Silent night
Cinq films auront été nécessaires à Douce nuit, sanglante nuit pour certifier que les fêtes de Noël ne sont pas toujours synonymes de goinfrades assumés, de papiers cadeaux chiffonnés et autres joyeusetés propres à notre société de consommation. On peut aussi offrir des productions empoisonnées qui n’ont cessé de se dégrader au fil des épisodes. En dehors d’un premier opus correct, il en résultait une saga nettement dispensable. Fidèle à la mouvance actuelle des remakes et des reboots opportunistes, l’histoire de Charles Sellier Jr. connaît un lifting qui, on l’espère, nous fera oublier la débandade de ses pseudo-suites. Un retour aux sources bienvenu ou un navet éhonté ?
Comme tout bon slasher qui se respecte, Silent night ne possède pas un scénario transcendant, même si certains indices laissent entendre le contraire. D’une progression prévisible et binaire, l’on alterne entre le parcours du Père Noël psychopathe et l’enquête. Étant donné que les meurtres paraissent ciblés, les interrogations planent sur les motivations du tueur. Vengeance, fantasmes inavoués ? Quelques questions ont le mérite d’être posées pour épaissir une intrigue limitée. Cependant, les réponses apportées dans les ultimes secondes tendent à se moquer du spectateur à cause d’un dénouement bâclé et bancal.
Sans dénaturer l’esprit originel, il est vrai que le remake s’en éloigne sensiblement sans oublier d’intégrer des clins d’œil faciles tels que le grand-père catatonique ou certaines mises à mort. En cela, Silent night se montre aussi généreux que son modèle avec une quinzaine d’assassinats sur 93 minutes. Au lieu de décoller dans la dernière ligne droite, le carnage s’étale dès les premières minutes. Un traitement équilibré qui permet de ne pas lasser tout en proposant des réjouissances variées. Lance-flammes, poing américain, broyeuse de végétaux ou électrocutions sont autant de moyens pour traduire une diversité évidente (et pas si présente que cela) dans le domaine.
Il est vrai que l’on ne trouvera pas une constance dans la place allouée aux victimes avec d’exceptionnels hors-champ ou des exécutions trop furtives, voire confuses. En dépit de quelques subterfuges grossiers, le budget correct permet d’offrir des effets assez crédibles dans la majorité des cas. Nous n’avons pas droit à une production foncièrement gore, mais le cinéaste ne lésine pas sur l’hémoglobine ou les entrailles pour appuyer le carnage. Malgré l’absence de neiges, le travail sur le cadre reste honnête avec des décorations de circonstances. Certes, le résultat s’avère sommaire, mais instaure le minimum d’ambiance propre à cette période de l’année.
Niveau protagoniste, on alterne entre le moyen, le caricatural et l’anecdotique. Malcolm McDowell cabotine dans un rôle presque risible tant il est perclus de clichés tandis que Jaime King se dépêtre de doutes dans un personnage basique qui ne suscite que peu d’intérêts. Fort heureusement, on limite la présence d’adolescents dégoulinants d’hormones au strict nécessaire, même si, reconnaissons-le, la plupart des victimes sont des têtes à claques, des paumés, des imbéciles ou les trois d’un coup. Cette succession d’individus disparates sans relief ne retiendra que peu l’attention au vu de sa superficialité.
Au final, Silent night est à l’image du premier opus. Autrement dit, il nous offre un spectacle basique sans grande surprise, et ce, malgré un traitement équilibré qui laisse peu de place à l’ennui. Il n’en demeure pas moins des défauts récurrents au genre tels qu’une caractérisation succincte ou une histoire simpliste en dépit d’un départ prometteur. Le film se montre distrayant, mais limité dans ses intentions et le public visé. On saluera des moyens assez variés pour tuer et un plaisir coupable à suivre les méfaits du Père Noël psychopathe. Il en ressort une production à la fois ancrée dans les influences des années 1980 et un traitement moderne pour proposer un slasher honnête.
Un film de Steven C. Miller
Avec : Jaime King, Malcolm McDowell, Lisa Marie, Ellen Wong