Urban Legend 2 - Coup de grâce
À la fin des années 1990, le slasher a connu un nouvel essor avec Scream. S’ensuivirent des itérations plus ou moins notables, dont les plus célèbres demeurent Souviens-toi l’été dernier et Urban Legend. Contrairement à ses homologues, cette franchise se veut vieillissante et, globalement, peu rigoureuse dans sa progression. Il en ressort une modeste production qui se contente d’effleurer son concept initial par l’entremise d’un cadre éculé et d’intervenants caricaturaux. Son succès commercial a débouché inévitablement vers une suite. Dans les intentions, cette dernière peut éventuellement atténuer les écueils de son prédécesseur, voire proposer une approche plus pertinente des légendes urbaines.
Turbulences à 30 000 pieds !
Les premiers instants tendent à confirmer cette impression. On songe, entre autres, à cette volonté de flouer les frontières entre réalité et fiction avec l’incursion dans une école de cinéma. Le fait d’incorporer des films dans le film sans transition aucune permet de prendre à contrepied le spectateur à défaut de le surprendre. L’idée est toujours intéressante à appréhender, mais elle n’est en rien novatrice. Bien que sommaire et guère exploité par la suite, il est à noter l’évocation de la violence véhiculée à travers les images ; que lesdites scènes soient réelles ou non. Il en découle une fascination morbide qui aurait pu déboucher sur une atmosphère malsaine.
Cependant, Urban Legend 2 – Coup de grâce s’enfonce très rapidement dans un traitement conventionnel, voire paresseux dans son évolution. Malgré un point de départ somme toute convaincant, le scénario en oublie son concept pour se fourvoyer dans les poncifs du slasher. Les circonstances des crimes font preuve d’illogismes, tandis que le modus operandi demeure trop classique. Certes, il y a bien cette séquence où l’une des victimes se réveille dans une baignoire de glace, un rein en moins. Cependant, les légendes urbaines ne servent même pas de toile de fond. Il est d’autant plus dommage de le constater que l’idée initiale est complémentaire à l’exposition de l’envers du décor d’un tournage.
Once upon a time...
Il n’y a donc aucune nuance ni subtilité. Le rythme est décousu au possible, tandis que les protagonistes multiplient les écueils à tous les niveaux. La caractérisation relève du cliché éhonté où la tête d’affiche se heurte à l’incrédulité de ses pairs, envers et contre le bon sens. L’accumulation de preuves et de disparitions n’y fait rien si bien que les passages suivants enchaînent les élucubrations et les échanges ridicules. Mention spéciale à Matthew Davis dont l’interprétation monolithique se vérifie à chaque plan ; qu’il s’agisse de séduction, de peur, de divergence ou de perplexité. De la masse, distingue-t-on à peine les timides débuts de Jennifer Morrison et d’Anson Mount.
Quant aux assassinats, on reste également dans une approche très mesurée où la plupart des séquences sont détournées par un second degré inattendu et ne sont pas forcément de circonstances. Entre une violence édulcorée et un manque d’inspiration flagrant pour mettre le tout en scène, il est difficile d’y accorder le moindre crédit. Le fait que le schéma du tueur suit un cheminement capricieux et aléatoire n’aide pas à maintenir une tension constante. À aucun moment, le spectateur ne parvient à éprouver la menace latente qui plane au-dessus du campus. D’ailleurs, le cadre est géré avec maladresse et ce n’est pas la visite d’une attraction horrifique qui inversera la donne.
Pour le cours d'escrime, prenez la troisième porte à droite
Au final, Urban Legend 2 – Coup de grâce porte bien son nom. En dépit d’un premier quart d’heure distrayant et bien amené, la seule et unique réalisation de John Ottman fait s’enchaîner les écueils à un rythme alarmant. Cette suite demeure l’exemple typique d’une itération opportuniste dont le potentiel est mal exploité, mal maîtrisé. La connotation propre aux légendes urbaines est clairement absente, tandis que l’exposition de films dans le film en reste au stade des prémices. Il faut également se contenter d’un dénouement précipité qui propose un coupable inattendu, particulièrement oublié durant toute l’histoire. Sans doute la démonstration d’une conclusion bouclée à la va-vite qui s’essaye à une mise en abîme cinématographique maladroite et inutile.
Un film de John Ottman
Avec : Jennifer Morrison, Joseph Lawrence, Anson Mount, Matthew Davis