Sharknado 4 : The 4th Awakens
Pour Asylum et SyFy, sortir un nouvel opus de Sharknado chaque année est devenu une constante. Au fil du temps, on a progressé de l’absurde vers la nullité absolue en passant par différents stades. Incongru, mal fichu, dépouillé d’orgueil, aberrant et inutile, Sharknado essaye avec plus ou moins de brio de s’assumer dans le domaine du nanar de luxe. Une sorte de label qui porte haut et fort les couleurs de la connerie des producteurs et des scénaristes. On a beau lui trouver un côté déjanté (sans pour autant être comique), il n’en demeure pas moins que l’annualisation d’une pareille bêtise suffit à lasser. L’opus de trop? Sûrement pas, puisque cette question se pose depuis le premier volet!
Jackpot !!!
À force de jouer sur le même tableau sans parvenir à saisir l’once d’un intérêt, on sombre dans l’attendu; quand bien même les situations qui se succèdent ne ressemblent à rien de ce que l’on peut connaître dans le cinéma conventionnel. Et ce n’est pas le démarrage en fanfare au cœur de Las Vegas qui nous sortira de ce «very bad trip». Bien au contraire... Malgré une durée qui dépasse à peine les 80 minutes, les longueurs sont nombreuses. Entre deux sharknados, on a droit à des séquences sans fondement où l’on suit une bande de bras cassés (au sens propre comme au figuré) qui semble aussi perdue que l’intrigue. On s’agite en y mettant de l’huile de coude, on crie à tout-va et, surtout, on brasse de l’air.
Car cette vacuité se retrouve également dans des lignes éculées. À force de trop en faire, on ne sait plus quoi dire. Preuve en est avec des dialogues qui manquent de mordant. Les jeux de mots faciles semblent tout droit sortis de blagues Carambar amputées de leur côté amusant qui lâche un sourire en coin à défaut de faire rire pleinement. Ici, on a droit à pléthores de références qui n’ont rien à faire là. Qu’importe! On nous accable d’allusions à Christine, Le magicien d’Oz, Star Trek, Iron Man, Star Wars ou encore Terminator. Un pot-pourri dont l’incohérence et le niveau potache relèguent la saga Scary Movie au rang de petit intello de la classe. C’est dire les volontés des producteurs de faire n’importe quoi.
Vilain requin qui vient troubler le télé-achat qui lui est consacré !
Et cette absurdité aura pour seul mérite d’inventer de nouveaux mots avec une variété aussi déconcertante que les termes eux-mêmes. Les Sharknados n’ont plus la côte? Prenez garde au sablenado, sablesharknado, rochenado, pétrolenado, flammanado! Vous en avez assez? Dommage, car le puits sans fonds de ce vocabulaire de l’étrange se poursuit avec le magmanado, grêlenado, éclairnado, sans oublier les immanquables vachenado et nucléonado. Bref, le fait de vouloir agrandir la menace de tempêtes saugrenues à d’autres éléments extérieurs ne fait que péricliter le «sens» même de ce genre de métrage dans un puits sans fond. À savoir, les requins.
Mais peut-on encore parler de squales? Pas vraiment étant donné qu’ils apparaissent à titre ponctuel. D’ailleurs, certains d’entre eux sont des espèces purement fantasmées sur de véritables appellations, notamment le requin-corail et le requin aveugle des roches. De plus, les morts sont dues à la stupidité desdites victimes et non aux attaques réelles des poissons pixellisés. De là à penser à un suicide par assistance, il n’y a qu’un pas... Toujours est-il que les décapitations et les écrasements sont les deux seuls modes d’exécutions retenues. Un choix minimaliste et accablant par tant de fainéantise de la part des scénaristes. En sus d’un spectacle indigeste, cet aspect du film ne parvient même pas à contenter quelques amateurs affamés.
Attention, vachenado à l'oeuvre !
Au final, Sharknado 4 ajoute à son ineffable goût de l’absurdité la lassitude d’un concept qui aurait dû rester dans les cartons. Outre l’habituel cabotinage d’acteurs de seconde zone et de situations aberrantes, ce quatrième opus joue davantage sur de pseudo-références trouvées à la va-vite plutôt que sur le cœur du problème (ou de la tornade, en l’occurrence). Si l’on peut s’affliger d’un tel spectacle, il en devient ridicule et pathétique tant on nous ressort encore et toujours des ficelles bidon mâchonnées par des dents moins aiguisées que celles des requins. Ces derniers se font clairement oubliés sous un déluge de tornades nouvelle génération. Grotesque tant l’entreprise se base sur des critères où le grand n’importe quoi règne en maître.
Un film de Anthony C. Ferrante
Avec : Tara Reid, David Hasselhoff, Ian Ziering, Ryan Newman