BIFFF 2015 - Compte-rendu

Vendredi 10/04

Turbo Kid de Yoann-Karl Whissell, François Simard et Anouk Whissell (par Marianna)

turbo

Un jeune garçon passionné par les bandes dessinées fouille les ruines de temps meilleurs pour trouver des objets qu’il échange pour sa survie. La rencontre d'une mystérieuse jeune fille prénommée Apple va changer sa vie et le forcera à confronter ses peurs et à devenir un héros malgré lui...

Un film de science-fiction post-apocalyptique mêlant les univers des super-héros, l’incontournable Mad Max, mais aussi d western, le tout assaisonné d’une bonne touche de gore et d'absurde. On y retrouve l'incarnation de Clint Eastwood et ses répliques à la Chuck Norris, et une androïde très optimiste, moteur du jeune héros qui va tout faire pour venger ses parents.

Un vrai plaisir et une vraie bonne surprise. Un film qui pourrait marquer l'année 2015 si les distributeurs y mettent un peu du leur.

8,5/10

 

The Ignorance of Blood de Manuel Gomez Pereira (par Marianna)

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L’inspecteur Javier Falcon traque sans relâche les criminels, les assassins et les terroristes de tout crin qui pullulent dans sa belle ville...

Une belle photographie ; c’est tout ce qu’on retiendra de cette adaptation du roman de Robert Wilson. Les acteurs sont loin d'être tous convaincants et les dialogues à rallonge sont soporifiques quand ils ne nous énervent pas franchement alors que l’on voudrait qu'il se passe quelque chose à l’écran, enfin !

L'histoire manque d'épaisseur malgré deux intrigues menées en parallèle et le film carrément d'action.

Résultat : un film que j'ai oublié directement après ma sortie de la salle. Cela faisait bien longtemps que je n'étais pas partie au milieu d'un film et que j'avais autant regardé ma montre, tentant désespéramment de lui donner une chance qu'il ne méritait pas.

2/10

 

Mexico Barbaro de divers réalisateurs (par Marianna)

mex

Encore un film anthologique, mais ici il est mexicain et les moyens sont loin d'être les mêmes que certains de ses confrères. L'image est de moins bonne qualité que dans VHS ou ABC's of death, par exemple. Et les courts sont loin d'être tous égaux.

Une chance que le quatrième sketch (le seul dont le réalisateur était présent) est celui qui a le plus retenu mon attention, on a envie de dire ''What the fuck???'' et tellement qu'il est bien gore et crade (un monstre veut violer une femme et on voit bien tous les détails !).

Je n'ai pas pu voir les trois derniers sketchs, mais je serais curieuse malgré tout au vu de ce qui a précédé. Inégal mais sympa pour quelques-unes de ses idées loufoques.

5/10

 

Samedi 11/04

Infini de Shane Abbess (Par Geoffrey)

infini

Au XXIIIe siècle, une équipe de recherche et de sauvetage se rend dans une lointaine colonie minière pour sauver Whit Charmicael, l'unique survivant d'un accident bizarre. Via la technologie du slipstream, l'équipe doit se transporter dans un environnement hostile et mettre en quarantaine une arme biologique mortelle qui menace la Terre...

Infini est un film australien dont la bande annonce a fait saliver plus d’un amateur de science-fiction. Design réussi, pitch accrocheur, il n’en fallait pas plus pour faire monter la pression. La salle Ciné 2 du BIFFF était donc quasiment pleine au moment où Stéphane, le présentateur, a fait monter le producteur sur scène pour une petite séance de questions/réponses.

Dix minutes et une chanson d’INXS plus tard (oui, si vous n’êtes jamais venu au BIFFF, sachez que la tradition veut que les personnes qui viennent présenter le film entonnent une chanson), dix minutes plus tard donc, les lumières se sont enfin éteintes.

Infini c’est donc l’histoire d’une escouade de soldats envoyés à l’autre bout de la galaxie pour sauver le dernier rescapé d’une catastrophe qui a anéanti plus de 1.600 personnes. Mais cela, on ne le comprend qu’au bout d’une petite quinzaine de minutes. Auparavant, on nous balance des informations à la pelle sur le contexte de l’histoire et l’action à l’écran est un peu confuse. Ça crie, ça explose, ça se téléporte, le tout sur fond de distorsion temporelle. N’en jetez plus !

Heureusement, une fois dans la station déserte, Infini se transforme en une sorte de fusion entre Pandorum et The Thing, saupoudrée d’une pincée d’Alien pour faire bonne figure. Bref, de bonnes références pour ce film qui a néanmoins le bon goût de se dégager de ses influences pour trouver sa propre identité, celle d’un film qui mise plus sur la destruction psychologique de ses personnages que sur l’horreur graphique.

