Shrill Cries : Reshuffle
Une suite qui se révèle moins lamentable que son aîné. Il demeure néanmoins une histoire mal maîtrisée où les questions apportent d'autres questions et non des réponses. Aucun intérêt pour ceux qui ne connaissent pas la série. Pour les autres, un pâle reflet de ce que propose l'anime.
A Hinamizawa, petit village japonais, une malédiction frappe tous les ans les habitants. Lors d'un festival où rituel et traditions apaisent le dieu Oyashiro-Sama, une personne est tuée et une autre disparaît dans des circonstances mystérieuses. Keiichi et ses amies s'interrogent, mais la folie semble les guetter...
Après une adaptation-live absolument pathétique, il semblait peu probable de revoir Hinamizawa sous forme de film. Qu'à cela ne tienne, le dévoué Ataru Oikawa récidive une année plus tard avec un nouveau métrage. On l'avait constaté précédemment, la complexité de l'histoire ne permettait pas de décliner l'univers d'Higurashi en long-métrage. Apparemment, le réalisateur persiste et signe sans porter un regard critique sur ce qu'il avait pu commettre auparavant. Vous vous en doutez, on ne change pas une équipe qui gagne (ou perd, c'est selon) et nous voici avec un second opus bon pour les orties, enfin presque.
Il n'y a pas que le miroir de fêlé.
On ne reviendra pas sur l'absence de narration en arcs ou sur les artifices mis en oeuvre pour flouer le processus. Au niveau de l'histoire, il faut savoir que l'on situe principalement dans le dernier arc de la première saison (même si l'on découvre çà et là certains éléments de la saison 2). Autant dire que si le premier film finissait de perdre le petit nouveau, cette suite achève toute espérance d'élucider le mystère et, par la même, empêche une réelle continuité dans la succession des événements. Pour les connaisseurs, il sera aisé de s'y retrouver (enfin, à peu de choses prêtes). Pour les autres, ils ne comprendront pas pourquoi rien ne semble avoir changé au sein du village maudit.
Non seulement, Shrill cries ne répond à quasiment aucune question amorcée dans le premier film, mais il en pose encore sans se soucier le moins du monde que l'histoire risque de faire rengaine et d'embrouiller définitivement l'esprit des plus téméraires. En effet, l'on retrouve une narration alambiquée, pas vraiment abordable et, encore une fois, obscure à plus d'un titre. Comme si cela n'était pas suffisant, l'accent est mis sur Keiichi et Rena. On ne s'ennuie pas de développer Satoko, Rika (pourtant la pierre angulaire du récit) et même Mion est relégué au second plan. Je ne citerai pas sa soeur jumelle, Shion, passée aux oubliettes pour on ne sait quelle raison.
Une extinction de voix sévère.
L'ensemble demeure assez fidèle dans son déroulement à l'anime. On sent un petit effort pour conserver les scènes les plus marquantes et améliorer le rythme. Cela fonctionne surtout en dernière partie étant donné que l'utilité de l'intrigue est sujette à caution si l'on souhaite simplement élucider le mystère d'Hinamizawa. En clair, l'histoire se penche davantage sur les personnages, leur quotidien, leur évolution à travers les épreuves qu'ils traversent. Un aspect inattendu sur la prise de conscience de ses erreurs ou comment aborder son passé est plutôt bienvenu à la moitié du métrage. Néanmoins, on demeure nettement en deçà des possibilités offertes par le scénario initial.
Étrangement, la réalisation n'est pas aussi mauvaise que dans le premier opus. Certes, l'on pestera contre ce grain d'image à la limite de l'amateurisme, des cadrages pas forcément pertinents, mais on dénotera quelques bonnes idées. Le film se veut plus sanglant que son prédécesseur. Les trucages ne sont pas exceptionnels, mais sont plutôt rares et se fondent dans la masse. Pour la plupart, il s'agit de la gorge ensanglantée et des asticots qui en sortent (aucune réponse n'est avancée sur ce phénomène si vous ne connaissez pas l'anime). Quelques filtres de couleurs s'invitent pour tenter d'instaurer une aura malsaine. Malheureusement, le résultat est loin des intentions.
Duel au sommet (de l'école).
En effet, l'ambiance n'est ni effrayante, ni oppressante, ni dérangeante. Encore une fois, l'écueil incombe en grande majorité à cette brochette d'acteurs aux rabais qui sont aussi à l'aise devant la caméra qu'un pianiste face à une trompette. Ils surjouent, ne parviennent à aucun moment à communiquer un semblant d'émotions. Il n'y a aucune nuance dans leur interprétation. Un aspect blanc (la joie), un aspect noir (la colère, qui passe toujours très mal à l'écran). Voilà en quoi se résume leur palette d'expressions. L'aspect paranoïaque, voire schizophrénique, est aux abonnés absents.
Bref, ce second opus est légèrement meilleur que son prédécesseur. Il n'en demeure pas moins que l'on est très loin de l'excellence de la série. Pour ceux qui auraient vu le premier film sans la connaître, l'impression de remarquer moult incohérences seront légion. Le réalisateur multiplie les clins d'oeil sans jamais trouver une trame narrative évidente. Les informations sont régurgitées maladroitement. Seuls, les inconditionnels se sortiront de ce piège vicieux, même si certains passages tendent à le perdre au niveau de l'importance ou de la véracité des propos avancés. On retiendra un petit effort sur la mise en scène pour ne pas lénifier le rythme. Le reste est assez similaire au premier opus. En somme, un film modeste et médiocre dans ses ambitions.
Un film de Ataru Oikawa
Avec : Aika, Rin Asuka, Ayako Kawahara, Gôki Maeda