Voir la fiche complète du film : Sex Addict (Frank Henenlotter - 2008)

Sex Addict

Une jeune femme, photographe, est dotée d'au moins sept clitoris, ce qui rend ses ébats sexuels extrêmes et dangereux. Malgré un sujet initial original et déviant, la caméra d' Henenlotter s'est un peu grippée au fil des décennies...

Publié le 1 Janvier 2008 par GORE MANIACVoir la fiche de Sex Addict
6

Une jeune femme, photographe, est dotée d'au moins sept clitoris, ce qui rend ses ébats sexuels extrêmes et dangereux. Un jour, elle rencontre un homme qui pourrait combler tous ses désirs. Mais ce dernier semble éprouver quelques difficultés à gérer son sexe.
Plus de 15 ans après son dernier métrage, Frank Henenlotter est de retour dans le milieu du Septième Art. Amateur d'ambiances underground et glauques, il s'attaque ici à la thématique de la performance sexuelle, sans oublier ses obsessions récurrentes pour les personnages décalés et marginaux.

La carrière d'Henenlotter débute en 1982, avec le premier volet des Basket Case. Hormis cette trilogie culte, il signera seulement trois autres métrages, faisant tous la part belle à des personnages en marge d'une société qui les ignore ou les rejette, à cause de leurs difformités physiques (Belial, le monstre de Frère de Sang) ou de leurs désirs (le savant fou de Frankenhooker, l'héroïne de Bad Biology).

A l'instar de ses héros, Henenlotter a toujours paru en dehors du système, profitant du succès naissant d'un cinéma hors normes (voir le documentaire Midnight Movies) pour se faire une petite réputation auprès d'un cercle restreint de cinéphiles.
De son propre aveu, ce cinéaste ne se sentait déjà plus en rapport avec la nouvelle politique du Septième Art lorsqu'il réalisa Basket Case 3, et préféra ensuite abandonner la mise en scène, pour se consacrer à d'autres activités (toujours en rapport avec le cinéma).
En réalisant un clip pour un rappeur, R.A. Thorburn, ce dernier, fan de son oeuvre, lui propose de financer un long-métrage, dont il co-signera aussi le scénario.

Que reste t'il du style d'Henenlotter, près de 30 ans après son premier métrage : l'état d'esprit !

En effet, même si la photographie surprendra par sa qualité et sa luminosité, et que le rap prend une place (trop) importante dans le métrage (BO, interprétation), les thèmes chers au cinéaste sont toujours présents.
Ses deux héros, bien que représentatifs d'un nouveau fait de société important (le rapport au sexe), sont en effet aussi isolés et incompris que les habituelles figures de proue du cinéma henenlotterien. Néanmoins, la gestion au quotidien de leurs pulsions sexuelles est traitée de manière radicalement différente. Là où la jeune femme assume ses caractéristiques et se sert de ses amants comme de simples gadgets (une féminisation jusqu'au-boutiste en quelque sorte), le héros ressemble davantage à un camé tentant de calmer un sexe indépendant, qu'il ne maîtrise et n'assume pas.

Toutefois, les deux personnages se rejoignent par un isolement total et un rapport presque infantile, vis à vis des autres. Ainsi, la succube des temps modernes tuera le seul homme qui semblait pouvoir être plus qu'un simple amant d'un soir. Elle n'hésitera pas non plus à abandonner la preuve flagrante de son anormalité génétique, des enfants monstres nés deux heures après ses relations sexuelles, dans des lieux aussi incongrus et sordides qu'une poubelle, une baignoire ou une voiture dans une casse, tandis que le garçon laissera dans la rue une prostituée victime d'un orgasme sans fin après avoir goûté à l'engin du jeune homme.
D'ailleurs, ce dernier possède le même rapport avec son sexe démesuré que le héros de Basket Case avec son siamois psychopathe, que le complice d'Elmer ou que l'émule de Frankenstein avec sa créature assoiffée de sexe et de sang. L'un ne peut survivre sans l'autre, mais les deux entités se haïssent et cherchent le salut dans le rejet de l'autre.