Cette approche pourra en rebuter certains, mais je pense que les amateurs de SF « sérieuse » devraient apprécier. En tout cas, moi, j’ai apprécié.

7/10

 

 

Robots Overlords de Jon Wright (par Geoffrey)

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La Terre a été conquise par des robots venus d'une galaxie lointaine. Les survivants vivent confinés chez eux et doivent porter des implants électroniques, risquant l'incinération s'ils s'aventurent à l'extérieur...

Imaginez un peu : aux manettes, le type qui a fait Grabbers (vous savez, ce film où il faut boire de la bière pour résister aux extraterrestres) ; devant la caméra, Gillian Anderson et Ben Kingsley ; et tout ce petit monde réuni pour nous relater l’histoire de robots géants ayant asservi l’humanité. Vous, je ne sais pas, mais moi ça m’a directement filé la bave aux lèvres. Et je dois dire que je n’ai pas été déçu.

Si je devais décrire Robots Overlords, je dirais que c’est la rencontre des Goonies et de la Guerre des Mondes. C’est plaisant, le scénario prévisible sans être convenu, le rythme est soutenu, les blagues font mouche, les effets spéciaux sont très réussis, le casting est impeccable et une idée géniale fuse de temps à autre. Bref, vous aurez compris que j’ai passé un très bon moment devant ce film. Plus tôt dans la journée, j’avais vu Infini, de la SF sérieuse, eh bien Robots Overlords pourrait être son exact opposé. Point de psychologie ici, mais une volonté manifeste de faire plaisir au plus large public possible.

Car oui, Robots Overlords est pour toute la famille. Au sortir de la projection, j’ai d’ailleurs entendu certains spectateurs dire que le film était un peu gamin. Difficile de le nier, mais il n’en reste pas moins agréable pour qui cherche seulement à passer un bon moment.

8/10

 

Everly de Joe Lynch (par Punisher)

everly

Après avoir survécu à un viol collectif de yakuzas, Everly réplique sur un coup de tête en dégommant à coups de douilles fumantes ces petites frappes...

« Piège de cristal »

Un Die Hard féminin ? Pourquoi pas ? Idée alléchante quand on pense à quel point le cinéma manque cruellement d’imagination de nos jours. Avec ses qualités et ses défauts, Everly apporte au cinéma de genre une bouffée de plaisir douce comme du satin. Je vais essayer de résumer. Tout d’abord, il y a l’évidente tête d’affiche qui apporte beaucoup. Car faire un film pareil à 50 ans et avec une renommée comme la sienne qui n’est plus à faire, Salma Hayek prend tout le monde à contre-pied. Et je ne parle même pas du comment le réalisateur met en scène son corps !

Ensuite vient le traitement du film. Je suis resté perplexe au début. Toute l’intrigue dans un seul et unique endroit ? Mais ma peur fut rapidement transformée en curiosité grâce à la vivacité de la mise en scène (on ne s’ennuie que très peu malgré certains passages téléphonés) et à certaines trouvailles visuelles non négligeables au vu du maigre budget. Le point suivant et non des moindre, c’est tout simplement l’humour. Eh bien quoi ? John McClane n’avait-il pas droit à son quart d’heure de gloire lui aussi ? Avec un cachet grindhouse, il n’en fallait pas moins pour faire d’Everly une sorte d’ovni fabriqué avec des matières connues (violence, érotisme, humour et sentiment) mais dont le résultat final reste assez unique. Mon seul souci ? Trop de décors numériques. C’est peut-être facile à écrire mais croyez-moi, un trop plein de ce genre d’effets spéciaux peut chimiothérapisé tout un film.

Everly est donc un champ de roses cendrées parsemé de mines anti-personnelles et dont certaines fleurs sont en plastiques.

 

Dimanche 12/04

Lupin III de Ryûhei Kitamura (par Geoffrey)

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Trahi par son plus dangereux ami et fidèle rival, le célèbre voleur Lupin III va parcourir le monde  pour retrouver le collier de Cléopâtre - et accessoirement le rubis qui va avec. Pour l’épauler dans cette tâche, il pourra une nouvelle fois compter sur Mine Fujiko qui prend toujours un malin plaisir à repousser ses avances, mais aussi sur Jingen et le sabreur Goemon...

Les aventures d’Edgar de la Cambriole, petit-fils d’Arsène Lupin, vues par les coréens, ça donne, en gros, Mission : Impossible en plus barré. Trahisons en pagaille, jeux de masques et séquences d’infiltration improbables sont donc au menu de ce Lupin III plutôt sympathique et habité par une galerie de personnages attachants (Goemon rules !).

