Saint
Au Pays-bas, tout comme dans ma Belgique natale, Saint-Nicolas est une institution au moins aussi populaire que le Père Noël, si pas plus. Basée sur une personne ayant réellement existé, Nicolas de Myre, la légende veut qu'il aurait ressuscité trois enfants tués par un boucher. Ce faisant, il est devenu le protecteur des enfants, des veuves et des gens faibles. Bref, un personnage bienveillant et généreux, à mille lieues du Saint-Nicolas décrit par ce coquin de Dick Maas.
Car chez le réalisateur néerlandais, le saint homme est un brigand de la pire espèce qui pille les villages en compagnie de ses hommes, enlève les enfants et tue leurs parents. Ces derniers, excédés, vont d'ailleurs se venger en le brûlant vif, lui et toute sa clique de barbares.
Ceci constitue le postulat de départ de Saint. Autant dire que chez les amateurs de films d'horreur qui, comme moi, ont grandi au rythme des fêtes (et des cadeaux !) du 6 décembre, l'annonce de cette relecture osée de la vie de Saint-Nicolas a provoqué une excitation sans précédent.
Ca va chi**, Saint-Nicolas est dans la place...
Malheureusement, au bout des 88 min, il faut déchanter. Non pas que le film soit mauvais, loin de là, mais est il clairement décevant par rapport à son formidable potentiel de départ et à ce qu'il aurait pu être.
Déjà, il ne va pas au bout de ses idées. Par exemple, tout ce qui concerne les enfants kidnappés passe à la trappe tandis que la machination des autorités pour cacher la vérité sur les méfaits de Saint-Nicolas aurait mérité d'être creusée beaucoup plus. Ensuite, les séquences vraiment marquantes manquent à l'appel, de même qu'un climax digne de ce nom. Saint entretient l'attente, mais le déferlement de violence ne vient jamais ; la bataille finale est un peu cheap, et pauvre en action et en hémoglobine.
L'idée d'un Saint-Nicolas vengeur était franchement alléchante, mais passées les premières effusions de sang, il faut reconnaître que l'on s'ennuie un peu devant les pérégrinations de l'étudiant auquel s'est joint un policier que ses collègues prennent pour un fou.
Bref, le scénario se montre un peu paresseux et limité dans ses ambitions.
Burn the Sint!
Par ailleurs, Saint-Nicolas lui-même manque de charisme. L'acteur Huub Stapel n'est pas en cause, car il manque surtout à son personne des séquences où il pourrait faire étalage de sa puissance et de sa cruauté. A l'exception d'une sympathique décapitation, on ne le verra tuer personne. De fait, il laisse le sale boulot à ses "pères fouettards" et se contente de parader sur son cheval (ce qui nous vaudra tout de même la séquence la plus réussie du film, à savoir la course-poursuite sur les toits).
Il est fort dommage que son temps de présence à l'écran soit si réduit car ce Saint-Nicolas dégénéré avait clairement le potentiel pour devenir un boogeyman culte.
Pourtant, tout n'est pas négatif dans Saint. La photographie et la réalisation sont de qualité, de même que les acteurs sont tous crédibles. Il faut dire qu'ils ont le "physique de l'emploi". On est loin ici des standards américains où tout le casting semble sorti en droite ligne des magazines de mode.
Dans Saint il y a des beaux, des moches, des moustachus, des chauves, des chevelus, ...etc.
Bref, c'est la "vraie vie".
I'm a poor lonesome killer boy...
En conclusion, nous avons ici un film sympathique, mais décevant au vu de son énorme potentiel de départ. Ni plus, ni moins.
Peut-être qu'une éventuelle suite Bigger & Louder pourrait corriger ces faiblesses...