Henenlotter n'a malheureusement plus forcément la verve ironique de ses débuts. Le côté trash de ces premiers films semble avoir quelque peu disparu aussi, malgré une belle galerie de personnages iconoclastes, passant des junkies aux prostituées.
Étrangement, le film ne veut guère se prendre au sérieux (les personnages s'adressent parfois à la caméra, sans parler de la fugue du sexe dans un segment très kitsch louchant du côté d'un Pervert !).

Dès lors, malgré un défilé de jolies jeunes femmes (dont le modèle de charme Jelena Jensen, dans une séquence sous la douche beaucoup trop écourtée), il est difficile de rester concerné devant ce spectacle bis de facture modeste, qui aurait probablement mérité un traitement plus sombre.
De plus, le rythme moyennement trépidant de l'ensemble et l'absence d'une véritable folie libidineuse (on est loin du sexe d'acier d'un Tetsuo, mine de rien), empêche le film de trouver un salvateur second souffle, après un démarrage intriguant et incisif.
Le final, durant lequel la jeune femme obtiendra ce qu'elle a toujours souhaité (recevoir la semence divine), résume assez bien l'impression générale résultant de Bad Biology (retitré en France Sex Addict pour des raisons purement commerciales fort dommageables).

Malgré un sujet initial original et déviant, la caméra d' Henenlotter s'est un peu grippée au fil des décennies, et la verve d'un Basket Case n'est plus trop d'actualité.
On regrettera donc le traitement trop second degré de ce film, qui aurait mérité un timbre plus vicieux, même s'il est agréable de revoir ce cinéaste indépendant titiller à nouveau le système !

A propos de l'auteur : GORE MANIAC
Portrait de GORE MANIAC

J'essaie de partager ma passion pour un cinéma méconnu, mais qui mérite incontestablement qu'on s'y arrête !

Autres critiques

Délivrance
Il fut un temps où le cinéma était innovant, et où les scénaristes, tout comme les réalisateurs avaient de grandes ambitions pour faire avancer le septième art. On se souvient encore de 2000 maniacs ! , premier film gore sorti en 1963 sous la direction de Herschell Gordon Lewis et qui a initié et inspiré un bon nombre de cinéastes aujourd'hui encore. John Boorman, le papa d' Excalibur et de...
Les innocents
Dans le domaine du fantastique, certaines œuvres littéraires du XIXe siècle demeurent des classiques qui, non contents de poser les bases d’un genre, le transcendaient à travers des intrigues intemporelles. On songe à Edgar Poe, Mary Shelley, Oscar Wilde ou encore Bram Stoker. Dans la même veine, Henry James a écrit Le tour d’écrou , roman remarquable en tout point, tant dans sa prose...
Bad Milo !
Les monstres existent, tout comme les fantômes, spectres et autres créatures malfaisantes. Ils sont en chacun de nous comme l’a si bien écrit Stephen King. Ils sont notre part sombre, notre côté obscur, celui que l’on réprime car on sait se maîtriser et vivre dans de bonnes conditions. Si certaines personnes ont plus de mal que d’autres, ceux-là deviennent des psychopathes ou...
Désaxé
Avec cette critique, je tiens à rendre hommage à nos amis de chez Emylia qui ont l'art de nous présenter des films dont personne n'aurait entendu parler sans eux, parfois pour le meilleur ( Jack Brook : Tueur de monstres , The Woman , Ce cher Mr. Gacy ), un peu plus souvent pour le pire ( Chasseur de Têtes , Mega Piranha , Grizzly Park ). Néanmoins, je les remercie d'essayer de nous...
Hansel & Gretel : Witch Hunters 3D
Devenus chasseurs de sorcières émérites, Hansel et Gretel parcourent le pays pour nettoyer les villages de ses répugnantes adeptes de la magie noire. La relecture des contes de fées est, semble-t-il, à l'ordre du jour. Entre les séries télé (Grimm, Once upon a time) et les films sortis ou à venir, c'est tout un pan culturel réexploité par les producteurs d'Hollywood. Certes, les frères Grimm et...
Sex Addict
Réalisateur:
Durée:
85 min
6.14286
Moyenne : 6.1 (14 votes)

Devinez le film par sa tagline :

Rien n'est tel que nous le voyons
Score actuel : 0
1 pt par bonne réponse, sinon -1 !

Thématiques