Le scénario est plaisant, truffé de bonnes idées, mais affaibli par des dialogues parfois dignes d’une sitcom. On sent que Ryûhei Kitamura est clairement plus à l’aise pour nous proposer des scènes d’action qui décoiffent que lors des séquences de dialogues.

Ce n’est pas du grand cinéma, mais on ne s’y ennuie pas malgré une durée qui aurait gagné à être raccourcie d’un bon quart d’heure. Divertissant.

7/10

 

Frankenstein de Bernard Rose (Par Geoffrey)

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Victor et Elizabeth Frankenstein, un couple de scientifiques excentriques, créent un monstre baptisé Adam, une créature qui est confronté à la colère, l’agression et la violence du monde qui l’entoure...

Et encore une adaptation du bouquin de Mary Shelley. Une de plus. Franchement, cela devient difficile de s’enthousiasmer. Pourtant, cette nouvelle mouture mérite que l’on s’y attarde, et cela pour plusieurs raisons.

En premier lieu, le réalisateur n’est autre que Bernard Rose. Son nom n’évoquera peut-être rien aux plus jeunes d’entre vous, alors sachez qu’il est le réalisateur de Paperhouse, Sx_Tape, mais aussi et surtout le créateur du célèbre Candyman, le film qui a propulsé Tony Todd au firmament des icônes de l’horreur. Candyman était une sorte de slasher fantastique (mais aussi un fantastique slasher) et, personnellement, il est l’un des seuls films du genre à m’avoir sérieusement fait flipper. Même les Griffes de la Nuit ne m’avaient pas autant mis sous tension. Bref, quand j’ai appris que Bernard s’intéressait à Viktor Frankenstein et à sa créature, ma curiosité a été piquée au vif.

Frankenstein vu par Bernard Rose, c’est avant tout une approche naturaliste et moderne, et c’est en cela que le film est le plus intéressant. L’histoire se passe de nos jours et fait de la créature une personne inadaptée socialement. Brillante idée qui permet une critique acerbe de notre société, laquelle n’accepte pas la différence.

Bien sûr, le gore n’est pas oublié et certaines séquences ont fait grimacer les spectateurs du BIFFF.

Cependant, tout n’est pas parfait dans le meilleur des mondes. Le film - accuse de sérieuses baisses de rythme, surtout dans sa seconde partie. Dommage aussi que quelques clichés évitables le parsèment (tout le monde fait coucou à nos amis les policiers cons et/ou sadiques...). Mais dans l’ensemble, le film mérite le coup d’œil, ne fut-ce que pour son approche osée du mythe de Frankenstein.

7/10

 

Monsterz de Hideo Nakata (Par Geoffrey)

Un mutant, capable de contrôler les faits et gestes des êtres humains, vit seul dans la paranoïa et la souffrance - son immense pouvoir semble littéralement ronger son corps. Traumatisé par le regard des autres, qui ne voient en lui qu’un monstre, il a fini par transformer son dédain pour l’espèce humaine en haine.

Un jour comme les autres, durant lequel il s’amuse négligemment à contrôler des dizaines de personnes dans un parc, il fait face à l’impossible : un homme résiste à son pouvoir...

Hideo Nakata, c’est avant tout The Ring et Dark Waters, deux des films les plus flippants de ces quinze dernières années. Mais Hideo Nakata, c’est aussi d’affreux navets dont personne ne veut plus entendre parler. Après les déconvenues de Chatroom, Le Cercle 2 et autres The Complex, Monsterz, remake nippon du coréen Haunters, est donc pour lui l’occasion de redorer son blason.

Bon, ce ne sera pas encore pour cette fois. Si Monsterz est loin d’être une catastrophe, il ne sera pas non plus le film du renouveau pour Nakata qui semble une fois de plus en pilote automatique. Les plans peu inspirés se succèdent et finissent par provoquer d’inévitables chutes de rythme. Dommage, car l’histoire possède un fort potentiel.

Monsterz possède également une autre faiblesse en la personne de Tatsuya Fujiwara. L’acteur a beau avoir tenu le premier rôle dans l’un de mes films préférés (Battle Royale pour ne pas le nommer), je suis obligé d’admettre qu’il est ici très limité. Il faut voir la tête qu’il prend lorsque son personnage utilise ses pouvoirs... Sérieusement, on dirait un constipé chronique. Plusieurs de ses apparitions ont d’ailleurs déclenché des rires dans la salle. Pour ma part, j’étais plutôt gêné.

Face à lui, Takayuki Yamada s’en sort nettement mieux et parvient à la fois à rendre son personnage crédible et attachant.

Malgré ses défauts, Monsterz n’est pas une purge, mais au vu des forces en présence, il est clairement une déception. Divertissant, sans plus, et c’est bien dommage.

6.5/10

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