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Area 51

Un found footage aussi laborieux qu’agaçants. La faute à une histoire inconstante, un rythme pesant et des effets éculés pour tenter d’instaurer un minimum d’angoisse, en vain. Il s’en dégage une vacuité créative peu commune.

Publié le 21 Octobre 2015 par Dante_1984Voir la fiche de Area 51
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Initiateur du phénomène Paranormal activity, Oren Peli est parvenu en moins d’une décennie à se faire un nom dans le domaine horrifique, particulièrement celui du faux documentaire. En dépit de productions du même acabit, il n’aura réalisé qu’un seul et unique film avant de revenir à la charge avec Area51; toujours du found footage à la sauce Roswell. Le thème des extraterrestres n’est pas étranger à ce genre aux codes très stricts puisqu’on avait déjà pu faire les frais de frasques intergalactiques avec Appolo18, Alien abduction ou Echo, pour n’en citer que quelques-uns. Le cinéaste nous fournit-il une bobine adroite ou se fourvoie-t-il dans l’ennui et la complaisance?

Mode infiltration...

Force est de constater qu’Oren Peli s’encombre de nombreuses difficultés avant même d’entrer dans le vif du sujet. Outre son domaine maintes fois décrié, la zone51 est le vivier de tous les fantasmes et autres délires sur les aliens, leur éventuelle existence et les complots gouvernementaux à la sauce américaine. Oui, la base militaire est entourée de mystères. Quand ils n’ont pas été éventés, ils sont soumis aux pires affronts artistiques possibles. Pour ceux qui en douteraient, penchez-vous sur le 51 de Jason Connery ou Report51, également un faux documentaire sur la zone51. Et là, on comprend qu’un tel sujet couplé avec un manque d’imagination flagrant ne peut que déboucher sur un seul constat.

On n’échappe pas à une introduction à rallonge avec tous les clichés de circonstances. De jeunes adultes en quête d’une soirée bien arrosée, une disparition inopinée pour le moins furtive et une lubie qui tourne à l’obsession. Il n’en fallait pas plus à trois têtes brûlées pour prendre la route du Nevada et s’infiltrer dans la plus secrète des bases militaires américaines. Là encore, on sombre rapidement dans l’ennui avec une préparation qui n’en finit pas, des dialogues sans surprises et des situations à la limite du rocambolesque. Dépeindre le contexte local est utile et peut même posséder une plus-value quand cette démarche se justifie. Seulement, on a droit aux caricatures des paranos illuminés qui pensent trouver des petits hommes gris dans leur verre de whisky (enfin presque)!

Des E.T. qui retombent en enfance ou des aliens psychopathes ?

En délaissant le rythme laborieux, il demeure une progression qui manque de cohérence dans la continuité des événements. On édulcore les séquences importantes, on s’attarde sur du remplissage et l’on agite le tout en espérant que le spectateur n’y verra que du feu. Oren Peli reprend même le syndrome du robot de piscine (Paranormal activity2) en nous promettant un sursaut d’orgueil, un frisson face à un élément perturbateur... Mais non, en fait. Il ne se passe rien si ce n’est la succession de sombres couloirs, de bureaux austères et de salles de laboratoires envahis d’un fatras d’ustensiles scientifiques. Ou comment se moquer du spectateur...

... en lui donnant le mal de mer. Il est vrai que le genre fait montre d’une propension épileptique assez récurrente. Ici, la caméra est soumise aux pires outrages. Quand elle ne s’agite pas dans tous les sens, on nous inflige un cadrage excentré abominable qui ne suscite même pas un danger ou la peur de l’inconnu (ce qui était, a priori, l’intention voulue). Dans tous les cas, l’action est rarement lisible. On s’en désintéresse très rapidement et ce ne sont pas les petites trouvailles (combinaisons à camouflage thermique ou la vision nocturne utile en extérieur) qui rattraperont cette surabondance de subterfuges dignes des premiers pas d’un amateur passablement éméché!

C'est encore long ?

Que dire sur les personnages? Pas grand-chose, hormis le peu d’émotions qu’ils communiquent. Des blagues grivoises aux comportements excessifs, ils ne sont en rien crédibles. L’interprétation calamiteuse du casting n’y est sans doute pas étrangère. Toujours est-il qu’ils justifient leurs actions par une volonté indéfectible de percer le mystère de la zone51; là où tout le monde a échoué. Pour eux, il suffit d’une bonne dose de chance, d’un soupçon d’audace et d’inconscience; le tout est accompagné par une multitude d’incohérence et de passages téléphonés. À l’instar de l’intrigue, une caractérisation composée par-dessus la jambe.

Au final, Area51 n’est même pas une amère déception. Poussif, indigeste et d’un intérêt famélique, le nouveau film d’Oren Peli dispose d’une certaine facilité à rendre n’importe quel moment banal pénible. Au cours de ses 90 minutes, l’ennui est de rigueur pour une histoire à la progression narrative lénifiante. Ajoutons à cela une mise en scène vomitive et une succession de situations rocambolesques (on a l’impression de pouvoir rentrer dans la zone51 comme dans un moulin) pour réaliser un énième found footage sans âme. Agaçant, inutile et surfait, Area51 fait miroiter monts et merveilles sur ce que cachent les hangars de la célèbre base militaire pour un résultat en deçà de tout commentaire.

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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Area 51
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Durée:
4
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