Le Black Christmas de Bob Clark fait partie de ces films ayant contribué à définir les codes du slasher, tant dans la caractérisation que dans la progression de l’histoire. Il est d’autant plus surprenant qu’il provient d’un cinéaste à la carrière hétéroclite. Toujours est-il que le présent métrage demeure un classique dans le domaine, et ce, pour bien des raisons.

Pour une fois que ce n'est pas lui le coupable...

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’intrigue n’est pas remisée aux vagues considérations auxquelles le genre nous a habituées. Il soigne même son entrée en matière par le biais d’une présentation d’une confrérie universitaire. L’ensemble ne paye pas de mine de prime abord et pourtant, il instille déjà quelques éléments prompts à susciter l’angoisse. Cela passe notamment par une photographie sombre, presque désenchantée. Un contraste flagrant avec l’ambiance de Noël. On songe aussi à ses appels téléphoniques. Point fondamental de l’intrigue qui instaure le harcèlement; lui-même permet de susciter la paranoïa chez les protagonistes et, par extension, chez le spectateur.

De fait, l’aspect explicite auquel on est trop souvent habitué dans de tels métrages s’efface au profit d’un traitement beaucoup plus pragmatique et subtil. La présence du psychopathe reste avant tout insidieuse et permanente, en dépit de ses rares apparitions à l’écran. Apparition qui s’affiche la plupart du temps par une caméra subjective où l’on aborde le film sous le point de vue du tueur lui-même. Rien d’exceptionnel, mais assez avant-gardiste pour l’époque et parfaitement dans le ton. De plus, on ne verra jamais vraiment les traits de son visage. Un autre aspect pour que l’angoisse demeure indéfinissable et tapie dans l’ombre.

Le concept de bien emballer ses cadeaux lui a vraisemblablement échappé

Le simple fait de focaliser le nœud de l’intrigue sur une disparition et non sur une mort (dans l’esprit des intervenants) permet une certaine relativisation, voire un détachement, pour mieux endormir leur vigilance. À la manière d’une enquête policière classique, les investigations crédibilisent l’ensemble pour confronter avec plus de sensibilité l’approche réaliste et horrifique de l’histoire. D’ailleurs, le côté intrusif est parfaitement maîtrisé puisqu’il exploite la faiblesse des personnages dans leur propre demeure. La volonté de transformer un lieu sécurisant en terrain de jeu d’un malade mental accentue le sentiment de vulnérabilité qui émane du cadre.

Quant aux assassinats en eux-mêmes, ils ne sont pas forcément nombreux, mais placés à intervalles réguliers pour présenter une tension constante. Asphyxie, empalement par la gorge, coups de couteau... Même sur ce point, l’effort de varier les séquences de meurtres offre un rendu très graphique, bien que dépourvu d’effets gores notables. Si l’on peut trouver certains crimes rapidement expédiés ou trop furtifs, le matériau d’origine vieillit très bien en équilibrant ce qui est visible à l’écran et ce qui ne l’est pas.

Un petit casting sauvage pour le rôle de Jason ?

Après plus de quarante ans, Black Christmas demeure bel et bien un classique du slasher. Précurseur du genre sans s’y perdre corps et âme, le film de Bob Clark privilégie une approche plus timorée et moins expansive que ses futurs homologues. Avec le recul, il met en exergue ce qui leur fait cruellement défaut. À savoir, une histoire honnête qu’on prend plaisir à suivre, un panel de portraits soignés, sans oublier une atmosphère oppressante servit par la fluidité de la progression. Il en ressort un très bon moment horrifique où l’aspect voyeuriste (avec le harcèlement téléphonique) parvient à offrir un prétexte cohérent à l’ensemble.

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

Salvation
On ne compte plus les films qui mettent en scène un astéroïde qui menace la vie sur la planète. En parallèle des incursions les plus connues ( Deep Impact , Armageddon et consorts), le sujet a fait la joie de nombreux téléfilms et autres DTV bon marché. La teneur même de telles intrigues nécessite un traitement dynamique et tendu, prompt à jouer sur la fibre du spectaculaire qui vibre...
Saint
Au Pays-bas, tout comme dans ma Belgique natale, Saint-Nicolas est une institution au moins aussi populaire que le Père Noël, si pas plus. Basée sur une personne ayant réellement existé, Nicolas de Myre, la légende veut qu'il aurait ressuscité trois enfants tués par un boucher. Ce faisant, il est devenu le protecteur des enfants, des veuves et des gens faibles. Bref, un personnage...
Robocroc
Si les requins demeurent l’espèce dominante dans le survival animalier, les crocodiles et autres alligators ont également eu droit à leur lot de productions plus ou moins déplorables. À l’image de Black Water , Primeval ou Rogue , on a pu apprécier de sympathiques et efficaces incursions. C’est sans compter sur une myriade d’élucubrations cinématographiques où les...
Gretel & Hansel
On ne compte plus les adaptations de contes de fées dont les variations ont donné lieu à des interprétations des plus édulcorées aux plus brutales. Depuis sa publication voilà plus de 200 ans, Hansel & Gretel n’échappe pas à cette réappropriation pour la télévision et le cinéma. Sous forme de films indépendants ou de blockbusters, les différentes productions se sont montrées plus ou...
Epic : La bataille du royaume secret
Initiateur de la lucrative franchise L'âge de glace, Chris Wedge s'était fait plutôt rare dans le domaine de la réalisation depuis le moins bon Robots (qui date de 2005). Quelques doublages et productions plus tard, le cinéaste revient derrière la caméra avec Epic, sorte de croisement entre Arrietty et 1001 pattes. On le sait, il est très dur pour des studios de se faire une place dans le...
Black Christmas
Réalisateur:
Durée:
98 min.
8.54839
Moyenne : 8.5 (31 votes)

Black Christmas (1974) Trailer [HD]

Devinez le film par sa tagline :

Tous les chemins ne mènent pas au salut.
Score actuel : 0
1 pt par bonne réponse, sinon -1 !

Thématiques